Mathias Echène relaxé après trois ans de prison en Asie : "J’ai fondu en larmes quand j'ai compris"

  • Mathias Echene (quatrième en partant de sa gauche) avec ses soutiens à sa sortie du tribunal mercredi. À sa gauche, YM Liu, son avocat.
    Mathias Echene (quatrième en partant de sa gauche) avec ses soutiens à sa sortie du tribunal mercredi. À sa gauche, YM Liu, son avocat. DR - Repro CPA
Publié le , mis à jour

L’Aveyronnais Mathias Echène a été relaxé par la justice hongkongaise mercredi matin. Après plus de trois ans dans les geôles asiatiques à Bali puis à Hongkong, il est désormais libre de rentrer en France.

Soulagé et ému. De longues heures après le délibéré du jugement mettant fin à plus de trois ans et demi de procédure, d’abord à Bali puis à Hongkong, l’Aveyronnais Mathias Echène s’est confié à Centre Presse, tard dans la nuit asiatique. L’homme d’affaires ruthénois a été relaxé par la justice alors qu’il était soupçonné, depuis près de dix ans maintenant, de détournements de fonds. Au terme d’un procès de près de quatre mois, pendant lequel il encourait sept ans de prison, il est finalement ressorti libre du tribunal.

Comment s’est passé le rendu du délibéré ?

Le rendez-vous était ce matin à 9 h 30. Ça a duré 1 h 30. Ça a été un moment de suspense assez pénible parce que le juge a décidé d’expliquer en détail ses raisons avant de donner son verdict. Comme il l’a fait de manière chronologique, ça a commencé par son résumé de l’accusation, ce qui fait que les 45 premières minutes, j’ai cru qu’il allait me condamner parce qu’il résumait le propos du procureur avec toutes les preuves soi-disant à charge. Le début commençait très mal et puis tout d’un coup, tout s’est accéléré et il a finalement résumé ce que j’avais donné pour ma défense avec des preuves assez nombreuses et intangibles pour finalement décider de m’acquitter. Tout cela s’est très bien fini et vers 11 heures j’ai fondu en larmes quand j’ai compris, à sa lecture, qu’il allait me relaxer. Ça s’est fini comme ça.

C’est une libération pour vous ?

Ça fait neuf ans que cette histoire dure. Qu’on m’a traîné dans la boue, qu’on m’accuse de malversations financières, d’arnaques, de fraudes. Ça a été un combat d’usure, une horreur pour mes enfants qui ont été calomniés dans tous les sens depuis neuf ans. Tout ça est arrivé à son terme aujourd’hui. C’est une libération extraordinaire.

Vous avez eu des soucis de santé pendant la détention. Comment allez-vous ?

Ça a été très long et très éprouvant. Depuis quatre mois que je suis en liberté sous caution, ça va mieux. J’ai pu me refaire une santé et recommencer à faire du sport. Physiquement, ça va bien, même si j’ai toujours très mal à la hanche puisque j’ai de l’arthrose qui me poursuit depuis huit ans. Il faut que je me fasse opérer. Mon chirurgien en France m’attendait à l’automne 2017. Je me soigne avec de la médecine chinoise, mais je sais que dès que je rentre en France, il faut que je me fasse opérer. D’un point de vue psychologique, ce qui est le plus important, je vais très bien. D’un point de vue physique, ça va pas mal, mais ça pourrait aller mieux.

Le procès a été très long, avec des audiences chargées et un arrêt à cause du Covid, comment avez-vous vécu cela ?

Ça a été sans fin. Il y a eu 37 jours d’audiences depuis le 23 novembre et l’ouverture. Il y a eu des reports à cause du Covid. Ce sont des charbons ardents permanents. On attend qu’une chose c’est que ça se finisse. On en a fait une montagne pour quelque chose qui finalement n’était fondé sur rien, seulement des on-dit et des dénonciations calomnieuses à Bali. C’est un marathon, mais à partir du moment où ça s’est bien fini, tant mieux. Maintenant, je souhaite aller mieux, retrouver mes enfants et qu’eux aussi puissent tourner la page. L’essentiel, c’est le résultat et que je puisse aujourd’hui rentrer en France, avec mon nom blanchi, une réputation impeccable et la fin de toutes ses calomnies.

Peut-il y avoir un appel ?

D’un point de vue juridique, un appel est possible pendant 28 jours, mais si le ministère public hongkongais décide de faire appel, il devra le faire sur des faits. Comme on est dans une affaire où le juge a jugé sur des preuves intangibles, c’est du domaine de l’impossible. Il y a déjà eu tellement d’acharnement qu’on pense, mes avocats et moi, qu’il n’y aura pas d’appel.

Vous espérez rentrer en France rapidement ?

J’ai récupéré mon passeport qui avait été saisi par le juge, mais malheureusement, il est périmé. Il faut le renouveler. Le consulat de France ici, qui m’a soutenu et rendu visite en prison bien au-delà de ce qu’impose la convention de Vienne, m’a dit qu’il allait faire en sorte que ça aille vite. Je pense que je serai en France d’ici à une semaine. J’ai hâte de retrouver mes enfants qui sont à Paris avec leur maman et ensuite mes sœurs et ma famille à Rodez où j’espère venir vers la fin du mois d’avril.

Vous avez laissé pas mal de plumes dans cette histoire. Vous savez déjà ce que vous avez envie de faire en rentrant ?

Quand j’ai quitté la France en juillet 2017, j’étais en train de lancer un projet depuis déjà un an de transformation du palais épiscopal de Rodez en hôtel. Au moment où j’ai été incarcéré, en août 2017, j’en ai été dépossédé par les propriétaires qui n’étaient plus les personnes avec qui j’ai signé le bail emphytéotique (le conseil départemental, NDLR). Ils me l’ont retiré sur des points de droit discutables. Aujourd’hui, plus de trois ans plus tard, cet endroit est à l’abandon. Les portes sont closes, le lieu et interdit au public et plus personne ne peut aller à l’intérieur. C’est une catastrophe absolue, un échec patent. Je rentre en France et j’estime que l’on m’en a dépossédé de manière irrégulière. Je vais évidemment me battre pour faire valoir mes droits et pourquoi pas rentrer à nouveau dans les lieux. C’est une piste. Mon nom a été lavé, je peux tout à fait envisager demain de me lancer dans la vie publique. Aujourd’hui, je repars d’une page blanche et ça m’enthousiasme. Je reviens en France plein d’énergie, ravi de retrouver mes enfants et de retrouver une vie professionnelle dans une direction qui reste à définir, en Aveyron ou à Paris.

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