Rodez : les endives d’Émile Veyre ont quitté les étals

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  • Émile Veyre quitte le marché, il n’y a pas que les endives qui sont amères…
    Émile Veyre quitte le marché, il n’y a pas que les endives qui sont amères… Repro CP
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Olivier Courtil

C’est une page qui se tourne pour Émile Veyre, figure du marché avec ses fameuses endives de Laguiole.

Nous sommes en1950. C’est à cette date que sont sorties de terre les fameuses endives d’Émile Veyre prenant place sur le marché de Rodez, comme ceux de Millau et Castres, et faisant les honneurs sur les tables des restaurateurs. Marque déposée et production artisanale en pleine terre dans le Nord-Aveyron, l’histoire qui s’achève s’avère bien plus qu’alimentaire. C’est l’histoire d’une entreprise familiale, d’une conviction du bien manger, d’une clientèle fidèle pour qui Émile Veyre avait et gardera une considération sans limites. Car cette page qui se tourne est surtout celle d’un homme discret, passionné, et partageant avec cœur ses connaissances sur le vivant. "J’ai apprécié ce métier mais avec 4-5° de plus en 30 ans, cela devenait difficile car on travaille sur le vivant", confie-t-il. Signe des temps du réchauffement climatique qui n’est, ni un vain mot, ni un vilain mot.

Ambiance familiale

Empreinte d’humilité, la satisfaction de ses clients a toujours été sa priorité. Pour eux, son réveil sonnait trois nuits par semaine à 2 h du matin pour effectuer les livraisons et les marchés de détails. À chaque saison, sa motivation restait la même pour retrouver ses clients. Depuis la création de la production par Florin Veyre, père d’Émile, on ne compte plus le nombre de collaborateurs qui sont venus travailler à la Vayssière. Pour certains, faire la saison des endives était le moyen de compléter un revenu, pour d’autres c’était un vrai engagement depuis des années. C’était une ambiance familiale, impossible pour Émile d’en oublier un seul.

Cette dynamique était nourrie par la fidélité de la clientèle. Outre les hivers moins rigoureux, la difficulté à trouver la main-d’œuvre, les contraintes administratives et financières sans oublier cette année marquée par la Covid n’a rien arrangé aux affaires. Émile plie boutique. Pointant du doigt, une dernière fois, la réglementation française : "Il est bon de faire un parallèle à toutes les autres productions maraîchères.

Il ne faut pas négliger que ces entreprises, au-delà de remplir qualitativement nos assiettes, sont aussi sources d’emplois. Pour qu’elles soient viables, il faut une vraie équipe sur qui l’on peut compter, très difficile à constituer de nos jours, d’autant plus quand il s’agit de travail saisonnier et physique. Indépendantes, elles sont néanmoins soumises à une réglementation stricte : la mise en place de contrats courte durée est devenue trop onéreuse et contraignante pour ces petites structures. Pour que cela n’impacte pas le consommateur en termes de répercussion de coût, il reste donc encore beaucoup à faire du côté de la réglementation française actuelle."

Des mercis

Il faudra désormais monter à Laguiole pour rendre visite à Émile au grand cœur, partisan des combats pour la terre, à l’image du saccage de celle-ci par les rats taupiers ces dernières années. Plutôt qu’être amer, Émile préfère partir sur une note d’espérance. "C’est avec beaucoup d’émotions qu’après tant d’années de présence sur les marchés de Rodez, Millau et Castres, je tiens à vous remercier de votre soutien fidèle en m’achetant mes endives ainsi que pour tout le relationnel très complémentaire et nécessaire que vous m’avez apporté. Un grand merci aussi à tous les vendeurs et vendeuses qui ont travaillé à mes côtés sur les marchés. Tout cela n’aurait pas pu durer autant de temps sans l’implication de Carole, responsable de l’atelier de conditionnement et de ses collègues, sans oublier les anciens. Ma reconnaissance va aussi aux placiers et aux mairies des trois marchés dont l’accueil a toujours été très chaleureux. Malheureusement les circonstances ne m’ont pas permis de vous informer de vive voix de ma décision mais j’aurais plaisir à garder contact avec ceux qui le souhaitent." Comme la passion reste chevillée au corps et au cœur, Émile continue à travailler sa terre, en maintenant sa production de pommes de terre. Histoire de garder la patate. Reste en cette période de fêtes, à boire un… Veyre à sa santé !

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