Jazz: des chanteuses qui s'éloignent des canons

  • Camille Bertault, aux chansons pétillantes, prend aussi ses distances avec la tradition.
    Camille Bertault, aux chansons pétillantes, prend aussi ses distances avec la tradition. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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Relaxnews

(AFP) - Loin des standards qui les ont bercées, Mélanie Dahan, Camille Bertault et Lou Tavano incarnent une famille de plus en plus nombreuse de chanteuses de jazz qui s'épanouissent dans d'autres directions: folk, pop-folk, bossa, chanson française.

"C'est plutôt une urgence personnelle, ça m'a toujours ennuyé de chanter des morceaux des autres et j'avais besoin d'écrire", confie Lou Tavano.

"J'ai commencé par les standards mais déjà, à l'époque, je faisais énormément attention à les choisir, poursuit-elle. J'ai toujours eu par exemple un problème avec les standards légers, j'ai besoin qu'il y ait une profondeur en plus qui m'ébranle".

Son nouvel album, "Uncertain Weather", paru au début de la crise sanitaire, laisse apparaître des influences celtes, des teintes folk et folk-rock prononcées avec parfois une dimension classique et symphonique.

Les chansons ont été écrites dans une maison en Ecosse, au bord de la mer. Profondeur du chant, intensité dramatique, forte charge émotionnelle... autant d'éléments qui renforcent le lien avec son illustre aînée canadienne Joni Mitchell, "qui me parle énormément".

"Il y a dans cet album une vraie sensibilité au niveau de la musique classique, les dynamiques sont extrêmement importantes pour moi, j'aime passer du pianissimo au forte", raconte cette Française aux racines bretonne et italienne, dont le pianiste, arrangeur et compagnon est Ecossais par sa mère, qui revendique un jazz européen.

Camille Bertault, aux chansons pétillantes, prend aussi ses distances avec la tradition.

"Si je devais passer ma vie, même en en faisant une version très personnelle, à chanter des standards avec les paroles des autres, je trouverais ça dommage", explique-t-elle.

"Une chanteuse, c'est une conteuse, on a ce rôle de raconter une histoire (...) Mais l'histoire qu'on raconte le mieux, c'est la nôtre en général".

Son nouveau disque, "Le Tigre", paru en septembre, foisonne d'influences, soul, funk, brésiliennes, "plus un pétale groove", ajoute celle annoncée en concert le 8 février à Paris.

Camille Bertault y fait même un clin d'oeil à son passé classique, dans un prélude guitare/voix.

- Le jazz comme tremplin -

"Se différencier sur un album de standards de jazz, c'est un peu difficile parce que ça a été fait, refait, et que les grandes dames du jazz l'on fait avant nous et très bien", affirme Mélanie Dahan, faisant écho à ses conseurs.

Dans "Le Chant des possibles", son quatrième disque, également paru au début de la crise sanitaire et passé comme celui de Lou Tavano un peu inaperçu, elle tente avec audace de faire swinguer les poèmes d'Aragon.

Son "American songbook", c'est la chanson française et la poésie. "J'ai voulu transposer en français ce fameux American Songbook. Mettre en valeur la poésie, car j'ai toujours aimé les beaux textes".

La présence du jazz y est tout de même prégnante, "dans l'improvisation, l'harmonisation, l'orchestration, certaines nuances, une sorte de liberté au niveau de la mélodie".

Camille Bertault et Mélanie Dahan privilégient sur leurs albums la langue française, dans la lignée de leurs aînés Claude Nougaro et Michel Legrand.

Pour ces chanteuses, le jazz est un tremplin qui permet "de nous éjecter dans des endroits où on ne serait pas allé sans ça", dixit Camille Bertault.

"Le jazz permet une forme de liberté, de s'amuser, de se renouveler davantage", estime Lou Tavano.

Mais peu importe le flacon...

"J'aime autant la chanteuse dans la tradition que celle qui prend des libertés et va faire ses propres compos avec plusieurs influences mélangées", dit Mélanie Dahan. "Ce qui compte, c'est +qu'est ce qui me touche ?+."

"Quand on prend ce monument qu'est la cuisine française, c'est merveilleux d'aller déguster la cuisine traditionnelle, et c'est formidable aussi de la découvrir avec une cuisine d'auteur, les deux sont complètement différentes, l'important c'est de ne pas mentir".

Et si le jazz était, comme l'affirme Camille Bertault, "le champ de tous les possibles" ?

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