Paris. Marcel Benezet : "Les gens ne mesurent pas l’ampleur de la catastrophe" pour les cafés, bars et brasseries

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  • Plateaux télé, radio , bureaux du ministère : Marcel Benezet plaide la cause d’un secteur "épuisé par la crise.". DR
    Plateaux télé, radio , bureaux du ministère : Marcel Benezet plaide la cause d’un secteur "épuisé par la crise.". DR repro cpa -
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Aurélien Delbouis

Élu à la chambre de commerce Paris île de France, président de la branche des cafés, bars, brasserie pour le GNI-Synhorcat, Marcel Benezet pensait passer une retraite paisible. La crise du Covid-19 et ses conséquences "désastreuses" pour le secteur qu’il représente ne lui en ont pas laissé le temps. Au four et au moulin pour lutter contre le "tsunami économique" annoncé, il est de toutes les réunions pour tenter de trouver une solution aux nombreux problèmes induits par les mesures sanitaires. "Pour l’instant, on ne mesure pas l’ampleur du problème, sans doute plus visible à Paris qu’en province", convient celui qui possède une maison de famille dans le vallon de Marcillac. mais selon lui, "les mois à venir s’annoncent dramatiques." Pessimiste sans être fataliste, le restaurateur nous liste les problématiques du moment, conscient qu’il faudra "3 ans, a minima" pour retrouver des indicateurs économiques d’avant-Covid. D’ici là, et il ne cesse de le rappeler à Bercy, "il y aura beaucoup de casse. Il faut réagir maintenant. l’état doit sortir le carnet de chèque."

Avec ce nouveau confinement, c’est à nouveau la douche froide pour le secteur des cafés, bars, restaurants. Quel est le sentiment aujourd’hui ?

La période à venir s’annonce dramatique. Après le léger balbutiement ressenti au mois de septembre, ce nouveau confinement plombe un peu plus le secteur qui a déjà particulièrement souffert. On ne mesure pas encore l’ampleur du problème. Il y a, pour l’instant, peu de procédures de liquidation au tribunal de commerce. Mais uniquement parce que les audiences sont reportées avec les mesures d’état d’urgence sanitaire. Le jour où tout ça va tomber – on parle a minima de 30 % de faillites – ça va être une catastrophe. Il y a aussi à craindre de tous les dommages collatéraux : je pense aux dépressions. Dans ce contexte, les chefs d’entreprise ne tiendront pas le choc.

Vous parlez d’un véritable "tsunami économique."

Il est inévitable. Pour toutes les raisons que j’ai évoquées. Je pense in fine que l’on commencera à respirer d’ici un an : avec le vaccin. On va y arriver, on a toujours réussi à se relever, mais il faudra ensuite recréer la confiance des consommateurs… Avant de retrouver les niveaux atteints en novembre de l’année dernière, il nous faudra, je pense, trois bonnes années.

Les aides mises en place par le gouvernement (fonds de solidarité, prêt garanti, mesures de chômage partiel) et les facilités accordées (report de charges) pour amortir le choc ne sont pas suffisantes selon vous ?

Nous sommes écoutés, entendus. À Bercy, ils connaissent très bien l’Entreprise. Mais je pense que ce qu’il nous faut aujourd’hui, ce ne sont plus des reports mais bien l’annulation de toutes les charges jusqu’à retrouver une situation normale. Le chômage partiel est très efficace. Le fonds de solidarité va nous donner du souffle mais il est plafonné à 10 000 euros. Or, 10 000 euros de loyer à Paris, c’est vite fait.

C’est justement sur ce sujet que vous travaillez aujourd’hui : celui des loyers.

C’est pour moi une bombe à retardement. Jusqu’à présent, le prêt garanti de l’État (PGE), pour ceux qui y ont accès, permet d’assumer cette charge. Mais jusqu’à quand ? Attention, le PGE n’est pas un puits sans fond ! Un jour ou l’autre il faudra rembourser. Il faut donc à mon avis réactiver la commission des baux commerciaux, l’élargir, obliger les propriétaires à revoir la copie. Un loyer fixé à un certain prix avant la pandémie ne vaut plus ce prix-là aujourd’hui or le but pour les bailleurs est de garder leurs gérants. Et à ces tarifs-là, ce sera très compliqué.

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