Philippe Crebassa a pris son envol de la Pouncho d'Agast jusqu'à Blagnac !

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  • Président du directoire de l’aéroport Toulouse-Blagnac, Philippe Crebassa (50 ans) a fait Polytechnique et a été formé à l’école nationale de l’aviation civile. 	@ATB
    Président du directoire de l’aéroport Toulouse-Blagnac, Philippe Crebassa (50 ans) a fait Polytechnique et a été formé à l’école nationale de l’aviation civile. @ATB Rerpo CP - ATB
  • Les membres de son équipe (340 personnes) peuvent le confirmer, Philippe Crebassa est un homme de dialogue.	@ATB
    Les membres de son équipe (340 personnes) peuvent le confirmer, Philippe Crebassa est un homme de dialogue. @ATB Rerpo CP - ATB
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Rui Dos Santos

S’il a vu le jour à Bergerac, il est fier de ses racines millavoises, par son père, et n’a pas oublié les diverses vacances passées en famille dans le Sud-Aveyron, alors qu’il était enfant ou adolescent. Le président du directoire de l’aéroport Toulouse-Blagnac avoue aussi que sa passion de l’air est née quand il voyait décoller les parapentistes sur les hauteurs de Millau.

Tout en gardant les pieds sur terre, Philippe Crebassa a la tête dans les étoiles. Ou plutôt les yeux tournés vers le ciel. Le Millavois d’origine, par son père Max, est le président du directoire de l’aéroport Toulouse-Blagnac.

"Je suis un chef d’entreprise", résume celui qui est à la tête d’un effectif de 340 personnes et qui gère un budget de 160 M€. Sur un terrain de 740 hectares, il exploite ainsi, notamment, le parking, un hôtel, l’aérogare, les pistes... "Notre rôle est celui d’un catalyseur qui connecte les mondes. Ceux de la famille, de l’univers professionnel, du loisir", détaille l’intéressé.

S’il a certes vu le jour à Bergerac, le 30 novembre 1969, il est fier de ses racines aveyronnaises.

Les souvenirs sont intacts et lui font toujours autant de bien : "On quittait le Périgord en DS pour rallier Millau, à l’occasion des vacances, quand j’étais enfant et adolescent. Impossible d’oublier le trajet car cette voiture avaient des suspensions mécaniques très molles". Il se souvient aussi des repas chez Campion avec tripous ou bien ris de veau au menu. "Ces diverses spécialités ont contribué à mon éveil culinaire. Je n’ai pas perdu le nom du restaurant, ni celui des plats. ça circule encore dans mes veines, c’est très présent en moi". Philippe Crebassa est tout aussi affirmatif quand il assure que sa passion de l’air est "née là-bas" : "J’étais âgé de 7 ans et, quand je levais la tête, je voyais ces hommes qui s’envolaient de la Pouncho d’Agast pour se transformer en oiseaux. Ils se jetaient dans le vide, dans un silence total. Mon premier émerveillement d’enfant. Et puis, un peu plus tard, j’ai assisté au championnat du monde d’ULM sur le Larzac. J’ai joué sur ce plateau, ce décor m’a beaucoup marqué". Si son grand-père paternel, ouvrier gantier, curieux de nature, a été un des premiers abonnés à "Sciences et Vie" (il est décédé avec un exemplaire dans les mains !), si son père, amateur de technique, de vitesse et de mécanique, avait, lui, créé un vélomoteur, Philippe Crebassa ne semblait pas destiné à faire carrière dans un avion. Après cinq ans au lycée militaire de La Flèche (Sarthe), il a fait Polytechnique et a intégré, en 1992, l’école nationale de l’aviation civile. Il est d’ailleurs conscient que le poste qu’il occupe aujourd’hui est "l’aboutissement d’un parcours dont les deux principales étapes ont été Polytechnique et l’Enac".

