Calendrier de l'Après : En 2021, écrivain si je veux !

  • L'auto-édition continue d'attirer les aspirants écrivains, qui rêvent de la carrière fulgurante de John Locke et E.L. James.
    L'auto-édition continue d'attirer les aspirants écrivains, qui rêvent de la carrière fulgurante de John Locke et E.L. James. Image Courtesy of Getty
Publié le
Relaxnews

(ETX Studio) - Nombreux sont ceux qui ont déjà caressé l'idée de devenir un auteur publié. Mais jusqu'à présent, il fallait être accepté par une maison d'édition. Désormais on peut s'auto-publier sur une plateforme numérique et ils sont nombreux à se lancer, bouleversant le schéma traditionnel. L'auto-édition, cette forme de désintermédiation de la culture, pourrait-elle faire émerger de nouveaux auteurs, de nouveaux styles, avec des sujets plus divers ?  Réponse dans l'Épisode 6 de notre Calendrier de l'Après, cahier de tendances 2021.


Nous avons tous dans notre entourage un aspirant romancier que l'on surprend souvent en train de griffonner quelques lignes sur un petit carnet, dans l'espoir de donner naissance au prochain prix Goncourt. Si vous pensez qu'aucun de vos proches ne cultive cette ambition, vous ne les connaissez peut-être pas si bien que cela. Selon une étude de Librinova et LIRE, plus de la moitié des Français aimerait écrire un livre, ou l'ont déjà fait. Cette statistique suggère que plus de 5 millions de manuscrits sont cachés dans nos tiroirs, sans jamais avoir été publiés. Une situation qui pourrait changer avec l'avènement de l'auto-édition. 

Autrefois marginale, l'auto-édition est particulièrement en vogue depuis quelques années. Elle a même donné lieu à 19,8 % de dépôts légaux de titres imprimés effectués en 2019, d'après le rapport d'activité de la Bibliothèque nationale de France. Contre seulement 10 % en 2010. Le phénomène gagne du terrain grâce aux récents succès d'écrivains comme John Locke et Agnès Martin-Lugand, qui ont d'abord publié leurs livres sur des plateformes numériques avant de connaître le succès en librairie. Le sexagénaire américain est entré au panthéon des romanciers auto-édités en dépassant la barre symbolique du million d'e-books vendus sur Amazon. Agnès Martin-Lugand a connu un compte de fée similaire avec "Les gens heureux lisent et boivent du café". Un livre, paru en 2012, qui a fini par attirer l'attention des éditions Michel Lafon. Et ils vécurent heureux et vendirent 500,000 exemplaires en librairies. Mention spéciale également pour Marco Koskas, dont le roman "Bande de Français" lui a valu d'entrer dans le club très fermé des auteurs remarqués par le Prix Renaudot. 

Ces couronnes de laurier font rêver des aspirants écrivains tout comme les éditeurs professionnels, qui déplorent l'érosion des chiffres de vente de livres et la constitution de mastodontes du secteur suite à des rachats ou des fusions. Face à ces problèmes structurels, l'auto-édition ne cesse de faire de nouveaux adhérents grâce à la directe monétisation et la liberté de création qu'elle leur offre. Des avantages qui ont convaincu Christelle Lebailly de tenter l'aventure depuis décembre 2018. L'autrice a publié par elle-même quatre romans, dont le dernier, "Un détour pour l'enfer", est sorti en mai dernier.

"Je suis un peu une maniaque du contrôle, et ça se ressent dans mon travail d'écrivaine. En plus d'écrire mes histoires, j'aime réfléchir à la couverture, faire la maquette, m'occuper de la diffusion... Je fais 14,000 métiers à la fois. Ce n'est pas facile de tout gérer à la fois, mais ça m'a toujours semblé quelque chose de naturel. Et ça a aussi des avantages. On a une grande visibilité sur nos ventes et les revenus qu'elles génèrent. C'est l'un des gros points forts de l'auto-édition", explique Christelle Lebailly.

Attirer les lecteurs dans un milieu ultra-concurrentiel

Une formule gagnante qui pousse beaucoup de ses lecteurs à lui emboîter le pas. Mais avoir une bonne plume et une histoire captivante ne suffisent pas à faire le succès d'un livre auto-édité. C'est pourquoi la romancière de 25 ans a décidé de lancer sa propre formation "auteur-entrepreneur", afin d'apprendre à ses pairs comment vendre leurs œuvres littéraires et se constituer un lectorat. "L'auto-édition plaît beaucoup. Je reçois énormément de messages d'auteurs qui veulent, comme moi, tout faire tout seul. Ce n'était pas vraiment le cas avant parce qu'on regardait souvent les écrivains auto-édités de haut. Même si cet aspect a changé, beaucoup s'inquiètent encore de devoir assurer leur propre promotion sur les réseaux sociaux et les plateformes de vente. Ce n'est pas toujours facile vu les milliers d'ouvrages qui sortent chaque année", confie-t-elle. 

Si la concurrence est rude pour capter l'attention des lecteurs, certaines plateformes se proposent d'aider les auteurs en herbe à mettre un pied dans le monde de l'auto-édition. Librinova, Edilivre, Iggybook, Kobo, Monbestseller, Youscribe, Bookelis... Des dizaines de start-ups souhaitant se substituer aux maisons d'édition traditionnelles, bien qu'elles offrent des services assez semblables aux leurs. Certaines ont même créé leurs propres prix littéraires pour donner ses lettres de noblesse à un marché encore peu développé dans l'Hexagone. C'est ce qu'a fait Amazon avec les Plumes Francophones, dont les derniers lauréats sont Marie-Pierre Garnier ("Collision") et Guy Morant ("Le sang de nos pères").

De nombreux écrivains indépendants se tournent vers le géant américain du e-commerce pour publier leurs livres sur sa plateforme Kindle Direct Publishing (KDP). David Naïm a fait ce choix-là pour son premier roman, "Allotropismes", après avoir essuyé plusieurs refus de maisons d'édition. "Tout le monde veut être écrivain en France. Le choix idéal est de se tourner vers un éditeur professionnel pour y arriver mais le processus de sélection est extrêmement long et hasardeux. Et, au final, le plus important est d'être lu. C'est pourquoi on est aussi nombreux à faire ce choix-là, ce qui ne joue pas à notre avantage pour faire connaître nos créations dans une offre pléthorique. Être visible est vraiment la clef de voûte de l'auto-édition. Le seul endroit où on peut y arriver est Amazon", confie-t-il. 

Auto-édition ou pas, il n'est pas facile de se faire une place dans un monde littéraire friand de grands noms vendeurs. Mais tout n'est pas perdu si l'on en croit David Naïm. "L'auto-édition peut être un cercle vertueux. L'intérêt que l'on suscite chez les lecteurs peut susciter celui des éditeurs. Ces premiers lecteurs font en quelque sorte le travail de certains éditeurs professionnels, qui sont eux-mêmes noyés sous des milliers de manuscrits à lire. C'est aussi très utile pour nous, auteurs. Ces retours immédiats nous permettent d'effectuer quelques corrections ou changements nécessaires. Ça fait grandir notre œuvre".

Le Calendrier de l'Après :
2020, année folle, a accouché d'un monde neuf, résilient, différent. Mode, beauté, conso, travail, mobilité... tout bouge, tout change. Parmi ces mutations, Daily Up a choisi 20 tendances clés. Notre Calendrier de l'Après pour vivre 2021 "mieux, différemment, moins".

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?