Rodez. Cédric Layrac : la crème du motion design au pays du fish and chips

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  • Dans son bureau londonien, "sa cave" comme il l’appelle, Cédric donne vie à ses créations toujours très colorées et affirmées, sa signature .
    Dans son bureau londonien, "sa cave" comme il l’appelle, Cédric donne vie à ses créations toujours très colorées et affirmées, sa signature . DR
  • Si l’animation est une composante essentielle du métier, avoir comme Cédric, un bon coup de crayon est un plus. Si l’animation est une composante essentielle du métier, avoir comme Cédric, un bon coup de crayon est un plus.
    Si l’animation est une composante essentielle du métier, avoir comme Cédric, un bon coup de crayon est un plus. - DR
Publié le
Aurélien Delbouis

Môme, il voulait travailler dans l’univers du jeu vidéo. La publicité l’a finalement happé. Motion designer à Londres, le natif du petit village des planques, met sa créativité aux services des annonceurs qui partagent avec lui cette appétence pour les réseaux sociaux.

Comme les minots de son âge, biberonnés à la Super Nintendo, la Gameboy et autre Playstation, l’idée de travailler dans le monde des jeux vidéos s’est très vite imposée à lui. "Pour passer derrière l’écran", se souvient-il. Lui, c’est Cédric Layrac, un Aveyronnais originaire des Planques, parti s’expatrier à Londres pour faire de sa passion un métier à temps plein. Motion designer freelance de ce côté-là de la Manche, le trentenaire met son savoir-faire et sa créativité au service d’annonceurs du monde entier. Définition simple pour une profession qui l’est beaucoup moins, à mi-chemin entre l’animation, le graphisme et le design. "Le motion design est l’art de raconter en vidéo une histoire, avec simplicité et créativité, en animant un univers graphique. En ce moment, je travaille sur une publicité Barbie qui sera bientôt diffusée sur Youtube, explique Cédric. Le studio filme les poupées en stop-motion, m’envoie les images que j’anime ensuite avec des fonds, des paillettes, des étoiles, des arc-en-ciels ! Pour l’instant, l’ambiance est franchement girly chez moi.."

Un métier "passionnant" bien qu’assez éloigné de ses premières amours pour le jeu vidéo.

"Je suis passé par l’école Saint-Géraud à Aurillac avant d’étudier les jeux vidéo et l’animation pendant deux ans à Paris. J’ai ensuite découvert le motion design dans une petite boîte à Rennes. J’ai franchement adhéré avant de me spécialiser. Je suis parti à Londres qui est, avec Los Angeles, l’une des villes qui bouge beaucoup dans ce milieu. Mais je travaille toujours sur de l’animation 3D, le jeu vidéo n’est jamais très loin". Proches ? Pas tant que ça. Si les jeux vidéo s’attachent à tenir les joueurs en haleine le plus longtemps possible, le motion design vise l’inverse. Créer un impact visuel fort pour capter immédiatement l’attention des internautes. Le tout dans des formats qui cherchent à favoriser la viralité sur le web. "Le métier a évolué avec les réseaux sociaux, confirme Cédric. Les budgets publicité consacrés jusqu’alors au print, au papier ou à l’affichage public ont migré vers Youtube, Facebook…. Déjà parce que les marques peuvent aujourd’hui analyser plus finement le comportement des internautes, quasiment en temps réel. Elles aiment aussi fédérer autour de valeurs qu’elles souhaitent communiquer, créer des communautés. Et les réseaux sociaux permettent ça."

Quasiment inconnu il y a 10 ans, le motion design est aujourd’hui un acteur principal de la viralité du web. Et les opportunités ne manquent pas. "On constate une grande diversité de talents parmi les motion designers, du jeune étudiant au style parfois conventionnel jusqu’au motion designer au style affirmé que les agences s’arrachent. Mais, une chose est sûre : un motion designer est de plus en plus rarement un geek solitaire qui travaille dans son coin. Vu le niveau de contraintes et d’exigence des clients qui monte en gamme, il est difficile de prétendre savoir tout faire à la perfection. Le motion designer est d’abord un créatif qui doit savoir être en veille permanente sur le plan graphisme et technique, et savoir se réinventer constamment", explique Matthieu Colombel, président de l’association des motion designers français (AMDF). "C’est vrai, abonde Cédric. Entre motion designers on se retrouve régulièrement, on échange, on travaille ensemble sur différents projets, on se partage les clients. L’ambiance est plutôt bonne."

Des nuggets aux poupées Barbie

Si les annonceurs ne jurent que par le motion design, c’est aussi pour répondre à l’appétit des internautes pour la vidéo qui supplante – et de loin – tous les autres formats du web. En quelques années, le paysage numérique a considérablement changé, et avec lui les habitudes de consommation. On estime ainsi qu’en 2021, 82 % du trafic internet global sera représenté par la vidéo. Une tendance déjà bien ancrée. Pour preuve, rien que sur mobile, les vidéos génèrent 1 milliard de vues par jour. Dire que le motion design a de beaux jours devant lui est une évidence.

"Je ne me plains pas, confirme Cédric. Le fait de m’être expatrié à Londres m’a permis de travailler pour de plus gros clients. Sur des campagnes internationales. C’est assez varié, un jour je vais vendre des nuggets, des poupées Barbie, des glaces, et travailler le lendemain pour des sites de paris sportifs. Là, je viens de boucler une pub pour un mec qui vend des croquettes pour chiens. Le clip va être diffusé en France." La France, celle qu’il a quittée voilà près de 10 ans et qu’il n’exclut pas de retrouver un jour. "Je vais demander la nationalité anglaise avant ça, valide l’intéressé. D’abord parce que, si j’ai des enfants un jour, ils auront l’opportunité de faire leurs études ici. L’autre raison est liée au réchauffement climatique. Quand je serais vieux, dans 40 ans, et que je voudrais un peu de fraîcheur, je pourrais revenir ici, passer ma retraite en Écosse, au sud des Highlands, et pêcher près du Loch Lomond. J’adore l’idée !".

82

En 2021, 82% du trafic internet global sera représenté par la vidéo. Rien qu’eux,  les utilisateurs de YouTube regardent quotidiennement l’équivalent de 1 milliard d’heures de vidéos par jour, soit près de 46 000 années de contenu visionnées par an.
 

Un métier pas si neuf...  

Du latin motio, littéralement «mouvement», cet anglicisme  regroupe tout un corps de métier en mutation. Fort d’une histoire de plus de soixante-dix ans, initialement lié à la fabrication de générique de films, le motion design que l’on connaît aujourd’hui est le fruit de la contraction du titre « motion graphics design », un mot central progressivement oublié qui en a rendu la définition plus nébuleuse.  Et si l’usage a évolué avec le temps, le technique du motion design est en soi assez ancienne. Dans les années 50, des génériques de films ou d’émissions de télévision reposaient déjà sur l’animation des logos, lettres ou graphismes réalisés par des artistes plasticiens curieux d’explorer un nouveau continent du design. On se souvient notamment des fameux génériques des films de James Bond créés par Maurice Binder ou ceux des films d’Hitchcock conçus par Saul Bass.
 

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