À Naucelle, les camions bennes JPM se mettent au vert

  • JPM est actuellement en plein chantier.
    JPM est actuellement en plein chantier. Photo José A. Torres
  • À Naucelle, les camions bennes JPM se mettent au vert
    À Naucelle, les camions bennes JPM se mettent au vert
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    À Naucelle, les camions bennes JPM se mettent au vert
Publié le
Guilhem Richaud

Sélectionnée dans le cadre du volet industriel du plan de relance, l’entreprise JPM, qui fabrique des bennes pour les camions de chantier de 3,5 tonnes, utilisés par les artisans du BTP, notamment les maçons, est une entreprise aveyronnaise en plein développement. La société a lancé, depuis plusieurs mois, un grand chantier de transformation de son site industriel qui doit aboutir, d’ici à la fin 2022, sur une refonte totale de son usine afin de faire évoluer ses produits et se concentrer exclusivement aux bennes en aluminium, qui polluent moins que l’acier.

Vivons bien, vivons cachés. C’est un peu la stratégie de Jean-Marc Feral, à la tête, avec sa femme Pascale et son associé Yves Chevalier, de JPM, à Naucelle. Mais alors que l’industrie aveyronnaise, avec les situations de Bosch et de Sam est en souffrance, la réussite de l’entreprise, qui est leader européen de la fabrication de bennes pour les camions utilitaires de 3,5 tonnes, ne peut qu’être soulignée. Quand, en 2007, les trois compères rachètent l’entreprise, fondée en 1966 par Jean-Paul Massol, elle était déjà un petit fleuron de l’économie aveyronnaise. Mais depuis, sa croissance est exemplaire. Alors qu’elle produisait 2 000 bennes à l’époque, elle en fabrique désormais 12 000, qu’elle vend pour moitié directement aux constructeurs, et pour l’autre via une bonne vingtaine de distributeurs, dont trois internes (à Marseille, Bordeaux et Nantes), partout en France. Et JPM ne compte pas s’arrêter là. Depuis quelques mois, elle s’est lancée dans un vaste chantier de transformation du site, soutenu dans le cadre de France relance, qui doit aboutir d’ici à la fin de l’année 2022.

10 M€ d’investissements

L’objectif est clair : procéder à un changement industriel afin de s’adapter aux contraintes actuelles. " C’est un métier en pleine mutation, confirme Jean-Marc Feral. Notre modèle est très fortement perturbé par le mouvement environnemental global qui touche le monde de l’automobile avec pour objectif la réduction des émissions de CO2. Nous, JPM, on a la capacité d’aider nos clients à réduire leurs émissions et on a le devoir de construire nos produits avec le moins de rejets possibles. C’est un premier challenge. "

Pour cela, l’entreprise naucelloise a procédé à un changement de matériaux. Aux "historiques" bennes en acier, elle mise désormais sur l’aluminium. "Son intérêt, c’est qu’elle réduit les émissions de CO2 car elle pèse moins lourd, reprend le patron. Le camion consomme donc moins." En la matière, JPM n’a pas attendu la prise de conscience globale de ses dernières années. Jean-Paul Massol avait déjà lancé un modèle à son époque. Mais à leur arrivée, les trois repreneurs ont directement amplifié le mouvement. "Dès le rachat, on a compris que les produits devaient être écologiques, détaille Jean-Marc Feral, qui a reçu, au mois de mars, Agnès-Pannier Runacher, la ministre de l’Industrie, pour lui faire visiter son usine. Au départ, on était moins dans un objectif de diminution de la production de CO2, que sur celle de la réduction de la consommation de gasoil. À l’extérieur, personne n’y croyait vraiment car il y avait eu ailleurs, auparavant, des tentatives, mais avec des produits peu robustes. L’image de la benne aluminium chez les artisans n’était pas bonne." Mais visiblement, celle de JPM a su séduire. Alors que les bennes en aluminium représentaient 3 % du chiffre d’affaires de l’entreprise il y a 10 ans, elles sont aujourd’hui à 30 %. "Dans dix ans ce sera 100 %", prévient le patron.

