Les Costes-Gozon. Le plaisir sans bornes de la Sud-Aveyronnaise Odyle Monteils

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  • Que ce soit sur le territoire français ou quand elle court la planète, Odyle Monteils ne rechigne pas à l’effort mais pas prend plaisir aussi à goûter au réconfort.	DR
    Que ce soit sur le territoire français ou quand elle court la planète, Odyle Monteils ne rechigne pas à l’effort mais pas prend plaisir aussi à goûter au réconfort. DR
  • Pendant les confinements, la championne a grimpé les marches des escaliers de Montauban !
    Pendant les confinements, la championne a grimpé les marches des escaliers de Montauban !
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A Montauban, Rui DOS SANTOS

Née près de Saint-Affrique, installée à Montauban depuis 1984, où elle a pris sa retraite après sa carrière dans l’enseignement, elle avale les kilomètres depuis son plus jeune âge. Elle rentre de sa troisième participation à La diagonale des fous à La Réunion, après 2006 et 2018, dont elle était la doyenne. Elle soufflera, en effet, ses... 77 bougies le 29 novembre. Elle a aussi pris part à une centaine de marathons dans sa vie, ainsi qu’à trois ou quatre 100 kilomètres. Mais, elle n’a toutefois jamais été au départ de celui de Millau.

"Tu grimpais à 7 km/h, tu volais au dessus des racines et des rochers. On se demandait où tu allais si vite !". Voilà ce qu’elle a entendu des dizaines de fois. Le style de réflexions à double tranchant : elles peuvent faire plaisir, sécher les larmes, ou alors raviver les regrets. Après 2006 et 2018, Odyle Monteils vient de participer, voilà tout juste deux semaines, à La diagonale des fous sur l’île de La Réunion. Elle a été contrainte d’abandonner après 25 kilomètres à cause d’une chute, qui s’est transformée en bain de boue nocturne à cause "d’une erreur d’aiguillage" d’un concurrent qui la précédait.

Accompagnée jusqu’au premier poste de secours, elle pensait reprendre la course après avoir pansé les plaies apparentes. Après un selfie avec le personnel soignant ("C’est Odyle !"), dont une infirmière de... Montauban, son aventure s’est arrêtée là, à Notre-Dame-de-la-Paix, car le médecin n’a pas voulu la laisser repartir. Direction les urgences. Verdict des radios : quatre vertèbres fracturées. "J’ai été éliminée sur un fait de course, alors que j’étais en pleine forme. Quel dommage !", regrette-t-elle. Le seul bénéfice de ce coup dur physique a été que le vol retour a eu lieu en classe business...

Odyle Monteils est infatigable : elle court, elle court, comme la maladie d'amour.
Odyle Monteils est infatigable : elle court, elle court, comme la maladie d'amour.

Née Galonnier, aux Costes-Gozons, près de Saint-Affrique, le 29 novembre 1944, Odyle ("Avec un y car c’est plus chantant !", précise l’intéressée) Monteils a préparé le professorat dans l’enseignement privé dans une école expérimentale à Saint-Rome-de-Dolan. à la récréation ou le dimanche, car elle était pensionnaire, elle multipliait les allers-retours aux Vignes, petit village qui a les pieds dans la rivière Tarn, ou au Point Sublime, un site qui toise les Gorges. à l’époque, pour une jeune femme, ce n’était pas très bien vu. Elle n’a pas oublié : "Les gens disaient "Elle rôde". Ce n’était pas très flatteur."

Mais, elle avait le virus de la course à pied, transmis inconsciemment par une mère qui marchait et un père militaire qui courait. Après des remplacements dans des collèges privés à travers toute la France, où elle enseignait les sciences (biologie, physique, chimie), elle s’est un peu posée en Haute-Savoie, à trente kilomètres d’Annecy (beau terrain de jeu), avant de prendre ensuite la diagonale pour s’installer à Montauban en 1984.

Elle a toujours couru et fréquenté les salles de musculation. C’est dans une d’entre elles, dans le chef-lieu du Tarn-et-Garonne qu’elle a rencontré un militaire qui lui a dit : "Tu devrais faire des courses." Elle l’a écouté. La première a eu pour cadre Brousse-le-Château, un 10 km sur route. "J’y ai vraiment pris goût, se souvient Odyle Monteils. J’ai tout de suite aimé l’ambiance, l’esprit compétition."

