Salles-Curan. Aveyron : Robyn Grayling, artiste aux multiples facettes

  • Robyn Grayling partage son amour pour la musique avec ses jeunes élèves de la MJC de Salles-Curan.
    Robyn Grayling partage son amour pour la musique avec ses jeunes élèves de la MJC de Salles-Curan.
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Centre Presse Aveyron

D’origine anglaise, Robyn Grayling s’est installée à Salles-Curan, avec Huw, son mari, où elle donne le rythme grâce à ses talents de musicienne. Sans parler de sa passion pour la tapisserie du Moyen-Âge.

Une petite route qui serpente, descend au fond d’une combe profonde, et tout au bout, nichée au milieu d’un écrin de verdure, une maison d’un autre âge aux volets bleus, coquettement entretenue et fleurie par les propriétaires, Robyn Grayling et Huw Thomas.

D’origine anglaise, elle est venue s’installer à Salles-Curan, en 2018, dans cette ancienne ferme de La Barthe, avec son mari, pour vivre au calme loin de toute agitation après une vie d’artiste très mouvementée.

Une famille de musiciens

Robyn est née à Southampton et, dès l’âge de 4 ans, elle a commencé à jouer du piano, du violoncelle dès 7 ans, avant d’entrer à 10 ans dans une école de musique, la Wells cathedral school. Mais son père, alors ingénieur en irrigation, était amené à se déplacer sans cesse.

Ainsi, elle a beaucoup voyagé tout autour du monde : un an à Chypre, quatre en Indonésie, trois au Bangladesh, deux en Italie puis en Inde… Partout, elle a continué à travailler sur ses instruments afin de ne pas perdre ses acquis.

Après trois années passées à l’université de Cambridge où elle a étudié l’histoire, elle a travaillé comme violoncelliste. Reconnue pour son talent, elle a joué avec les orchestres les plus prestigieux comme l’Orchestra dell’Academia nazionale di Santa Cecilia de Rome, l’Ulster orchestra en Irlande du Nord, et le Philarmonia orchestra à Londres avec lequel elle a beaucoup joué dans différents pays (1). Mais au bout de quatre ans de voyages et de concerts, elle a quitté l’orchestre pour reprendre, à l’université, des études sur l’histoire médiévale.

C’est en travaillant pour la BBC qu’elle a rencontré Huw, son mari, musicien lui-aussi (il jouait du trombone) devenu ingénieur du son. Il enregistrait alors tous les concerts auxquels elle participait.

Robyn Grayling, artiste aux multiples facettes
Robyn Grayling, artiste aux multiples facettes

Robyn, 55 ans, est maman de deux grands enfants, Bruno, 21 ans, qui travaille au gré de ses rencontres dans ses voyages autour du monde, joue du piano et de la guitare. Holly, 23 ans, qui vient de réussir sa maîtrise es sciences spécialisée en génétique moléculaire, à Bristol. Elle joue également du piano, de la guitare et du violoncelle.

En Aveyron, l’artiste aux multiples facettes partage son amour pour la musique avec ses jeunes élèves de la MJC de Salles-Curan. Avec douceur et patience, elle initie douze élèves pianistes et une violoncelliste qui ont la chance d’apprendre à maîtriser leurs instruments avec ce grand professeur (2). On est sûr de voir naître un jour au village un futur virtuose.

De plus, son caractère généreux l’a conduite à proposer un concert gratuit de violoncelle, à Salles-Curan, en faveur des Ukrainiens. Une soixantaine de personnes est venue écouter divers mouvements de Bach, un soir à l’église. La quête a rapporté la jolie somme de 612 € qui viendront s’ajouter aux divers dons et participation de la MJC, soit environ 1 000 € au total. Cette cagnotte permettra d’acheter fournitures, alimentation, vêtements ou produits d’hygiène pour les deux familles ukrainiennes hébergées au sein de la commune.