70 embauches

Pour cela, JPM vient donc d’investir 10 M€ pour transformer en profondeur son site, dans la zone de Merlin, à Naucelle-Gare. Il va passer, en quelques mois, de 13 000 à 20 000 m2. "On va agrandir le site de 6 000 m2, et refaire complètement les 1 500 m² de bureaux et de vestiaires. Pour nous, c’est un grand bouleversement. Un grand moment. On travaille sur une digitalisation de la production. On souhaite réorganiser les flux au travers du digital et y greffer de l’intelligence artificielle pour ensuite pouvoir améliorer nos process de fabrication. Jusque-là, chez nous, on était plutôt sur une production traditionnelle. On va être amené à avoir des robots plus sophistiqués et qui vont nous permettre d’accroître la qualité des produits. On va aussi devoir réfléchir à des produits connectés pour nos clients."

Ce chantier majeur doit permettre, rapidement, de créer de nombreux emplois. JPM table a minima sur l’intégration rapide d’environ 40 ouvriers et d’une trentaine de cadres. Un sacré pari pour l’entreprise, mais très loin d’être insensé. "Aujourd’hui, l’Europe va faire payer aux constructeurs des taxes en fonction de la consommation en CO2 des véhicules qu’ils vendent au monde du BTP, principalement aux maçons, enchaîne Jean-Marc Feral. Ils sont donc intéressés par l’aluminium. Il y a aussi des taxes à l’achat pour les utilisateurs, mais on est persuadé que bientôt, il faudra payer tous les ans via des vignettes. Nos clients, par contrainte, iront donc chercher les produits les moins consommateurs en CO2."

De quoi promettre à JPM de beaux jours devant elle. Une bonne nouvelle pour le territoire et pour l’industrie aveyronnaise, qu’il serait dommage de laisser dans l’ombre.

En chiffres

10

C’est en millions d’euros l’investissement que réalise actuellement l’entreprise pour agrandir ses locaux et transformer en profondeur ses outils de production. Le projet a été retenu dans le cadre du volet industriel du plan de relance national à la suite de la crise sanitaire. Il a été aidé à hauteur de 800 000 € par l’état. Cette somme devrait permettre des embauches supplémentaires.

200

C’est le nombre actuel de salariés en CDI de JPM sur son site de Naucelle dans la zone industrielle de Merlin, où l’entreprise a pris ses quartiers en 1990. Depuis, elle a déjà agrandi ses locaux par deux fois, en 2012 et en 2018. Avec le troisième chantier, en cours, la société compte procéder à 70 embauches. 30 pour le bureau d’études et 40 ouvriers.

45

C’est en millions d’euros le chiffre d’affaires réalisé en 2020 par JPM. Un chiffre très peu impacté par la crise sanitaire. En effet, le secteur du BTP, qui achète les bennes, se porte plutôt bien. En 2021, grâce notamment au marché gagné pour les véhicules de Stellantis (Peugeot, Citroën, Opel, Fiat), la projection est de 65 M€.

"On est ravis d’être à Naucelle"

Depuis 1990, JPM est installée dans la zone industrielle de Merlin, à Naucelle-Gare. Un positionnement stratégique pour l’entreprise, à proximité directe de la RN88, mais aussi d’une gare. "On est ravis d’être ici, lance Jean-Marc Feral, président de la société. On a l’avantage d’être à proximité du Tarn. Aujourd’hui, on a une minorité d’Aveyronnais chez nos salariés. La main-d’œuvre directe vient de Carmaux pour les ouvriers et plutôt d’Albi pour les cadres. La RN88 fait que Naucelle n’est certainement pas un handicap. C’est même plutôt un atout. Rodez est même presque plus enclavé." Car du fait de sa spécificité industrielle, JPM, recrute régulièrement ailleurs et a besoin d’attirer des candidats aux compétences spécifiques. " Faire venir la personne on y arrive, mais c’est plus compliqué pour le conjoint. Avoir la proximité avec Albi et Toulouse ça simplifie les choses, reprend le responsable. Le télétravail aussi. On en faisait déjà un peu, mais le Covid nous a contraints de l’optimiser. Aujourd’hui, ça nous permet également de recruter de la compétence tout en ne les forçant pas forcément à vivre à Naucelle. Ça permet à des gens de vivre à Toulouse, et de travailler pour nous. Ils viennent quelques jours quand il y en a besoin. Aujourd’hui, Naucelle-Toulouse en train, ça se fait bien. Il y a une gare, c’est important. On peut parfaitement recruter des ingénieurs à Toulouse. Cette problématique du Covid, qui au départ pouvait être une contrainte, est devenue une qualité pour des entreprises comme la nôtre qui deviennent plus décentralisées et donc plus attractives. "

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Les commentaires (1)
Anonyme13114 Il y a 3 années Le 24/04/2021 à 18:01

Attention à JPM de na pas recruter des cgtisites sinon ce sera le début de la fin