Pourquoi les salaires pourraient repartir à la hausse en France en 2022

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    Pourquoi les salaires pourraient repartir à la hausse en 2022 Repro CP - Achives
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Centre Presse

Le cabinet Deloitte envisage une évolution de 1,8 % des salaires l'an prochain. Mais pas pour tout le monde.

Les rémunérations pourraient repartir à la hausse l’an prochain, selon les projections du cabinet Deloitte, relayées par nos confrères de Ouest-France, après deux ans de quasi-statu quo.

En 2021, les salaires n’ont augmenté, en effet, que de 0,6 % en moyenne tant pour les populations d’employés que de cadres. Dans le détail, environ un tiers des salariés (30 %) ont eu droit à un coup de pouce de moins de 2 % sur leur rémunération, mais elle a stagné pour près de la moitié d’entre eux (45 %).

En 2022, le rythme devrait toutefois s’accélérer pour atteindre + 1,8 % ; un chiffre encore loin des + 2,5 % qui se pratiquaient en 2019 avant la pandémie, mais qui marque un retour vers un cycle plus favorable pour le pouvoir d’achat des salariés.

Le manque de bras

Les employeurs restent toutefois prudents à ce stade, échaudés par les périodes en dents de scie que l’économie traverse depuis près de deux ans, au gré des confinements et déconfinements. Mais l’activité reprend, encouragée par le développement de la vaccination et le gouvernement table sur une croissance de 6 % en 2021, or les entreprises peinent plus que jamais à recruter des compétences rares et disputées sur le marché du travail.

Pour attirer les bons candidats, certaines entreprises vont donc devoir mettre la main à la poche et proposer des salaires plus attractifs ou augmenter les salariés déjà en poste pour les fidéliser. D’autant que les salariés ont souvent fourni plus d’effort que d’ordinaire pendant la crise sanitaire entre télétravail forcé, réorganisations de dernière minute et même parfois du chômage partiel.

Éminemment politique

Leurs attentes sont donc fortes et ils sont davantage en position de force pour négocier. Mais tous ne bénéficieront pas d’un coup de pouce salarial. Ceux qui en profiteront le plus seront les personnes occupant des postes en forte tension comme l’informatique, la vente, les secteurs juridiques, ou encore celui de la santé.

Autre bonne nouvelle mise en exergue par le cabinet Deloitte : les différences de rémunération s’amenuisent sensiblement entre l’Ile-de-France et les autres régions. Mais l’écart salarial entre les hommes et les femmes reste à un niveau élevé : 3,7 %, soit 0,3 % de plus qu’en 2020.

Patronat et syndicats entendent, en tout cas, s’emparer du sujet, tout comme le gouvernement. Le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le Maire, s’est montré très clair le 23 août sur France 2 appelant déjà à "une meilleure rémunération pour ceux qui ont les revenus les plus faibles".

"La croissance doit profiter à tout le monde, même les plus faibles, même les moins qualifiés, tous ceux qui ont été aux avant-postes de la crise", a ajouté le locataire de Bercy.

Une chose est sûre : à l’approche de la présidentielle, les prétendants ne feront pas l’économie de proposition sur ce thème du pouvoir d’achat toujours central dans la course à l’Élysée.

Des prix eux aussi en augmentation

Un bémol au moment où le cabinet Deloitte envisage une évolution des rémunérations de 1,8 % en 2022 : l’inflation s’élevait, elle, à 1,9 % en août, selon l’Insee. En clair, la hausse des salaires pourrait passer inaperçue tant les prix augmentent dans le même temps. De leur côté, certains économistes redoutent que ces augmentations de salaires ne réactivent, elles-mêmes, l’inflation. Depuis quelques mois, les États-Unis mais aussi la Chine et la zone euro voient les indicateurs d’inflation frémir. En Europe, l’inflation a atteint en mai une moyenne annuelle de 2 % dans les pays de la zone euro, soit le seuil maximum fixé par la Banque centrale européenne. Mais pour la Banque centrale américaine, cette inflation est "temporaire" et due à des facteurs conjoncturels sur les matières premières dont certaines, comme le fer, commencent déjà à décélérer.
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