Ferme solaire, compost, carte 100% végétarienne : We Love Green, "un laboratoire de tests en matière d'écoresponsabilité"

  • Après deux ans d'interruption pour cause de pandémie, l'édition 2022 de We Love Green a ouvert ses portes jeudi 2 juin et s'apprête à recevoir plus de 100 000 visiteurs... dans un esprit plus vert que jamais.
    Après deux ans d'interruption pour cause de pandémie, l'édition 2022 de We Love Green a ouvert ses portes jeudi 2 juin et s'apprête à recevoir plus de 100 000 visiteurs... dans un esprit plus vert que jamais. RBassenne- We Love Green
Publié le
ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Gorillaz, PNL, Phoenix, Clara Luciani, Juliette Armanet… Pour son cru 2022, We Love Green nous en met plein la vue. Mais son line-up n'est pas sa seule force : depuis sa création en 2011, le festival se démarque par son engagement écoresponsable, qui ne cesse d'évoluer au fil des ans.

Coup d'envoi des festivals d'été. Côté scène musicale, We Love Green ouvre le bal. Un festival lancé en 2011 au Parc de Bagatelle, qui à l'époque affichait 10 000 visiteurs au compteur. Dix ans plus tard, le festival a pris ses quartiers au Bois de Vincennes. Et après deux ans d'interruption pour cause de pandémie, l'édition 2022 s'apprête à recevoir jusqu'à dimanche 5 juin plus de 100 000 visiteurs... dans un esprit plus vert que jamais.

Marie De La Giraudière responsables des contenus et projets européens et Marianne Hocquard, responsable du développement durable pour We Love Green, nous en disent plus sur les engagements écoresponsables du festival et les nouveautés "green" que les visiteurs pourront découvrir lors de cette édition.

Comment ont évolué les engagements écoresponsables du festival depuis son lancement en 2011 ?

Dès le départ, les équipes de We Love Green ont été confrontées à la problématique d'organiser un festival en pleine nature. Il y a un vrai cahier des charges à respecter pour protéger la biodiversité, ce qui a très certainement accentué l'engagement écoresponsable du festival.

Bien sûr, le fait d'organiser un festival destiné à recevoir 10 000 ou 100 000 visiteurs change radicalement la donne : aujourd'hui, les contraintes ne sont plus du tout les mêmes qu'au début. Cela nous pousse à réfléchir à des solutions à une échelle bien plus grande, que ce soit en termes de transports, de restauration, de déchets, de besoins énergétiques, etc. C'est très challengeant.

We Love Green, c'est un peu un laboratoire de tests en matière d'écoresponsabilité. On teste des solutions et on s'adapte en fonction de l'efficacité de chacune d'entre elles. Nous sommes en constante évolution chaque année. Car malheureusement, personne n'a encore trouvé la solution pour organiser un événement entièrement neutre en carbone !

Justement, quelles sont les nouveautés pour cette édition 2022 ?

En 2019, nous avions testé des panneaux solaires et des générateurs à hydrogène vert, mais de petite puissance. Cette année, nous testons un générateur plus puissant. Nous avons également agrandi notre ferme solaire et nous testons également plusieurs types de biocarburants.

Y a-t-il des postes précis sur lesquels vous rencontrez plus de difficultés que d'autres ?

Les déchets ! Même si on les évite au maximum, difficile de ne pas en produire ! Cela fait notamment trois ans qu'on ne trouve plus aucun plastique à usage unique sur le site du festival. Mais entre ceux émis par les festivaliers et les équipes en backstage, nous avons onze flux différents de déchets sur le site. Beaucoup de produits nous parviennent encore livrés avec des emballages.

Une autre problématique réside dans le compost. Nous installons des poubelles spécialement réservées aux biodéchets sur l'ensemble du site. Mais, après avoir contacté des plateformes de compostage franciliennes, nous avons appris que certaines ne traitent pas toutes le même type de déchets : certains matériaux sont acceptés, d'autres pas, ce qui rend le fonctionnement global de ce système assez opaque.

Cela nécessite donc de mener un travail avec les collectivités et les exploitants. C'est aussi ce que nous souhaitons faire à travers We Love Green : toucher du doigt les problèmes et le signaler aux entités concernées. Nous envisageons d'ailleurs de monter un groupe de travail avec la Mairie de Paris, dans le cadre des JO 2024.

Sur place, comment sensibilisez-vous les festivaliers à l'écologie ?

L'idée même de We Love Green consiste à proposer un événement festif et joyeux pour sensibiliser le grand public aux enjeux du développement durable. Nous le faisons à travers notre scène de conférences, bien sûr. Pour la première fois cette année, nous avons invité des grands chefs étoilés, qui proposent une carte 100% végétarienne.

On donne aussi la parole aux entreprises porteuses de projets forts autour de l'écologie. Le principe consiste à leur offrir trois minutes sur scène avant le passage des grandes têtes d'affiche, afin qu'ils puissent exprimer leur message devant des milliers de personnes.

On travaille aussi beaucoup sur la signalétique : de nombreux panneaux implantés dans l'ensemble du festival essayent d'expliquer le plus clairement nos actions. Des bénévoles sont également formés pour pouvoir répondre aux questions des visiteurs et leur expliquer notre démarche.

Covid oblige, le festival a été privé de ses deux précédentes éditions. Cela a-t-il eu un impact dans l'avancée de vos démarches ?

Nous avons eu quelques craintes au début, notamment en ce qui concerne le retour de l'usage du plastique jetable à cause du Covid. Heureusement, cela n'a pas été remis en question ! Finalement, c'est même le contraire puisque ces années "moins chargées" en termes de production nous ont permis de nous réunir régulièrement et de prendre le temps de réfléchir et d'échanger autour des problématiques environnementales, que ce soit des ONG avec qui on travaille ou avec d'autres festivals européens.

We Love Green fait également partie des signataires du Green Deal Circular Festivals, dont l'un des principaux objectifs consiste à devenir 100% circulaire d'ici à 2025. Quelles mesures comptez-vous mettre en place pour y parvenir ?

Cet accord, qui réunit une vingtaine de festivals internationaux, repose sur six thématiques précises : les transports, les matériaux, l'eau, l'énergie, l'alimentation et les déchets. Nous agissons déjà sur tous ces aspects, mais notre participation à ce projet va nous permettre d'aller plus loin. L'intérêt de ces groupes de travail, en dehors du partage d'expériences, est la création d'outils communs.

Il y a par exemple la question des matériaux utilisés pour la scénographie et la possibilité d'échanger les décors entre plusieurs festivals ou tout autre événement musical. L'idée est de pouvoir récupérer tous les matériaux et de pouvoir les remettre en scène. C'est un sujet qui dépasse d'ailleurs l'industrie musicale et qui s'étend à l'ensemble de la filière artistique.

De manière plus globale, quels sont selon vous les meilleurs leviers d'action qui s'offrent à l'industrie musicale pour agir collectivement et adopter une démarche plus écoresponsable ?

La clé se situe principalement dans la coopération, au sens très large du terme. Il y a dix ans, lorsque la directrice du festival Marie Sabot a cofondé We Love Green, personne n'y croyait ! Aujourd'hui, le festival est mandaté par des entités comme la Mairie de Paris pour apporter son expertise développement durable autour d'autres actions et il obtient même des subventions supplémentaires ! Il était temps que les institutions s'emparent de la question. On avance doucement, mais sûrement !

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?