L’Udsma de l'Aveyron au front pour jouer un « rôle majeur » contre la Covid

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  • « Nous avons testé des milliers de personnes dans les Ehpad ou structures médico-sociales touchées par le covid », explique David Delpérié. « Nous avons testé des milliers de personnes dans les Ehpad ou structures médico-sociales touchées par le covid », explique David Delpérié.
    « Nous avons testé des milliers de personnes dans les Ehpad ou structures médico-sociales touchées par le covid », explique David Delpérié. Archives Centre Presse - Paulo Dos Santos
Publié le , mis à jour
Xavier Buisson

Ils n’étaient, selon le directeur du pôle domicile, autonomie et parcours de l’Udsma David Delpérié, « pas plus préparés que les autres » au coronavirus. Les salariés de l’Udsma, mobilisés dès le début de l’épidémie, réalisent des tests massifs à domicile et prennent actuellement en charge 19 patients positifs au covid dans le cadre d’hospitalisations à domicile. Retour sur cette nécessaire et exigeante adaptation avec David Delpérié.
 

Le dispositif d’Hospitalisation à domicile (HAD), porté par l’Udsma, a dû être revu pour répondre au covid-19. Où en êtes-vous actuellement ?
Pour le moment, nous avons 19 patients covid parmi les 56 que nous prenons en charge dans le cadre de l’Hospitalisation à domicile.
Dix-sept sont en Ehpad (cela fait partie des prérogatives de l’HAD d’y intervenir), nous avons ainsi évité de les déplacer vers l’hôpital avec tout ce que cela comporte, notamment la perturbation cognitive de la personne âgée… Deux autres sont à leurs domiciles.
Qu’il s’agisse de sorties d’hôpital ou à la demande de médecins, l’idée est de ne pas les hospitaliser si leur état le permet. Si l’HAD n’était pas intervenue, cela aurait contribué à créer un goulet d’étranglement à l’hôpital.
Quelle différence entre une prise en charge classique et une hospitalisation à domicile ?
L’HAD a une capacité à prendre des patients qu’on appelle « lourds et complexes » et nécessitant une intervention multiple et pluridisciplinaire. Nous disposons de pousse seringue et pompe à perfusion notamment, des outils que l’on voit d’habitude à l’hôpital.
Depuis quand l’Hospitalisation à domicile a-t-elle été remodelée du fait des exigences sanitaires actuelles ?
Dès la première vague. Même si elle a été relativement calme dans l’Aveyron, nous sommes intervenus sur plusieurs clusters, des petits comme des gros (Firmi, Clairvaux ou Sévérac). Nous avions durant cette première vague 40 à 45 patients covid.
Ces nouveaux patients, atteints du covid, prennent-ils quelque part la place de vos patients habituels ?
Non. En HAD, 75 % de nos entrées sont des sorties d’hôpital. Ces derniers ont pratiqué la déprogrammation d’interventions, ce qui a réduit notre alimentation, on a eu du vide. Les dégâts des non prises en charge et des déprogrammations durant la première vague commencent d’ailleurs à se faire sentir aujourd’hui.
Aviez-vous une expérience à l’Udsma en matière de gestion des épidémies ?
Non, pas plus que les autres… on se retrouve comme tout le monde confronté à l’épidémie sans avoir eu avant d’expérience significative. On ressent un peu, chaque année, la vague de la grippe, beaucoup plus longue et moins subite… En tant que structure hospitalière, nous avons obligation d’avoir des protocoles et processus pour ce type de phénomènes.
Pour faire face à la situation actuelle, l’Udsma a dû se réinventer car ce n’est pas dans son ADN d’intervenir en temps de crise sanitaire…
Complètement ! À la limite, à l’intérieur de l’Udsma, s’il y a une structure qui a les possibilités de s’adapter, c’est l’HAD, ça fait partie de son métier. Mais sur les autres métiers soignants, il a fallu réagir et s’adapter au jour le jour.
Du côté des effectifs notamment ?
Oui, pour la première vague, nous avions les écoles fermées et la nécessité pour certaines personnes de rester au domicile pour garder leurs enfants. Et ces métiers sont essentiellement féminins… Je ne remercierai jamais assez nos équipes, les soignants ont joué le jeu et sont restés en poste.
Votre structure a beaucoup travaillé au dépistage des Aveyronnais. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Nous avons réalisé plusieurs types de tests. Du dépistage mobile à domicile, sur demande de l’ARS, ce qui s’amenuise actuellement puisque nous sommes à 10 tests par semaine. L’ARS ayant vu notre savoir-faire en la matière, nous sommes beaucoup intervenus dans des Ehpad ou structures médico-sociales touchés par le Covid pour des dépistages massifs. Nous avons testé plusieurs milliers de personnes par ce biais-là, personnels ou résidents. Par ailleurs nous avons monté un « drive » depuis septembre. Au commencement il concernant les personnels de santé, surtout au retour de leurs congés, mais il est ouvert à tout le monde aujourd’hui. Il est installé au Carré santé service de l’Udsma, trois fois par semaine.
L’Udsma, un acteur local incontournable dans la gestion aveyronnaise du covid ?
On est pas les mieux placés pour le dire mais je crois que l’hôpital et l’ARS n’hésitent pas à dire qu’on a joué un rôle majeur, à défaut d’être incontournable. De par notre maillage du territoire, notre capacité avec l’HAD à coordonner à l’échelle de l’Aveyron. Nous avons été un acteur réactif parce que nous fonctionnons déjà en coordination. Nous pilotons tous les maillons en vision globale et coordonnée. Nous avons aussi les personnels, 100 à 120 infirmières, autant d’aide soignants et pareil pour les aides à domicile.
Un dernier mot pour vos équipes ?
Bravo ! Les premières qui sont parties habillées des pieds à la tête pour aller faire du dépistage sur un virus dont on ne savait rien, ça demande énormément de courage. C’est là que la vocation intervient, j’ai vu la mentalité soignante.
 

Coordonner... et trancher

Actuellement, cinq demandes d’hospitalisation à domicile, obligatoirement sur prescription médicale, arrivent sur le bureau du service dédié de l’Udsma. Psychologue, médecins coordonateur et traitant et infirmières de coordination sont notamment associés à la décision de savoir s’il faut ou non permettre à un patient de bénéficier de l’HAD.
« On évalue la faisabilité et on organise l’HAD », explique l’une des cinq infirmières coordinatrices. « Il y a une évaluation médicale, paramédicale et sociale pour la décision. C’est plurifactoriel », poursuit le Dr Phan.
Une fois le feu vert donné, une autre course commence pour les équipes qui doivent évaluer le domicile du patient, contacter médecin, infirmière, pharmacie ou autres partenaires s’il y a besoin d’oxygène, par exemple et coordonner l’installation… « Des heures et des kilomètres », confie l’une des infirmières coordinatrices.
Les patients covid hospitalisés à domicile le restent en moyenne 14 à 21 jours. Ils sont 19 actuellement sur un total de 56, et l’équipe coordinatrice affirme qu’elle a « pour le moment » la capacité de monter en puissance si besoin. « Nous travaillons beaucoup avec les infirmières libérales, cela dépend de si elles sont débordées ou non. En tout cas elles sont épuisées », affirme le Dr Phan.
 

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