Il voulait séduire un homme en lui envoyant des photos de sa fille dénudée

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  • Le père de famille avait connu son interlocuteur sur un site de rencontres homosexuelles.
    Le père de famille avait connu son interlocuteur sur un site de rencontres homosexuelles. Centre Presse -
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Un homme de 50 ans a été condamné à trois ans de prison, mercredi 29 juin, par le tribunal judiciaire de Rodez.

"Ne vous êtes-vous pas servi de l'image de votre fille comme d'un appât ?" La question, assénée par Bernard Salvador, le représentant du ministère public, a hanté le tribunal judiciaire de Rodez, mercredi 29 juin. Elle a été posée à un père de famille de 50 ans, à qui il était reproché d'avoir envoyé trois photos de sa cadette, alors âgée de 10 ans, dans le but de séduire un autre homme, demandeur de ces clichés.

Avant même de se présenter à la barre, le père avait reconnu les faits, qui lui ont valu huit mois de détention provisoire, entre novembre 2020 et juillet 2021. Il a déclaré être l'auteur de photos de la plus jeune de ses deux filles, prises à son insu. Selon les précisions de Sylvia Descrozailles, la présidente de l'audience, sur l'une, l'enfant est à moitié nue alors qu'elle sortait de la douche. Une autre a été prise en se glissant sous la table sur laquelle sa fille était en train d'écrire.

Ces clichés ont été pris en octobre 2020, dans la maison d’un village aveyronnais où il vivait après le divorce avec la mère de ses deux enfants. Cet homme sans passé judiciaire exerçait alors un droit d'hébergement classique, en alternance avec son ancienne compagne.

"Je n'explique pas trop ce qui m'a motivé"

Agrémentées de propos pornographiques, les photos en question ont été envoyées à un autre homme, qui se cachait sous le pseudonyme "Papa routier" sur le site de rencontres homosexuelles où ils se sont connus. "Nous ne nous sommes jamais vus en réel", a assuré le prévenu, qui a expliqué être devenu bisexuel après son divorce. Mais même sans se rencontrer, les deux hommes ont l'habitude de communiquer entre eux.

Au cours de leurs conversations, son correspondant lui a demandé des photos de ses filles nues. "Pourquoi les avez-vous envoyées, a interrogé Sylvia Descrozailles. Était-ce pour l'amadouer ?" "Dans un sens, oui, a répondu le père. Je n'explique pas trop ce qui m'a motivé sur le moment. Avec le recul, je sais que je n'aurai pas dû faire cela."

"Papa routier" avait proposé un séjour en camp de naturiste

Une prétendue drague que "Papa routier" a accompagnée de commentaires pornographiques et de photos du même genre. Il a proposé, également, à son correspondant de passer des vacances dans un camp de naturistes l'été suivant, en compagnie de ses filles. Ce dernier a évoqué cette possibilité devant elles, mais ce séjour n'a pas pu avoir lieu.

En effet, un soir d'octobre 2020, alors qu'elle avait emprunté le téléphone de son père pour envoyer des vidéos à une amie, la cadette est tombée sur les photos en question. Après discussion avec sa mère, elle a repris le téléphone pour effectuer des captures d'écran et conserver des preuves. "Le 31 octobre 2020, nous avons reçu un avion en pleine tête. Je me souviendrai toute ma vie de ce jour où la vie de mes filles a basculé, de ce jour où j'ai reçu un appel au secours, de ce jour où elles ne se sentaient pas en sécurité chez leur père", a déclaré l'ancienne épouse du prévenu à la barre, avec beaucoup d'émotion, alors que ses deux filles assistaient à l'audience.

Bernard Salvador, de son côté, s'est demandé "ce qui se serait passé dans le camp de naturistes avec un Papa routier atrocement gourmand ?" "C'était de l'ordre du fantasme, a assuré le prévenu à plusieurs reprises. Je n'aurais jamais laissé mes filles participer à quoi que ce soit". "Comment, à un moment donné, n'avez-vous vous pas eu le réflexe de dire "j'arrête", "j'ai trop honte d'exploiter l'image de ma fille, a appuyé le ministère public. Vous avez même continué jusqu'à projeter des rencontres. Là, on est plus tout à fait dans le fantasme, on est dans le concret."

Sa peine requise, d'une durée de trois ans de prison, a été suivie par le tribunal. Elle comprend deux ans de sursis probatoire, avec obligation de soins et interdiction de rentrer en contact avec les victimes. Le quinquagénaire, qui soigne actuellement un cancer, devra aussi suivre quatre mois de détention à domicile, après avoir passé déjà huit mois derrière les barreaux.

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