Le jour où : les vitraux de Conques sont inaugurés

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  • L’abbatiale, qui a plus de mille ans d’existence, est un véritable joyau architectural. Outre son fabuleux tympan du Jugement dernier aux 124 personnages, l’édifice comprend quelque 250 chapiteaux, ces images de pierre, œuvres de plusieurs ateliers de sculpteurs. L’abbatiale, qui a plus de mille ans d’existence, est un véritable joyau architectural. Outre son fabuleux tympan du Jugement dernier aux 124 personnages, l’édifice comprend quelque 250 chapiteaux, ces images de pierre, œuvres de plusieurs ateliers de sculpteurs.
    L’abbatiale, qui a plus de mille ans d’existence, est un véritable joyau architectural. Outre son fabuleux tympan du Jugement dernier aux 124 personnages, l’édifice comprend quelque 250 chapiteaux, ces images de pierre, œuvres de plusieurs ateliers de sculpteurs. Reproduction Centre Presse - Reproduction Centre Presse
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JDM

Il fait déjà chaud ce matin-là, et un grouillement un peu inhabituel se forme dans les ruelles du village de Conques, déjà animées par le passage des touristes. Et pour cause, ce 26 juillet 1994 deux ministres entourent l’artiste Pierre Soulages en ce jour d’inauguration des nouveaux vitraux de l’abbatiale de Conques.

L’Aveyronnais Jean Puech, alors ministre de l’Agriculture, et le ministre de la Culture, Jacques Toubon. Pour ce dernier, " c’est un jour d’admiration officielle". Une manière de clore définitivement le chapitre des critiques qui ont accompagné l’installation de ces vitraux.

Car entre 1985 et l’idée émergente au sein de l’État de confier à Pierre Soulages la réalisation de ces vitraux et leur inauguration neuf ans plus tard, un livre ne serait pas de trop pour conter toutes les polémiques et péripéties qui ont rythmé cette "folle aventure". !

Des villageois qui ne comprenaient pas pourquoi on leur enlevait les vitraux polychromes de Francis Chigot pour des monochromes réalisés "par un inconnu", à Pierre Soulages qui faillit abandonner faute de trouver l’entreprise capable de réaliser le verre créé par Jean-Dominique Fleury (c’est une entreprise familiale allemande qui fera leur bonheur), cette inauguration relève presque du miracle ! Sans parler de la réalisation du Centre européen et son coût pharaonique pour ce village d’à peine 300 âmes qui, elle aussi, a fait couler beaucoup d’encre !

Mais, en ce 26 juillet 1994, il faut voir ces visages levés vers les cieux et ces sourires qui les accompagnent tout au long de cette matinée. Jean Puech loue ces verrières qui "exaltent la lumière". Le président du conseil général en est persuadé, on viendra à Conques pour voir les vitraux de Soulages. Il ne croit pas si bien dire. Le maire Pierre Riom voit également tout cela d’un bon œil. Car une belle lumière, médiatique, éclaire désormais Conques. Dès l’année suivante, la fréquentation du village a bondi de 30 %. Mais, surtout, ce 26 juillet 1994, ces vitraux amorceront la création du musée Soulages. "Sans la commande de Conques, Soulages n’aurait jamais renoué avec Rodez. Et ce musée, qui profite à tout le territoire, n’aurait pas vu le jour", résume le conservateur Benoît Decron. Pierre Soulages évoquera une première donation à la ville de Rodez en… 1998. Mais ça, c’est une autre histoire.

 

Jacques Toubon
Jacques Toubon Reproduction Centre Presse - Reproduction Centre Presse

Jacques Toubon : trois fois à Conques en un an !

Durant ses deux années de mandat au poste de ministre de la culture, Jacques Toubon est venu à Conques… trois fois ! En mai 1993 au Centre européen de Conques, en octobre de cette même année en visite de chantier, et en juillet 1994 pour l’inauguration des vitraux. Autant dire que cette commande de l’État, pour les vitraux, qui s’élevait à 8 millions de Francs, Jacques Toubon s’en est bien préoccupé !

 

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Mitterrand, un temps pressenti pour l’inauguration

Il fut régulièrement question de la venue de François Mitterrand pour inaugurer ces vitraux de l’abbatiale. Et pour cause, cette commande de l’État a pris forme en 1986 et s’est concrétisée en 1994, soit durant toute la mandature du président de la République. Mais celui-ci est malade, et ses déplacements de plus en plus rares.

Pierre Soulages en a-t-il pris ombrage ? Pas sûr. Dans un hors-série du Groupe La Dépêche, Midi LIbre, Centre Presse, l’artiste confie : "Je n’ai eu aucune relation intéressante avec Mitterrand"…

 

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Pierre Lançon se souvient bien de cette journée…

Bibliothécaire et archiviste au centre européen de Conques, Pierre Lançon se souvient bien de cette inauguration des vitraux. Loin du premier rang, mais parmi ceux qui connaissent le mieux le village, il a pu apprécier le déroulement d’une matinée bien rythmée. "Ah, il y avait plus de monde que d’habitude, mais déjà Conques connaissait un bel afflux de touristes", glisse-t-il.

Entre parenthèses, on note la présence de l’évêque Bellino Ghirard, du frère Renaud, des prémontrés, de Claude Pompidou, la veuve du président de la République, Maryvonne de Saint-Pulgent, qui est alors directrice du patrimoine au ministère de la Culture… "Ce dont je me souviens, c’est l’unanimité autour de ces vitraux.. pas un mot sur les polémiques" glisse Pierre Lançon, qui a pu observer tous les remous., tout comme il a pu à plusieurs reprises apercevoir Pierre Soulages, régulièrement attelé à la tâche des vitraux. De 1992 à 1994, l’artiste n’a d’ailleurs pas créé de toiles.

Pierre Lançon a également pu observer le changement de dimension du village à partir de ce moment-là, avec un afflux toujours plus important de touristes. Sans parler de personnalités qui viennent régulièrement visiter le site. Mais, lui le médiéviste fut véritablement impressionné par cet échange organisé au Centre européen de Conques, entre Pierre Soulages et Jacques Le Goff, autour de la nécessité de l’art contemporain dans un bâtiment médiéval. C’était en 1995. Un échange de haute volée, devant une salle comble dans laquelle se trouvaient des historiens de renom tels le spécialiste du Moyen Âge Georges Duby, le magistrat Étienne Bloch, fils de l’historien Marc Bloch, l’historien François Furet…

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