Millau. Nouveaux maires et déjà spécialistes de la gestion de crise

Abonnés
  • À Saint-Jean-du-Bruel comme ailleurs, la population ne comprend pas toujours les consignes nationales.
    À Saint-Jean-du-Bruel comme ailleurs, la population ne comprend pas toujours les consignes nationales.
Publié le
CORRESPONDANT

Les maires élus pour la première fois au printemps sont de nouveau au front.

C’est bien compliqué." Richard Sleizak résume assez bien la situation à laquelle sont confrontés les maires ruraux. Et pour ceux qui, comme lui, ont été élus pour la première fois en mars dernier, c’est forcément une situation bien particulière. Au printemps, l’édile avait pu bénéficier de l’appui solide de sa prédécesseure, l’expérimentée Annie Bel. En effet, si Richard Sleizak avait bien été élu dans les urnes, la validation par le conseil municipal avait été décalée. Et la sortante et son successeur avaient pu travailler main dans la main. Une bonne chose : "Pour la première crise, on avait bien cohabité, je venais à la mairie quotidiennement et les décisions étaient prises de manière collégiale", rappelle l’élu. Cette fois, pour ce deuxième confinement, lui et sa nouvelle équipe sont seuls aux affaires.

Et font ce qu’ils peuvent pour s’adapter. "On essaie de gérer au mieux, reprend-il. On vient de refaire une commande de masques. On tente aussi de répondre aux directives, mais on navigue beaucoup à vue. Il faut en permanence s’adapter."

Pour cela, des échanges réguliers ont lieu avec la communauté de communes, mais aussi avec la préfecture, qui précise les positions de l’État. "Nous nous réunissons avec les adjoints chaque jour pour voir les besoins, reprend Richard Sleizak. Et tous les matins, je mets un point d’honneur à distribuer des attestations de déplacement dans les commerces encore ouverts."

Des populations qui ne comprennent pas toujours

Il faut aussi garder le lien avec une population souvent âgée. C’est la priorité de Lysiane Tendil, élue maire de Saint-Jean-du-Bruel au printemps. À l’époque, même si elle avait remporté le scrutin, elle n’avait pu prendre ses fonctions qu’à la fin du mois de mai, après le premier confinement. Et elle n’avait pas pu collaborer avec son prédécesseur. Cette fois, elle ne cache pas qu’elle préfère être dans sa position actuelle. Et comme elle est aussi présidente de l’ADMR, elle est en première ligne pour prendre le pouls de sa population. "Entre l’ADMR et le registre des personnes fragilisées, nous arrivons à cerner à peu près les personnes qui ont besoin d’aide, détaille l’élue. Beaucoup de personnes âgées ne comprennent pas trop ce qui se passe. Il y a aussi une réelle peur du gendarme. Pour des gens de 80 ou 90 ans, ce n’est pas vraiment évident d’accepter qu’il faut remplir une attestation pour aller chercher sa baguette de pain." La nouvelle maire de Saint-Jean-du-Bruel partage les interrogations de nombreux maires ruraux. En effet, dans cette commune adossée aux Cévennes, il est facile de se retrouver dans la nature sans mettre en danger personne. "Encore une fois, la loi parisienne n’est pas adaptée à la campagne, soupire-t-elle. Ne pas pouvoir faire un kilomètre ici alors qu’on est très vite dans la nature, cela ne se justifie pas. C’est vraiment abusif. Beaucoup d’habitants le voient comme une atteinte à la liberté non nécessaire. Parce que si on a bien quelques cas, on est très loin des problématiques des villes." Reste à gérer la question épineuse des commerces pour ces nouveaux élus. Là, tout le monde n’est pas concerné de la même manière. "Nous avons un restaurant qui a dû refermer, annonce Frédéric Artis, le nouveau maire de Vabres-l’Abbaye. Je reste à sa disposition. Cela avait déjà été le cas au premier confinement, mais il a bien fonctionné tout l’été. On espère que ce sera de nouveau le cas." À Saint-Jean-du-Bruel, il y a principalement des commerces alimentaires qui ont donc pu rester ouverts. Ce n’est pas le cas de la coiffeuse. "Pour le moment elle ne nous a pas sollicités, termine Lysiane Tendil. En revanche, le quincaillier a pu rester ouvert car il vend du gaz. Heureusement. Sinon j’aurais rejoint les maires frondeurs en prenant un arrêté, car il est essentiel çà la population du village."

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?