Aveyron : "Sans l’IGP, on verra apparaître du pérail avec un autre lait"

  • Sébastien Leclercq, président de l’Association Pérail.
    Sébastien Leclercq, président de l’Association Pérail. Repro CP
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RICHAUD Guilhem

La semaine prochaine, les membres de l'Association Pérail, qui portent le dossier d'une obtention d'une indication géographique protégée, ont rendez-vous à Paris pour défendre le dossier devant l'INAO. Sébastien Leclercq, président de l’Association Pérail et directeur des caves Papillon, résume les enjeux de cette demande.
 

Quelles sont les modifications que vous avez apportées au cahier des charges ?

Il s’agit principalement d’une évolution sur l’autonomie alimentaire des producteurs de lait. Dans le cahier des charges de l’AOP, on était parti sur une autonomie forte, avec 80 % de l’alimentation des brebis qui devait venir de la ferme, qui devait donc avoir une forte autonomie. Pour l’IGP, nous avons convenu que 60 % de l’alimentation doit provenir du bassin de production du Pérail (Aveyron, Lozère, Tarn, Hérault, Gard). On s’approche davantage de ce qu’on voit pour les produits en IGP.

Qu’est-ce que ce changement apporte ?

Cela permet d’intégrer des faiseurs de pérail qui s’étaient éloignés avec la demande d’AOP. Cela concerne notamment le Larzac où la fertilité des sols est compliquée, jusqu’à dix fois inférieure que celle du Lévézou. Cela nous permet d’accueillir ces fabricants historiques du pérail.

Cela peut-il avoir des conséquences sur la qualité ?

Une demande d’IGP ne repose pas forcément avec un lien très fort sur le territoire. Nous, on l’a quand même voulu. Avec ce taux de 60 %, on a réussi à le maintenir, tout en desserrant un peu l’étau pour les producteurs de lait.

Que doit apporter au pérail cette reconnaissance IGP ?

Elle est importante pour respecter une histoire et un mode de fabrication, mais avec une famille un peu plus élargie. Avoir cette reconnaissance permet d’obtenir la reconnaissance juridique qui va avec. Pour l’Europe, il s’agit de la même que celle de l’AOP, elle ne fait pas la différence sur ce point avec l’IGP.

En cas d’obtention du label, attendez-vous une progression des ventes ?

Sur ce sujet, on préfère rester prudents. On sait que toutes les labellisations ont de toute façon boosté les ventes. Cela permet d’être sous les projecteurs. On peut s’attendre à une augmentation des volumes d’environ 20 %. Ce ne sera pas non plus une explosion. On vient d’abord chercher une reconnaissance. Cela permet de protéger la valeur ajoutée et de ne pas galvauder le pérail. Si on ne le fait pas, on verra apparaître du pérail avec un autre lait ou d’une région différente. Et cela viendrait de toute façon abîmer notre produit.

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