L'auto-édition, un (très, très) bon filon pour certains écrivains

  • Brandon Sanderson, un romancier américain de science-fiction et de fantasy, est passé par la plateforme collaborative Kickstarter pour financer ses quatre prochains livres.
    Brandon Sanderson, un romancier américain de science-fiction et de fantasy, est passé par la plateforme collaborative Kickstarter pour financer ses quatre prochains livres. Courtesy of Kickstarter
Publié le
ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Beaucoup d'écrivains se laissent tenter par l'auto-édition pour faire connaître leurs créations au plus grand nombre. S'il fallait jusqu'à présent être accepté par une maison d'édition pour devenir un auteur publié, ce nouveau modèle vient redistribuer les cartes dans le monde du livre. Pour le plus grand plaisir (et la fortune) de certains romanciers.

Brandon Sanderson est de ceux-là. Le romancier américain de science-fiction (SF) et de fantasy est passé par la plateforme collaborative Kickstarter pour financer ses quatre prochains livres. Trois d'entre eux se dérouleront dans le Cosmere, un univers fictif dans lequel chaque personnage évolue dans une planète fantastique différente, avec sa propre écologie et sa propre magie. Le quatrième tome à paraître de Brandon Sanderson est, lui, "quelque chose de complètement différent", comme l'explique l'auteur sur Kickstarter.

L'écrivain de fantasy espérait récolter près de 910.000 dollars (environ 827.000 euros) pour auto-éditer ses quatre prochains romans. Il en a déjà reçu plus de 18,6 millions de dollars (16,9 millions d'euros). Kickstarter a affirmé au New York Times que c'est la campagne de financement participatif qui a attiré le plus de dons en 24 heures de toute son histoire.

Cet exploit est étroitement lié à la grande popularité de Brandon Sanderson dans l'univers de la science-fiction et de la fantasy. Selon le New York Times, l'écrivain a déjà vendu 20 millions de livres imprimés, audio et numériques. Il a réussi à se constituer une véritable communauté de lecteurs en participant à de nombreux salons et conventions dédiés à la littérature SF.

Auteur auto-édité, un métier couteau suisse

Peu de romanciers rencontrent un tel succès quand ils se lancent dans l'auto-édition. Toutefois, cela n'empêche pas de plus en plus d'entre eux de se passer des services d'une maison d'édition pour garder leur indépendance éditoriale. L'auto-édition a donné lieu à 20% de dépôts légaux de titres imprimés effectués en 2020, d'après le rapport d'activité de la Bibliothèque nationale de France. Aux États-Unis, le nombre de livres autoédités a dépassé celui des ouvrages publiés par des éditeurs dès 2014. Amazon domine ce marché en plein boom, en devançant de très loin ses concurrents comme Kobo, Smashwords et Lulu.

Autre fait notable, l'auto-édition ne séduit pas que les aspirants écrivains. Plusieurs personnalités et auteurs de best-sellers comme Kylian Mbappé, Joël Dicker, Colleen Hoover et même Donald Trump y ont succombé. Mais il n'est pas toujours facile de s'auto-publier. Relecture de fond, démarches administratives, communication sur les réseaux sociaux... Les auteurs doivent endosser de multiples casquettes pour auto-éditer leur manuscrit. "Ce n'est pas facile de tout gérer à la fois, mais ça m'a toujours semblé quelque chose de naturel. Et ça a aussi des avantages. On a une grande visibilité sur nos ventes et les revenus qu'elles génèrent. C'est l'un des gros points forts de l'auto-édition", avait expliqué l'autrice Christelle Lebailly à ETX Daily Up. Elle a publié par elle-même quatre romans depuis décembre 2018.

Face à l'ampleur de la tâche, Brandon Sanderson a décidé de créer sa propre entreprise, Dragonsteel Entertainment. Il emploie 30 personnes pour l'aider dans l'auto-édition de ses romans, dont un directeur du marketing, un artiste visuel et un directeur des ressources humaines. "Je suis un artiste qui a été élevé par une comptable et un homme d'affaires", a déclaré Brandon Sanderson au New York Times. "Pour beaucoup d'auteurs, ce serait une mauvaise idée car l'auto-édition demande beaucoup de gestion". De quoi rassurer les maisons d'édition.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?