Rodez. Camille Scudier, une Ruthénoise à la pointe du cinéma d’animation

Abonnés
  • À 32 ans, Camille Scudier, qui adore le travail en atelier, a déjà une solide expérience derrière elle et multiplie les projets de courts et longs métrages.	@CS À 32 ans, Camille Scudier, qui adore le travail en atelier, a déjà une solide expérience derrière elle et multiplie les projets de courts et longs métrages.	@CS
    À 32 ans, Camille Scudier, qui adore le travail en atelier, a déjà une solide expérience derrière elle et multiplie les projets de courts et longs métrages. @CS
Publié le
Aurélien Delbouis

Elle a découvert le stop motion grâce au réalisateur Michel Gondry. Quinze ans plus tard, la Ruthénoise en a fait son métier. Technicienne volume, modeleuse, Camille Scudier a fait une entrée remarquée dans le monde du cinéma d’animation avec un projet personnel, mention spéciale du dernier festival de Lisbonne. Amoureuse de cette technique d’animation qui demande une journée entière de tournage pour « 3 à 6 secondes de film », Elle nous raconte son parcours.

Quel est le point commun entre Wallace & Gromit, Shaun le mouton, le Fantastic M. Fox du réalisateur Wes Anderson ou le dernier clip d’Orelsan, "La quête" ? Tous ont été tournés en stop motion, une technique que l’on connaît aussi sous l’intitulé animation en volume, ou animation image par image, qui permet de créer un mouvement à partir d’objets initialement immobiles.

Ce procédé qui devait d’ailleurs disparaître au profit du numérique n’a jamais été aussi dynamique reconnaît la Ruthénoise Camille Scudier, spécialiste française de la "discipline" passée par les grands noms du genre avant de revenir s’installer à Rennes où elle collabore avec le studio Vivement lundi !

À 32 ans, elle qui a découvert le monde de l’animation avec le travail du réalisateur Michel Gondry – "Eternal Sunshine", "La science des rêves", "L’écume jours" et une palanquée de clips pour Björk – a d’abord fréquenté les bancs de l’école de communication et des Arts Appliqués d’Aurillac avant de se lancer.

Les coulisses du tournage de "Regarder l'enfance".
Les coulisses du tournage de "Regarder l'enfance".

"Je travaille actuellement sur un court métrage avec Vivement lundi ! Je vais ensuite intervenir sur le long métrage du réalisateur Claude Barras que l’on connaît pour le superbe Ma vie de courgette."

Son rôle parmi ceux qui travaillent à rendre ces marionnettes plus vraies que nature : donner vie à ces personnages de fictions, créer des textures, une contenance à des modèles réduits qui se "doivent avant tout d’être animables." Elle crée aussi les décors, avec une patience et minutie qui laisse rêveur. Des qualités qu’elle a développées à l’école Boulle, au sortir de sa scolarité cantalienne.

"J’ai été retenue pour entrer dans cette belle école. Un peu par hasard, s’amuse la trentenaire mais je ne me voyais par dire non… Même si pour ça, je devais m’éloigner, du moins pour un temps, du cinéma d’animation."

Rue Pierre Bourdan à Paris, Camille Scudier découvre des matières, des couleurs, des techniques qui lui sont aujourd’hui très utiles. "Toutes ces compétences m’ont servi et me servent encore en animation, pour la fabrication de décors, d’accessoires et de marionnettes. Il s’agit des mêmes techniques de base de travail sur le volume, la forme, les finitions." Ce pour quoi, elle avait poussé les portes de la vénérable institution.

Fabrication de la marionnette de notre film réalisé avec Thierry Bouillet, Claire Bochet, Anaëlle Ravoux et Stéphanie Wezemael.
Fabrication de la marionnette de notre film réalisé avec Thierry Bouillet, Claire Bochet, Anaëlle Ravoux et Stéphanie Wezemael.

"Je n’avais pas envie de travailler toute ma vie derrière un écran. L’école Boulle m’a permis de travailler avec mes mains, en atelier. C’est vraiment ce qui m’attirait. J’ai travaillé ensuite à Clichy dans une boîte de communication – dans le milieu de la cosmétique – mais l’envie de revenir à l’animation était plus forte."

Convaincue que son avenir sera "stop motion ou ne sera pas", la Ruthénoise intègre la bien nommée "Start motion", autre formation mise en place par la région Bretagne. A Rennes, elle revient finalement à ses premières amours et se construit une crédibilité dans le milieu. Bingo ! À peine sortie de vivier rennais, elle intègre la collection

"En sortant de l’école" avec un court métrage intitulé "Regarder l’enfance." Initié par France Télévisions, le concours confie à des étudiantes et étudiants fraîchement diplômés d’écoles d’animation françaises, la réalisation de courts films d’animation liés à un poème d’un auteur choisi. Cette année : Andrée Chedid.

"J’ai découvert les poèmes d’Andrée Chedid en travaillant sur ce projet. Ce poème me rappelait un peu mon grand-père et ces moments où l’on sent que les personnes âgées ont gardé leur côté enfantin. Certaines personnes peuvent parfois oublier leur âme d’enfant au milieu de leur vie, mais ça revient."

Avec "Regarder l’enfance" elle remporte la mention spéciale du Jury du Monstra, le festival du film d’animation de Lisbonne au Portugal. Le début d’une nouvelle vie pour la technicienne qui a validé son apprentissage cinq étoiles en passant par les Studios Aardman à Bristol (elle travaille sur le sixième volet de Shaun le mouton) puis chez Wiredfly au Danemark où elle collabore à la création d’un jeu vidéo, toujours en stop motion.

Elle "bossera" aussi à Valence sur le long métrage The Inventor, écrit et réalisé par Jim Copobianco, auteur nominé aux Oscars pour Ratatouille : une aventure qui retrace la vie de Léonard de Vinci à laquelle Stephen Fry, Daisy Ridley et Marion Cotillard devraient prêter leurs voix.

Des expériences "à chaque fois fondatrices" pour la Ruthénoise, heureuse d’exercer ce métier malgré la précarité qui tient à son statut d’intermittent. "Je sais que j’ai du boulot pour les huit prochains mois. Après rien n’est sûr. D’une année sur l’autre, tu ne sais pas si tu vas pouvoir travailler, s’il y aura du boulot, des sous pour développer d’autres films… Bien moins confortable qu’un CDI… Mais pour moi, c’est un peu le rêve de faire du stop motion et d’en vivre. Cela vaut bien quelques concessions."

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?