Rappel de 7 000 produits alimentaires contaminés  : "On manque de contrôles officiels"

  • De nouveaux retraits de produits alimentaires des rayons des supermarchés pourraient avoir lieu.
    De nouveaux retraits de produits alimentaires des rayons des supermarchés pourraient avoir lieu. Archives CP
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P. C.

Le retrait des rayons de produits alimentaires contaminés est le résultat d’une réglementation défaillante, selon Laurent Duplomb, sénateur LR de Haute-Loire et auteur d’un rapport sur le sujet.
 

Pains de tous types, crackers, barres chocolatées, toasts mais aussi thon ou poulet aux différentes sauces exotiques sans oublier depuis mercredi les crèmes glacées, en dessert… Depuis plusieurs mois, la liste ne cesse de s’allonger et ce sont près de 7 000 références distribuées par les grandes enseignes — dont des produits "bio" — qui font donc désormais l’objet d’une procédure de "retrait-rappel" de la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes).

Dans le collimateur de ses enquêteurs ? Du sésame, du psyllium ou des épices d’origine indienne qui ont été contaminés par de l’oxyde d’éthylène à une dose inacceptable. Interdit par l’Europe dans les usages alimentaires en 1991 et comme biocide depuis 2011, ce pesticide est en effet cancérigène.

Une liste d’aliments qu’il faudra consulter régulièrement en ligne sur le site de la DGCCRF qu’elle écrit aussi, au fur et à mesure des références qui s’y ajoutent de jour en jour, un véritable "feuilleton" lancé en septembre dernier.

En effet, c’est à ce moment-là que les autorités françaises ont été alertées par leurs homologues belges et que leurs investigations ont permis de mettre progressivement hors circuit des milliers de produits incriminés.

Naïveté des autorités

Mais "c’est aussi un nouvel exemple de la naïveté des autorités au sujet des importations de denrées alimentaires", dénonce depuis le 17 février le sénateur Laurent Duplomb (LR) qui a publié un premier rapport d’information sur l’affaire, mettant en lumière les lacunes de contrôles existant entre une Union européenne à la stricte réglementation et des pays exportateurs gros utilisateurs de pesticides interdits par l’UE.

"En Inde, faute d’infrastructures de stockage conformes aux exigences sanitaires européennes, pour désinfecter la récolte et tuer les salmonelles, on fait des fumigations d’oxyde d’éthylène", explique-t-il.

Mais, "à l’autre bout de la chaîne, lorsque le produit arrive chez nous, il tombe alors dans un système où ce sont ceux qui vont le vendre qui le contrôlent. Et quand on regarde de plus près ces ’auto contrôles’ industriels, sur 900 molécules aujourd’hui interdites ou réglementées avec des limites, environ 500 passent sous les radars, parce que faute de moyens et de volonté politique, on manque de contrôles officiels tant au niveau français qu’européen", tacle Laurent Duplomb qui poursuit lui aussi son enquête (lire encadré). Un élu d’autant plus sensible aux questions alimentaires qu’il est éleveur laitier en Haute-Loire.

"Cette affaire va d’ailleurs bien au-delà du sésame, des épices et des herbes", souligne le sénateur de la Haute-Loire. "Car ce que l’on trouve dans le sésame, ce serait étonnant qu’on ne le trouve pas ailleurs, dans d’autres céréales, dans le riz ou même le thé, ainsi que le font apparaître les dernières mises à jour de la liste".

Suspects aussi ? Les pâtes, les semoules de blé, les légumineuses ainsi que les herbes venant par exemple de la Turquie et du Moyen-Orient. La liste établie par la  DGCCRF est encore loin d'être exhaustive...

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