LEJ à Sauveterre-de-Rouergue : en 2015 "Millau, le concert où on s’est dit que tout allait changer"

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  • Lucie, Elisa et Juliette se connaissent depuis l’enfance.
    Lucie, Elisa et Juliette se connaissent depuis l’enfance. Photo Repro CP
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Guilhem Richaud

Après l’ouverture jeudi soir, le festival Fête & détours de la lumière se poursuit ce vendredi à Sauveterre-de-Rouergue. Au programme, notamment LEJ, le groupe de trois copines, Lucie, Elisa et Juliette, qui se connaissent depuis l’enfance. Et si elles viennent de Seine-Saint-Denis, c’est lors d’un passage à Millau, en 2015 que leur vie a basculé…

Elles ont percé en 2015, en sortant une vidéo "Summer 2015" sur internet qui a fait des dizaines de millions de vues. Dedans, pendant un peu plus de trois minutes, elles reprenaient alors, avec une habileté incroyable, des extraits des meilleurs titres de cette année-là, réarrangés à leur sauce, avec une fluidité étonnante. LEJ, un trio musical de chant, percussion et violoncelle, composé de trois amies d’enfance de Seine-Saint-Denis, Lucie, Elisa et Juliette, a depuis tracé sa route, sorti plusieurs albums et écumé les festivals. Elles seront à Sauveterre-de-Rouergue ce vendredi soir pour la deuxième journée de Fêtes & détours de la lumière. Elisa revient sur le chemin parcouru depuis ce premier passage en Aveyron, il y a sept ans…

Vous vous souvenez de l’état d’esprit dans lequel vous étiez, en 2015, lorsque vous étiez venues à Millau ?

Oui très bien. On n’a rien compris à ce qu’il s’est passé. Quand on a sorti le clip c’était trois ou quatre jours avant Millau et on a commencé à se dire qu’il se passait quelque chose. Quand on fait un buzz, comme c’était le cas, c’est assez impalpable. On fait des vues sur Internet, on a des appels téléphoniques, mais on ne voit pas les gens en face de nous. On ne faisait que se dire que c’était un feu de paille, qui ça allait redescendre.

Et à Millau, vous vous êtes rendu compte que ce n’était pas que sur Internet…

On est arrivées vers 14 h pour faire les balances et on a vu qu’il y avait déjà des gens assis devant la scène. Ce n’était pas vraiment quelque chose dont on avait l’habitude. On ne comprenait pas. C’était de l’incompréhension très très naïve. On se demandait pourquoi ils étaient là et c’est notre manager qui nous a dit que c’était pour nous. On n’y croyait pas. Les gens sont restés toute l’après-midi en plein cagnard pour être devant la scène le soir. On a fait les balances, puis quand on est revenues pour le concert, on a vu qu’ils avaient rajouté des barrières, qu’il y avait plus de 1 000 personnes alors qu’ils envisageaient entre 200 et 300 personnes et là, les gens chantaient tout par cœur… On était choquées. À la fin du concert, c’est la première fois qu’on nous a demandé des photos et des autographes. Je me rappelle avoir regardé les filles en leur disant que je n’avais pas de signature pour faire des autographes. C’était fou. Millau, c’est vraiment le concert où on s’est dit que tout allait changer et qu’il allait falloir qu’on travaille et qu’on reste les pieds sur terre.

À l’époque, c’était le début, mais vous aviez déjà une certaine assurance sur scène. Vous sentiez que c’était imminent ?

En 2013, on a gagné un concours et on a pu monter sur scène avec Tryo. On avait joué une chanson et demie devant 3 000 personnes, mais on avait vraiment compris que c’est ça qu’on voulait faire. On s’était même demandé pourquoi on ne s’en était pas rendu compte plus tôt. Je pense que c’est parce qu’on faisait, depuis des années, plutôt des scènes de musique classique. Et ce n’est pas du tout la même énergie. À partir de là, on se sentait chez nous sur scène, même si c’était devant 80 personnes.

Depuis, vous avez pris beaucoup d’expérience, vous avez sorti plusieurs disques, fait beaucoup de concerts. Comment avez-vous trouvé un équilibre de la vie d’artiste ?

Pour être honnête je crois qu’on ne l’a jamais vraiment trouvé. On doit faire avec notre relation personnelle, qui est l’équivalent d’une relation de sœurs puisqu’on se connaît depuis 28 ans et notre relation professionnelle. C’est à la fois génial de bosser avec ses meilleures potes, mais c’est aussi dur car il faut réussir à prendre du recul sur les choses. On bosse encore dessus, on y arrive, mais c’est le travail d’une vie pour les groupes qui durent. Après, on ne s’est jamais dit qu’on n’avait plus une vie normale.

Quand vous avez sorti "Pas peur", en mai 2020, pile au moment du Covid, vous n’avez pas pu le défendre sur scène. Cela vous a inquiété ?

Ça nous a fait peur. Il n’y avait pas de festival. Heureusement, à la fin de l’année dernière, on a pu faire une vraie tournée en salle d’une vingtaine de dates. On était tellement soulagées de pouvoir le présenter en live. Déjà, sur l’album précédent, beaucoup de gens nous avaient dit que notre musique prenait sens sur scène. Du coup, on était un peu paniquées de ne pas pouvoir partager ça avec les gens dès la sortie. Mais on a eu la chance d’avoir une tournée et c’était incroyable de voir que même un an après la sortie, les gens sont venus remplir un Olympia pour nous voir sur scène.

Votre musique se prête beaucoup au format festival en extérieur. C’est encore une ambiance différente…

Je crois que les festivals, c’est mon truc préféré. Il y a un challenge. Quand il y a plein d’autres artistes, c’est un défi de se dire que les gens n’ont pas payé leur place pour toi, mais que s’ils viennent, il faut réussir à les garder jusqu’à la fin. Mais surtout, il n’y a qu’en festival que tu peux jouer devant 40 000 personnes. Ce que j’aime dans ce métier, c’est de faire danser, sourire et sauter les gens.

Là, à Sauveterre, vous partagez l’affiche avec Tryo (passé jeudi soir). Vous partagez une histoire forte avec eux…

C’est trop cool de les voir dans les mêmes endroits que nous. C’est arrivé plusieurs fois cette année, on se suit un peu dans les festivals. On a un peu la même histoire avec Bigflo et Oli. Voir Tryo, des gens qu’on admire, de qui on est très proches et qui nous donnent souvent des conseils, à l’affiche de festivals qu’on fait, c’est un peu une confirmation pour nous de se dire qu’on est toujours sur le bon chemin.

Le programme du festival

Après la première soirée jeudi avec Ben Mazué, Tryo, La Femme, le festival Fête & détours de la lumière, organisé par l’Ajal, à Sauveterre-de-Rouergue, se poursuit jusqu’à samedi. Et il reste encore des places. Vendredi 5 aoûtScène principale : Kenji Girac, LEJ, Olympe Chabert.Festival off : Irina Gonzàlez, Les fines gueules, On s’en tape,Samedi 6 aoûtScène principale : Zoufris Maracas, Sona Jobarteh, La Mal Coiffée, Cuarteto TafiFestival off : Elium, La Charcuterie musicale.
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