Decazeville : les tatoueurs piqués au vif par la nouvelle utilisation des encres

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  • Gilles Nureau et Brice Calmettes sont installésà Baraqueville.
    Gilles Nureau et Brice Calmettes sont installésà Baraqueville. PaDS
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Paulo Dos Santos

Une directive européenne interdit d’utiliser la totalité des encres depuis janvier.
 

Depuis le début de l’année, l’Union européenne a mis en place une nouvelle réglementation en direction des tatoueurs. Celle-ci interdit, purement et simplement, d’utiliser la totalité des encres, sans apporter, en contrepartie, une solution de remplacement. La profession en est restée sans voix, mais pas sans action puisque le syndicat national des artistes tatoueurs (Snat) a incité ses adhérents à signer la pétition mise en ligne à l’échelle européenne. En Aveyron – on compte une cinquantaine de tatoueurs –, certains n’ont pas hésité à exprimer leur incompréhension, voire leur colère.

C’est ainsi le cas de Brice Calmettes et de Gilles Nureau dont leur boutique Ötzi tattoo shop – pour l’anecdote, ötzi est la plus vieille momie (découverte en 1991 en Italie) avec des traces de tatouages – est située à Baraqueville depuis août dernier. "L’Union européenne ne s’est appuyée sur aucune étude pour mettre en place cette réglementation, explique le premier cité. Rien n’indique que ces encres étaient nocives. Cela a été réalisé sur les cosmétiques et le texte a été décliné pour les tatouages. C’est un principe de précaution bête et méchant pour d’infimes molécules qui se trouvent dans toutes les encres."

Aucune directive de l’ARS

Mais, au-delà de cette obligation, c’est le flou existant autour qui laisse pantois la profession. Car, les réponses, quand elles existent, ne sont pas toujours très claires. " Nous avions constitué des stocks d’encres avant le 4 janvier, souligne Gilles Nureau. Doit-on tout jeter ? Existe-t-il désormais des contradictions ? Est-ce que les nouveaux produits peuvent être utilisés sans aucune crainte ? À ce jour, il n’existe aucune directive. " La profession dépend de l’Agence régionale de santé et, à ce jour, selon le Snat, les régions françaises ne sont pas logées à la même enseigne. " Les informations ne sont pas claires, avance Brice Calmettes. Nous ne savons pas si nous pouvons continuer avec nos encres achetées avant janvier. Comment d’ailleurs cela peut-il être contrôlé ? Avec Gilles, nous avons pris le parti d’expliquer de tout expliquer aux gens qui viennent nous voir. Il existe un protocole de soins, avant et après le tatouage, mais cela peut arriver qu’une personne ait des réactions ou des allergies. Nous sommes totalement transparents de ce côté-là."

Un échange constructif avec deux conseillers présidentiels

Même son de cloche pour Damien Vidal, tatoueur à Decazeville et, également, organisateur du Tattoo show (lire ci-contre). "Les instances européennes n’ont pas été capables de prouver que ces pigments étaient dangereux. Et, on retrouve toujours ces derniers dans les cosmétiques ! Nous avons quand même 20-25 ans de recul et nous avons la prétention de dire que nous connaissons bien ces produits. Nous avons commencé à recevoir les nouveaux, à nous de les tester au préalable. Surtout, nous sensibilisons nos clients à ces encres qui, au passage, sont beaucoup plus chères. L’Union européenne a cherché les problèmes là où il n’y en avait pas."

Quant au Snat, ses dirigeants ont pu échanger, le 20 janvier, avec la direction générale de la santé avant de trouver, début février, une oreille attentive auprès de deux conseillers du Président de la République. " Cet échange inédit a permis d’envisager cette fois un peu plus d’espoir, avec plusieurs pistes d’ouverture que nous ne manquerons pas de saisir sur l’urgence du dossier au niveau européen. Rien n’est encore gagné, mais les deux conseillers nous ont livré leur expertise financière pour nous aider à contester la légitimité et donc l’application du règlement européen. " Histoire de ne pas jeter les encres.

Decaz Tattoo show d’aujourd’huià dimanche

Malgré l’entrée en vigueur de cette législation européenne, il en fallait plus aux organisateurs du Decaz Tattoo show pour annuler, ou reporter, leur rendez-vous programmé d’aujourd’hui à dimanche, au Laminoir, à Decazeville. "Nous n’y avons même pas pensé, confirme Damien Vidal, le protagoniste de cette manifestation. Dans la mesure où il existe le flou le plus artistique sur le sujet, il n’était pas question de nous priver de cette 5e convention." Pas moins de 100 artistes tatoueurs – certains viennent du Portugal, d’Espagne, d’Italie, du Chili et de la Polynésie française – sont ainsi attendus pour trois jours durant lesquels les curieux pourront découvrir des styles aussi nombreux que différents. Sans parler des nombreuses animations telles que des défilés de pin-up, du relooking, des concours de tatouage, de l’élection de Miss pin-up… Le célèbre rappeur Lord Kossity sera également présent pour des photos et un mini-concert.Bon à savoirAujourd’hui. Ouverture des portes de 18 heures à minuit (entrée gratuite).Demain. De 10 heures à 21 heures avec différentes animations.Dimanche. De 10 heures à 19 heures avec différentes animations.Tarifs : pass d’un jour 10 € et pass pour le week-end 15 €.
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