Le tour de l'Aveyron à scooter – étape 2, épisode 5 : Don Quichotte chez les Templiers

La montée de Nant vers le Larzac s'avère plus souple que les autres, une montée en pente douce qui vous rassure lorsque vous allez vers l'ogre des causses, j'entends par là le roi des causses, qui a dû faire toutes les guerres pour être si régnant aujourd'hui. Dessus, et malgré tout, même José Bosé cohabite avec la légion en toute sympathie, en rapport de bon voisinage. Nous devions passer par là-haut, mais les appétits d'un scooter et de son cavalier, ainsi que le hasard, en ont décidé autrement.

Le Larzac, au sud, reconnaissable entre tous dès qu'on y est dessus, vous offre l'espace, le sentiment que les loups y rôdent, une évasion, un parfum de luttes qui en ces temps-ci s'est quelque peu estompé.

Mais l'espace, oui. On frôle l'Hérault et les rochers du Caylar, reconnaissables entre tous. En roulant vers La Couvertoirade, la cité des Templiers, un « spot » à touristes aussi, mais avec depuis peu un parfum nouveau, un parfum d'Espagne, d'une quête à la Don Quichotte. Le moulin.

Vu de loin, celui-ci domine déjà et de haut la cité templière. Ce parfum d'Aragon ou de Castille au-dessus du Larzac peut fasciner. D'autant qu'il est certainement le seul moulin à vent dans l'Aveyron, l'un des rares en France. « Il y en a un tout prêt, mais il est en Hérault », nous dit-on à l'office de tourisme d'un des plus beaux villages de France, en nous aiguillant vers le président des Amis de la Couvertoirade, Robert Imparato. Celui-ci tient une boutique de coutellerie dans la cité templière, et son association est à l'orgine de la renaissance de ce moulin à vent. Datant du XVIIe siècle, il a été détruit au XIXe, et remonté depuis par l'association, qui pour oeuvrer à sa restauration a acheté ruines et terrains, pour un bail emphytéotique  de 25 ans. Le moulin, dont les derniers travaux se sont achevés durant le confinement, a été restauré selon les techniques d'époque par des artisans du village, le vent fait dorénavant tourner ses voiles, et il a déjà produit de la farine. « Il est proche d'un site qui se visite, dit Robert, et pour l'instant, on le fait visiter sur rendez-vous. On pense à des fêtes médiévales, des animations. »

Et je vois déjà Don Quichotte sur sa Rossinante, chargeant le géant moulin de sa lance au galop, au nez à à la barbe des chevaliers templiers.

Alors que moi, je file déjà à scooter rabattu vers le plateau de Guilhaumard.