De la Pouncho d’Agast à Millau

Son mandat court jusqu’au mois de juin 2022. Mais, le président du directoire n’est "pas tourné vers cette échéance". Le moment présent semble ainsi nourrir suffisamment son quotidien. "Notre ambition est d’être une référence en Europe, avec une qualité de service aux passagers irréprochable", confirme l’intéressé. Cet objectif s’appuie sur sa flamme personnelle mais également "sur l’arrivée d’Eiffage" : "Ce grand groupe industriel a tout de suite annoncé la couleur, en prenant les rênes le 1er janvier 2020, se positionnant comme un actionnaire de long terme. Il est très impliqué dans le territoire et connaissait déjà l’aéroport. Ce changement radical est essentiel dans la gouvernance de l’entreprise".

A la tête du 5e aéroport français !

Pas besoin de faire un dessin, Philippe Crebassa est visiblement dans son élément. Si l’horizon est donc dégagé en ce qui concerne l’implication du propriétaire, le président du directoire croise les doigts par rapport à l’issue de la crise sanitaire actuelle : "J’espère que les chercheurs vont vite trouver un vaccin car ce sera le véritable déclencheur pour imaginer sortir de cette zone de turbulences. Tout en respectant bien sûr les directives nationales, il est important que les passagers retrouvent envie et confiance dans l’usage de l’avion". En attendant, Philippe Crebassa garde le sourire. "Ce sont mes collaborateurs et les clients qui me le donnent", assure-il. Mais, il n’en oublie pas pour autant que Toulouse-Blagnac "doit défendre son statut de 5e aéroport français", rang que celui de Marseille (Marignane) cherche à lui ravir, derrière le carré d’as : les deux de Paris (Roissy Charles-de-Gaulle et Orly), Nice et Lyon. Après des mois de mars et avril au cours desquels les avions sont restés cloués au sol (5% seulement de l’activité assurée), l’aéroport Toulouse-Blagnac recouvre peu à peu des couleurs, même s’il est encore loin d’une journée moyenne normale, soit entre 25 000 et 30 000 passagers (avec un total annuel qui tutoie les dix millions). Quand il s’installe devant l’écran des départs, Philippe Crebassa est impatient que les lignes affichant des annulations "repassent vite au vert". Certaines risquent fort de rester en rouge vif un bon moment. Et, même si ce n’est pas d’actualité, il rêve de vacances à titre personnel. Mais, pour quelle destination ? "Si c’est pour une découverte, j’opte volontiers pour Tel Aviv en Israël ; si c’est pour un lieu que je connais déjà, je dirais Dubrovnik en Croatie", lance l’intéressé, en regardant par la fenêtre de son bureau, situé au 3e étage du bâtiment La Passerelle, avec vue imprenable sur la tour de contrôle. Pour l’instant, il devra s’en contenter.

 

Un papa baptisé jeannot lapin !

Très jeune, Max, le père de Philippe Crebassa, gardait des vaches à Frayssinous, tout près de Rodez. Sa paye était un poulet et un jour, alors qu’il effectuait le trajet retour vers Millau en train, des soldats allemands ont voulu le lui dérober. Il a défendu bec et ongles son gallinacé et a fini par avoir gain de cause (après l’intervention d’un gradé). Déjà "teignous" le garçon ! Ce tempérament, il l’a affiché avec autant de vigueur quand il a enfilé la tenue de joueur de rugby à Millau. Demi de mêlée au fort caractère, il a été surnommé Jeannot lapin ! Son fils a également pratiqué ce qu’il définit comme "le plus beau sport du monde" et "une philosophie de vie". Mais, Philippe Crebassa n’a jamais porté de tunique aveyronnaise, évoluant comme trois quarts aile à Bergerac. Supporter du Stade toulousain, à l’instar de ses deux fils, il n’a pas toujours le dernier mot à la maison puisque son épouse est une inconditionnelle du Castres olympique. Le bras de fer est bientôt de retour !

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