Decazevillois : Christian Bernad, le maître de l’eau et de la rivière Lot

De par son parcours bien fourni et éclectique, Christian Bernad représente à lui tout seul un bout de l’Aveyron. Né à Creissels en 1936, Christian Bernad a connu l’illustre cantatrice Emma Calvé qui le portait parfois sur ses genoux lorsqu’il était enfant. Fallait-il y voir un signe ? Non pas une destinée d’artiste mais une vie vouée à la protection et à la mise en valeur de notre Rouergue…

"Je me suis souvent trouvé dans des situations où j’ai eu des responsabilités sans vraiment les chercher comme lors de mon service militaire à Toulouse, sur la base de Francazal. Après avoir étudié à Rodez où j’ai joué au rugby, je suis devenu professeur de dessin industriel et de technologie. J’ai été nommé au collège Paul-Ramadier de Decazeville. Puis, en 1970, l’Inspecteur de l’académie me propose le poste de principal, qui était vacant. J’ai fini par passer le concours de principal alors que ce n’était pas mon but premier", explique-t-il.

Le rectorat de l’époque avait suivi, sans doute, le parcours associatif de cet homme motivé, efficient et consensuel, s’impliquant d’abord pour la création de l’axe Brive-Méditerranée, une diagonale qui devait désenclaver surtout le Bassin, en souffrance après la fermeture des mines de fond. Lancé en 1964 à Decazeville, le projet prend une nouvelle dimension en 1972 quand l’État décide de financer en grande partie cet itinéraire impulsé par des visionnaires. Tout le département va y gagner.

L’aménagement de la vallée du Lot

Toujours avec la même bande de copains à Decazeville (Robert Gauthier, Pierre Bourdoncle, Abel Delagnes), notre Creissellois de naissance passe du bitume à l’eau et devient, sans postuler au poste, président de l’association pour l’Aménagement de la vallée du Lot, en 1969. En effet, le Lot peut devenir un atout économique pour l’agriculture, le tourisme, la pêche mais il est dans un triste état, dégradé, pollué, erratique. Avec le même souci d’un bénévolat apolitique, cherchant à réunir autour d’une table les élus de tous bords, les bonnes volontés et les compétences, ce groupe de passionnés réussit à convaincre et faire coopérer l’amont avec l’aval, les communes, les départements, les régions pour gérer le problème de l’eau, devenu "une gestion intégrée de bassin-versant". Pour la première fois en France, l’environnement devenait une composante principale du développement local. Il en découlera le ministère de l’Environnement. Christian termine sa carrière professionnelle en tant que principal du collège d’Espalion. Avec son épouse Anne-Marie Bouillet, originaire de Decazeville et qui excelle dans la poésie, il prend sa retraite et s’installe à Rodez, "pour être plus proche des enfants".

Christian Bernad surveille d’un œil attentif l’évolution de la gestion des barrages EDF avec l’Europe, non sans la peur de voir une "balkanisation" pour gérer l’eau, lui qui a toujours œuvré pour la concertation et l’union.