La sportive dont la course est "un besoin vital" est montée en puissance avec des semi-marathons, des marathons (une centaine depuis !), des 100 kilomètres, trois ou quatre "mais jamais celui de Millau". "Pour l’instant !", précise-t-elle. Elle a quand même effectué des stages avec Serge Cottereau, fondateur de l’épreuve en 1972 et quadruple vainqueur (1972 à 1974 et 1976).

Elle s’est ensuite orientée vers le trail. "J’avais envie de découvrir autre chose, reconnaît-elle. Les terrains me convenaient mieux et j’ai rallongé les distances pour passer à l’ultratrail." L’heure de la retraite (31 mars 2005) et des défis avait sonné ! Marathon des sables au Maroc (240 kilomètres en autosuffisance) en 2005 et 2010, La diagonale des fous à La Réunion en 2006 (lauréate en Vétéran 3 en 50 h !) et en 2018 (non classée car elle s’est endormie à mi-course !), mais aussi la Muraille de Chine, le Canada, le Cambodge, l’Inde...

Odyle Monteils est infatigable : elle court, elle court, comme la maladie d'amour.
Odyle Monteils est infatigable : elle court, elle court, comme la maladie d'amour.

"Le roquefort, seul médicament !"

Odyle Monteils ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle a déjà coché, sur son agenda 2022, la date de la prochaine édition de La diagonale des fous. Mais, elle ne fera pas le voyage toute seule. Elle a décidé d’embarquer son fils Géraud et sa compagne, mais aussi éric Bermont, Kiki pour les intimes, un militaire coach sportif et mental qui a déjà participé une fois par le passé.

"Il est hors de question de rester sur cet abandon, insiste-t-elle volontiers. Et puis, La diagonale des fous, c’est la référence pour un trailer, peut-être la course la plus difficile au monde. Il y a le lieu, la spécificité du terrain, l’ambiance, l’engouement, autant des coureurs que de la population. C’est spécial."

En attendant, elle va continuer à courir tous les jours. "Je trépigne devant la porte dès que je me lève !", plaisante-t-elle.  Un entraînement sérieux, rigoureux, accompagné "d’une attention particulière" à ce qu’elle mange : "Pas de sauces, des légumes verts, des féculents, des viandes blanches." Elle est d’ailleurs friande des recettes du coureur, cuisinier et écrivain héraultais Antoine Guillon.

Elle est aussi une adepte de la spirulline, tout spécialement celle de Montauban. Mais, pour autant, elle ne dit pas non à un repas un peu plus riche, comme, par exemple, récemment, une fondue savoyarde entre amis. "Ce sont là mes racines qui ressortent, on ne peut pas lutter, sourit l’Aveyronnaise. J’ai toujours du saucisson à la maison. Et puis, je n’oublie pas ce que disait mon père : "Le seul médicament, c’est le roquefort !". Il est décédé à l’âge de 94 ans et n’avait jamais consulté un médecin de sa vie."

Originaire des Costes-Gozon, Odyle Monteils court depuis son plus jeune âge. Elle a notamment participé à trois éditions de La diagonale des fous  à La Réunion, dont elle était cette année, à 77 ans, la doyenne.	Rui Dos Santos
Originaire des Costes-Gozon, Odyle Monteils court depuis son plus jeune âge. Elle a notamment participé à trois éditions de La diagonale des fous à La Réunion, dont elle était cette année, à 77 ans, la doyenne. Rui Dos Santos Centre Presse - Rui Dos Santos

5 680

Pendant les confinements, Odyle Monteils a poursuivi ses entraînements quotidiens. Et, quand il a fallu combiner prise en compte des déplacements limités à un kilomètre autour de chez soi et préparation avec du dénivelé, elle a apprécié que Montauban possède une... montagne d’escaliers. Elle les a tous avalés ! Elle a même relevé un défi lancé par l’application Strava : monter (et descendre bien sûr) 5 680 marches sans s’arrêter, soit l’équivalent de la distance entre le refuge du Goûter, le plus haut refuge gardé d’Europe de l’Ouest, situé à 3 835 mètres sur la commune de Saint-Gervais-les-Bains

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