Passion tapisserie

Mais Robyn a d’autres talents artistiques étonnants qu’elle vient de dévoiler. Dans sa belle maison, elle brode des toiles aux formats démesurés d’un mètre sur deux, inspirés des tapisseries du Moyen-Âge, découvertes lors d’une visite au musée de Cluny. La Dame à la licorne notamment l’avait séduite, une tenture composée de six tapisseries datant du début du XVIe siècle et représentant les cinq sens (le toucher, la vue, l’odorat, le goût et l’ouïe), la sixième toile étant très discutée selon les études des spécialistes : allégorie du cœur siège des passions et du désir ou renoncement aux sens…

Subjuguée à la vue de ces merveilles, Robyn brûlait de l’envie de s’essayer à la tapisserie. Elle a donc acheté des toiles à canevas de grand format, étudié les motifs des tentures de Cluny, acheté des livres pour en savoir plus, dessiné des modèles de fleurs, d’oiseaux, de papillons, de renards, de lapins, de belettes mais également de végétation, de fleurs, de chênes, d’orangers, de houx… et bien sûr la fameuse licorne. Mais plutôt que la Dame à la licorne, elle a eu l’idée de mettre en scène ses propres enfants. Ainsi, sur la première toile, on peut voir Bruno et Holly, à l’âge de 9 et 10 ans, assis au bord d’un ruisseau, vêtus de tenues moyenâgeuses : un turban rouge et noir torsadé dans les cheveux de Holly qui porte une robe de velours rouge aux manches bordées d’hermine, Bruno est coiffé d’un chapeau à plume et tient, en guise de jouet, une lance de chasseur de grand gibier. Sur leur front, une mèche de cheveux échappée de leur coiffe, joli petit détail qui vient parfaire la ressemblance avec la photo-modèle. Tout autour, du houx, des orangers, un mûrier, mais également un héron, des canards, une bécasse, un écureuil, une panthère.

Un triptyque…

Commencée il y a 27 ans, la première toile est terminée. La deuxième, suite du premier paysage, met en scène la licorne, symbole de pureté, devant une fontaine dans laquelle s’abreuvent des roitelets, un faisan, tandis que des lapins s’amusent à cache-cache dans les végétaux et qu’un porc-épic s’ébroue au pied d’un oranger. Ce deuxième tableau n’est pas terminé mais on aperçoit sur la trame les dessins de fleurs, de papillons, qui vont recevoir les minuscules points de broderie, tout en fils de laine.

"Tous les matins, au breakfast, explique-t-elle, je passe au moins une heure à broder car je veux finir mon travail et surtout j’ai hâte de commencer la troisième toile." Car, c’est un triptyque qu’elle compte réaliser mais elle ne dévoile pas encore la scène qui se déroulera sur cette dernière.

… et du patchwork et des pulls !

La broderie aux fils de laine, c’est l’activité des mois d’hiver mais en été, changement d’ouvrage, Robyn coud ! Et elle est heureuse de déployer sur le canapé du salon une multitude d’enveloppes de coussins, réalisées avec de petits carrés aux couleurs chatoyantes entièrement cousus à la main qu’elle vendra l’été prochain sur le marché d’artisanat avec une incroyable collection de pulls aux couleurs vives et dessins géométriques !

 

Tandis que sur la chaîne hi-fi, on entend le prélude de Bach, une question se pose : que fait Huw (traduction de Hugo en gallois) pendant ce temps ? "Rien !", répond-il comme pour couper court à la conversation, mais Robyn, un éclair de malice dans les yeux, va chercher la preuve du contraire dans la pièce voisine : de superbes plats et des coupes en bois (merisier, tilleul, chêne et hêtre), taillés, polis, poncés avec habileté, respectant et mettant en valeur la loupe du bois. Voilà la deuxième passion du musicien-ingénieur du son.

À La Barthe, chez Robyn et Huw, on se sent hors du temps, tant les facettes de leur talent sont multiples et époustouflantes. Le mot "artiste", c’est sûrement pour eux qu’il a été inventé !

(1) On peut entendre quelques extraits de concerts sur internet en appelant "Robyn Austin cello". (2) À la MJC, Robyn donne aussi des cours d’anglais à ceux qui désirent retrouver cette langue apprise au lycée et se perfectionner.
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