Faire de l'immigration un impact positif pour l'Aveyron

Jamais sans Toit entend franchir un palier cette année en répondant à l’appel à projet pour soutenir l’engagement auprès des exilés proposé par la Fondation de France. « L’objectif est de faire de l’Aveyron, un département test en matière d’accueil des exilés », résume Zoé Mouret, présidente de l’association lors de l’assemblée générale qui s’est déroulée à Sébazac.

Si la démarche a une chance infime d’aboutir, elle témoigne cependant de l’énergie déployée par ces citoyens bénévoles. « Le bilan est très positif depuis le début de l’association en 2014 », souligne en ce sens Zoé Mouret qui admet une relative compréhension des services de l’État en Aveyron. Un combat sur tous les fronts qui a nécessité la refonte des statuts (lire par ailleurs) et une abnégation allant de pair avec la réactivité des bénévoles. À titre d’exemple, une neuvième famille s’apprête à être accueillie à Espalion.

Outre le volet humain, la part administrative est tout aussi essentielle pour faire reconnaître leurs droits. « Les difficultés administratives sont très longues et difficiles à surmonter avec des démarches lourdes et variées auprès des administrations telles que l’Office français pour l’immigration et l’intégration, la préfecture, les tribunaux administratifs, la Caisse primaire d’assurance maladie, les services sociaux ou encore le centre des impôts. »

La régularisation, un long chemin

Pour cette raison, l’association veut faire reconnaître la richesse de l’immigration pour la France. Celle-ci n’est pas nouvelle, elle est l’histoire même du pays des lumières. « Nous travaillons avec des élus, organismes et associations qui partagent nos convictions. Certaines familles ont pu être régularisées grâce au travail des bénévoles et la bienveillance de quelques élus et responsables.

Ces régularisations démontrent, s’il le fallait, le bien-fondé de nos démarches en faveur de la vie sociale, économique et démographique de notre département. » La pénurie sur le marché de l’emploi est actuellement un exemple flagrant.

La régularisation est un long chemin mais n’est pas l’aboutissement. L’intégration dépasse la loi du marché et des papiers. Ainsi, deux familles ont quitté l’Aveyron l’an dernier. Cela demande du suivi et de l’accompagnement. L’association Jamais sans Toit lance toujours un appel au bénévolat. Cinq bénévoles ont permis d’accueillir deux familles à Rodez, un groupe de bénévoles s’est constitué sur le secteur Espalion-Bozouls-Saint-Côme permettant d’accueillir un couple dont les enfants sont encore au pays, et un nouveau groupe de seize personnes s’est constitué à Nuces. « Les bénévoles manquent encore car nous ne pouvons accueillir de nouvelles familles que si elles sont entourées et accompagnées. »
Des moyens financiers sont nécessaires qui s’accompagnent de l’entraide avec les autres associations et organismes humanitaires. Des actions sont organisées pour recueillir des ressources financières bien que réduites ou annulées à cause du pass sanitaire comme ce fut le cas dernièrement à Entraygues où était prévue la venue de la Fanfare migraphone. La laïcité étant la fondation pour permettre l’intégration et la compréhension. Et la fraternité pour poursuivre le lien tissé depuis 2014 permettant à des dizaines de familles de vivre et de faire profiter de leurs richesses à l’Aveyron.