Rodez : la misère des SDF dans l'œil de Didier Labertrandie

  • Phil est mort. Il a été retrouvé dans l'eau froide d'un canal. Phil est mort. Il a été retrouvé dans l'eau froide d'un canal.
    Phil est mort. Il a été retrouvé dans l'eau froide d'un canal. Reproduction Centre Presse
  • L'indien et sa caravane. L'indien et sa caravane.
    L'indien et sa caravane. Reproduction Centre Pesse
Publié le
Salima Ouirni

La Menuiserie présente, jusqu’à fin novembre, une exposition en noir et blanc de Didier Labertrandie. L’ancien journaliste se passionne pour la photo argentique, dont il fait ses propres tirages. Et photographie ses sujets avec un moyen format. 

Phil est mort à l’automne 2016. Il a été retrouvé dans les eaux froides du canal, sous le pont des Minimes reliant la rocade toulousaine. C’est un sans domicile fixe. Cet homme, n’avait que son chien, comme compagnon de route.
Didier Labertrandie, photographe par passion et ancien journaliste à Centre Presse, a fait de ce SDF le fil conducteur d’une série de photographies. Elles sont accrochées actuellement aux cimaises de la Menuiserie, à Rodez. Au fil de l’exposition, en noir et blanc, on est happé par des visages qui vous fixent dans les yeux.


Alors que le passant détourne volontiers la tête, à la vue de ces SDF, le photographe, lui les regarde. Dans leurs yeux, on y voit toute l’humanité, souvent niée par trois lettres, un sigle: SDF.
Ces personnes qui ont trouvé refuge sous le pont, ne se sont pas laissées approcher facilement. «J’ai passé 10 ans à arpenter une toute petite portion du Canal Latéral. Un canal un peu à part qui relie Toulouse à l’Atlantique depuis les Ponts Jumeaux », souligne Didier Labertrandie.
C’est sur cette distance de 2km que le photographe balade son moyen format pour tenter de restituer les vies, de ces hommes et ces femmes, échouées loin de notre société qui les stigmatise et les rejette. 
« Logés », qui dans une caravane, qui sous une tente, ou un amas de branches… ils restent dignes. Et comme tout un chacun, ils rêvent. Un de ces SDF arbore un drapeau américain, solidement accroché à sa caravane. Mais le rêve américain est si loin, quand on n’a pas un toit, un sou dans la poche. L’exposition de Didier Labertrandie, donne à voir des visages inoubliables. 

Un message à faire passer

Le photographe a tellement fait corps avec son sujet, qu’il s’est lié d’amitié. Cette proximité, on la retrouve avec Phil. Lorsque le corps de ce sans domicile a été retrouvé, Didier Labertrandie en était plus que « remué ». Comme pour un membre de sa famille, comme pour un véritable pote, il ne pouvait pas mieux faire que de l’accompagner, une dernière fois. 
À côté de ces « innombrables amis et voisins, je suis allé saluer la mémoire de mon pote Phil, au cimetière des indigents, à Cornebarriau », écrit Didier Labertrandie, dans sa présentation et avec beaucoup de sobriété.


Pour autant, le photographe ne verse pas dans les sentiments. Il a un message politique à faire passer. «La théorie du ruissellement est une ineptie. En regardant les SDF, on comprend pourquoi. S’il y avait ruissellement, cela arriverait jusqu’à eux. Pour moi, ce sont des héros. Ils ont un bilan carbone imbattable. Ils recyclent tout. Le fait de maintenir les SDF dans la rue a aussi une explication économique. D’un point de vue santé, ça coûte moins cher de les laisser dehors que de les prendre en charge. Ils servent aussi d’épouvantail aux travailleurs à qui, on dit: si tu ne fermes pas ta gueule, voilà ce qui risque de t’arriver», s’insurge Didier Labertrandie, toujours aussi engagé auprès des plus fragiles. 

 

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