Aux Etats-Unis, des offres d'emplois s'ouvrent aux candidats au passé criminel

  • Face à un marché du travail tendu, les employeurs américains élargissent le recrutement à des candidats ayant un casier judiciaire.
    Face à un marché du travail tendu, les employeurs américains élargissent le recrutement à des candidats ayant un casier judiciaire. Weedezign / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Face à un marché du travail tendu, les employeurs américains élargissent le recrutement à des candidats ayant un casier judiciaire. Ces offres d'emploi portent la mention "Fair Chance", comprendre "embauche équitable".


C'est un changement qui en dit long sur l'état du marché de l'emploi actuel aux Etats-Unis. Dans un monde du travail en manque de main-d'œuvre, causé par le phénomène de la "grande démission", les entreprises aux Etats-Unis peinent à recruter. Elles élargissent donc leurs critères pour trouver des candidats. Les employeurs sont plus enclins à recruter des candidats ayant des antécédents judiciaires ou un casier, selon les analyses de la plateforme de recrutement Indeed. Ainsi, de plus en plus d'annonces sont postées avec les mentions "Fair Chance", "No background check" ("pas de vérification des antécédents") ou "Felon Friendly" ("favorable aux criminels").

AnnElizabeth Konkel, économiste pour le Hiring Lab de la plateforme de recrutement Indeed, rapporte qu'en mai 2022, le pourcentage d'offres d'emploi avec la mention "embauche équitable" a augmenté de 31% par rapport à mai 2019. Aujourd'hui, 2,5% des offres d'emplois aux Etats-Unis mises en ligne sur la plateforme affichent la mention "embauche équitable". Ce taux a même atteint les 3,1% en avril dernier, contre 1% début 2018.

"Les employeurs pratiquent l'embauche équitable de diverses manières, par exemple en évitant de poser des questions sur les condamnations pénales jusqu'à ce qu'une offre conditionnelle soit faite ou en ne tenant pas compte des arrestations si une condamnation a été rejetée", écrit la spécialiste. D'autres recruteurs réduisent à un an la vérification des antécédents d'un candidat, au lieu d'une période de sept ans. Aux Etats-Unis, entre 70 et 100 millions de personnes ont un casier judiciaire et 87% des employeurs vérifient les antécédents des candidats, selon le Hiring Lab.

Cette nouvelle manière de procéder semble convenir aux demandeurs d'emploi qui ont déjà été arrêtés ou qui ont eu des démêlés avec la justice par le passé. Ces derniers sont trop régulièrement discriminés par leurs actions passées. Plus de 60% des personnes anciennement incarcérées sont au chômage un an après leur libération. D'après les chiffres d'Indeed, entre mai 2019 et mai 2022 les recherches d'emplois contenant les expressions "pas de vérifications d'antécédents", ou "embauche équitable" ont augmenté de 117%.

"L'augmentation de l'emploi des personnes ayant un casier judiciaire pourrait avoir un impact social bénéfique et durable", juge AnnElizabeth Konke. "Les recherches montrent que le fait d'avoir un emploi contribue à réduire le taux de récidive, de sorte que l'intégration d'un ex-détenu dans le marché du travail pourrait être un réel avantage pour la société". Néanmoins, cet élargissement du vivier de candidats potentiels permet, certes de remédier à la pénurie de main d'oeuvre, mais aide en même temps les employeurs à maintenir les salaires à bas niveau. Les anciens détenus qui retrouvent un travail seraient payés 40% de moins que les autres.

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