Affaire de maltraitances à l'Ehpad La Rossignole : les familles s'impatientent

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  • Me Géraldine Vallat, avocate d'une dizaine de plaignants, dénonce "la lenteur" de l'instruction dans ce dossier. Me Géraldine Vallat, avocate d'une dizaine de plaignants, dénonce "la lenteur" de l'instruction dans ce dossier.
    Me Géraldine Vallat, avocate d'une dizaine de plaignants, dénonce "la lenteur" de l'instruction dans ce dossier. -
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Révélé au grand jour en septembre 2020, l'affaire de maltraitances au sein de l'Ehpad castonétois La Rossignole est toujours à l'instruction. Du côté des familles de victimes, on dénonce "les lenteurs de ce dossier". Pour rappel, quatre anciens soignants ont été mis en examen. Dans l'attente de leur procès, ils encourent cinq ans de prison.

"Quand je me dis que ces gens-là sont toujours libres de travailler où ils souhaitent, y compris dans le médico-social..." Celle qu’on appellera Marie pour préserver son anonymat ne décolère pas. Elle dit même encore ressentir "de la haine et bien plus". Comme d'autres enfants de résidents de l'Ehpad de La Rossignole à Onet-le-Château, le ciel lui est tombé sur la tête à l'été 2020. Son père, atteint d'une maladie neurodégénérative, résidait dans cet établissement de santé. Dans une unité dite protégée. En septembre de cette même année, l'ancienne direction de l'Ehpad convoque Marie pour une réunion. On lui annonce alors "l'impensable" : son père et plusieurs des 28 personnes de l'unité réservée notamment aux malades d'Alzheimer sont victimes de maltraitances. Des membres du personnel échangeaient des photos d'eux dans des positions dégradantes, assorties de commentaires injurieux. En déposant plainte au commissariat, Marie découvrira l'une de ces photos. On y voit son père, de l'herbe dans les mains avec ce commentaire : "Voilà le repas du jour de Monsieur". Un émoticone mimant un rire agrémente la phrase. "C'est dégueulasse, réagit Marie. Ils s'en sont pris aux personnes les plus vulnérables qui puissent être."

Photos et commentaires graveleux

Sur ce groupe Messenger, où 11 effectifs échangeaient, les enquêteurs découvriront d'autres images de ce genre : une dame âgée apparaît en petite tenue au milieu d'une pièce avec des commentaires graveleux, une autre est affublée d'une couche-culotte posée sur sa tête, un vieux Monsieur est déguisé en œuf de Pâques... Plusieurs semaines après la révélation de ce fil de discussions "de la honte" en interne, le scandale éclate au grand jour. L'onde de choc traverse les frontières de l'Aveyron. Si aujourd'hui, les actes de maltraitances dans les Ehpad font régulièrement la Une de l'actualité, avec le récent scandale Orpea, à l'époque bon nombre de personnes sont scandalisées par les faits de La Rossignole. Surtout, on évoque rapidement d'autres actes comme la privation de nourriture. Quatre salariés, trois hommes et une femme, sont placés en garde à vue puis mis en examen. Les chefs de prévention sont nombreux : violences sur personne vulnérable, non-assistance à personne en danger, non-dénonciation de mauvais traitements, agressions ou atteintes sexuelles infligées à une personne vulnérable, enregistrement ou transmission de l'image d'une personne, violation du secret professionnel... Peine encourue : cinq ans.

"Un an et demi après, je n'ai toujours pas accès au dossier !"

En tout, seize plaintes sont déposées. Six victimes potentielles sont identifiées, toutes âgées de 70 ans et plus. Le 21 septembre 2020, le parquet de Rodez annonce l'ouverture d'une information judiciaire. Depuis, "plus rien", souffle Me Géraldine Vallat. Cette pénaliste originaire de Rodez exerce à Paris depuis plusieurs années. Le dossier de La Rossignole, dans lequel elle défend une dizaine de personnes, lui tient à cœur : sa grand-mère fut résidente de cet Ehpad... Et elle "aurait beaucoup à dire dessus". Mais aujourd'hui, surtout, elle attend que la justice avance. "Je me demande comment ce dossier peut-il autant dormir ? J'ai demandé à plusieurs reprises que mes clients soient entendus, on m'a toujours fermé la porte ! Près d'un an et demi après la révélation du scandale, je n'ai toujours pas accès au dossier, cela n'est pas normal. Que dire aux gens que je défends, qui pour certains sont d'un très grand âge ? Je respecte la temporalité judiciaire mais là, nous sommes sur un dossier avec des gens vulnérables victimes de faits graves. Certains sont décédés depuis, c'est inacceptable", témoigne l'avocate, rejointe en ce sens par Marie. Cette dernière en vient même à se demander s'il n'y a pas "une certaine omertà" sur le dossier.

"On attend désespérément que ces gens soient punis (ils sont toujours présumés innocents, NDLR), explique la Ruthénoise. Ce qui est certain, c'est qu'on ne lâchera rien. On souhaite également des explications de l'ancienne direction. Car jusqu'alors, on n'a jamais eu d'excuses, rien... Et aujourd'hui, avec la justice, c'est pareil : on n'a accès à rien, on se demande ce que sont devenues les photos, s'il y a eu d'autres actes malveillants... Bref, c'est insupportable."

Lors de son audience solennelle de rentrée, le tribunal judiciaire de Rodez a indiqué que 75 affaires étaient toujours en cours d'instruction en ce début d'année. Des instructions menées par une seule magistrate à plein temps...

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