Les bâtisseurs : Is, comment la grange devint château
Tout a commencé en 1989 pour Catherine et Claude Cazelles. Ce dernier, qui a grandi à la Faliperie (Onet-le-Château), à deux pas du château d’Is, - il était même enfant de chœur à l’église Saint-Martin-de-Limouze, aux portes du vaste parc - est installé à Sébazac avec son épouse où ils sont tous deux vétérinaires. Il connaît donc bien le château dont le propriétaire, Aymar Solanet, est un ami de ses parents. C’est même le grand-père maternel de Claude qui a fabriqué le portail à l’entrée. Autant dire que lorsque le couple apprend que le domaine est en vente, fin 1989, donc, il n’hésite pas beaucoup avant de contacter le maître des lieux. Et la vente intervient le 6 avril 1990, il y a 30 ans. Catherine et Claude, qui ont alors une quarantaine d’années, et un travail très prenant au sein de son cabinet, entreprennent de restaurer le bâtiment et de redonner une jeunesse au parc. Un travail de Titan, réalisé durant les rares jours de repos. Et même la nuit.
« Il a fallu apprivoiser la maison », se souvient Catherine Cazelles. « C’était de la folie », ajoute-t-elle avec un sourire nostalgique.
C’est la renaissance d’Is, lumineux joyau posé au sein d’un écrin de verdure.
Mais avant d’être ce beau château XIXe, la bâtisse fut d’abord une ferme, créée au XIIe siècle par les moines de l’abbaye cistercienne de Bonnecombe.
Is, une grange de l'abbaye de Bonnecombe
Avant d’être un château, Is fut, au XIIe siècle, un domaine agricole - que les cisterciens appelaient grange - dépendant de l’abbaye de Bonnecombe, installée à une quinzaine de kilomètres sur la commune de Comps-la-Grand-Ville.
En témoigne la tour de guet bâtie au XIVe siècle dans laquelle étaient postés, de jour comme de nuit, des gardes chargés de défendre la grange.
Le domaine (élevage et culture de céréales), parmi la quinzaine que possédaient les cisterciens de Bonnecombe, s’étendait sur 200 hectares, jusqu’aux rives de l’Aveyron.
Il était idéalement situé entre la voie romaine allant de Rodez à Cahors, et la draye qui conduisait les troupeaux du Quercy à l’Aubrac en passant par le Pas, Limouze et par Onet-le-Château, Labro… Bougaunes, Ruffepeyre, Saint-Félix, Puechmaynade étaient aussi des granges de Bonnecombe entre lesquelles tout un réseau d’échanges et de chemins était établi.
L’entrée principale, sur le côté du château, présente une large arche qui menait à une grande cour où étaient stockées les céréales.
Mis en fermage en raison du manque de main-d’œuvre chez les moines, le domaine, délabré, échappe de peu à la démolition avant d’être vendu à la Révolution. Acquis en 1811 par Pierre Cabrol de Mouté, major du 3e régiment des cuirassiers de Napoléon 1er, il est ensuite acheté par Jacques François de Cabrière puis légué à son neveu Louis Marie Frédéric de Roquefeuille. Nous sommes en 1850. C’est ce dernier qui entame la transformation de cette ferme en château.
Un projet de château renaissance avorté
Monsieur de Roquefeuille fait donc dessiner des plans dans un esprit Renaissance. Mais seule la première partie des travaux sera effectuée.
Racheté par un riche entrepreneur millavois
Quelques années plus tard, en 1890, le désormais château d’Is est vendu à Gustave Solanet, mégissier à Millau, qui en fait sa demeure d’été et transforme la partie habitation en château XIXe, tourné vers un parc d’agrément et vers l’étang qui est alors aménagé. À sa mort, en 1938, ses deux filles - Marguerite et Geneviève - héritent du domaine. Le bien est partagé en 1959 - la partie agricole pour la première et le château pour la seconde. Marguerite cède sa part au fermier et Geneviève lègue la bâtisse à son fils Aymar, en 1967. C’est ce dernier, entrepreneur basé à Roubaix et ami de la famille Cazelles, de la Faliperie, à deux pas du château, qui vend la demeure, en 1990, à Catherine et Claude. Aujourd’hui retraités et après avoir redonné son éclat à la demeure et au vaste parc arboré, ils font vivre la mémoire des cisterciens à travers les siècles, au sein de l’association Cisterciens en Rouergue.
Cisterciens en Rouergue
L’association Cisterciens en Rouergue, créée en 2014, s’intéresse à tous les sites cisterciens du Rouergue : les six abbayes de Beaulieu, Bonnecombe, Bonneval, Loc-Dieu, Sylvanès et Nonenque, leurs granges, moulins, et domaines.
Ses membres sont des chercheurs, des érudits, des historiens mais aussi des propriétaires de sites et des amateurs, tous passionnés par l’histoire et l’architecture cistercienne, dont le Rouergue conserve de remarquables témoignages.
Site : cisterciensenrouergue.fr
Mail : cisterciensenrouergue@outlook.com
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