Aveyron : un jeune espagnol arrêté avec plus de 300 kilos de cannabis

Ce n'est pas le record de l'année. Mais nous n'en sommes pas loin. Dans la nuit de dimanche à lundi, au péage du viaduc, les douaniers millavois ont eu le nez creux. Ou plutôt l'un de leurs chiens renifleurs qui lors du contrôle d'un camion frigorifique a rapidement "marqué", comme on dit dans le jargon. Si l'arrière de cet ensemble routier s'avérait vide, sept valises remplies de pollen de cannabis étaient entassées dans la cabine. Résultat des courses : 337 kilos. Prix à la revente estimée par les douanes : 3,3 millions d'euros, à raison de 10€ par gramme... 

Après avoir été présenté à la PJ de Montpellier, le chauffeur espagnol de 28 ans comparaissait devant le tribunal de Rodez ce vendredi. Et si son avocate, M^e Alexandra Gosset, a longtemps insisté pour qu'il demande un délai avant d'être jugé, comme la loi le lui permet, ce dernier l'a refusé à plusieurs reprises, laissant la présidente du tribunal et le représentant du ministère public pantois. "Vous voulez être jugé oui ou non ?", a lancé la première à plusieurs reprises. "Oui, oui", a répondu le prévenu, aidé d'un traducteur. Avant de livrer sa version. Selon ses dires, il prenait la route vers la France pour y récupérer à Orléans des arbres à la demande de son employeur. Sur une aire d'autoroute à la sortie de Barcelone, il se fait alpaguer par "trois Marocains". "Ils m'ont proposé de livrer une marchandise contre 1.000€. J'ai accepté car je suis endetté. Puis en roulant, j'ai senti que c'était de la drogue...", raconte-t-il, un peu désemparé. "Il récite une leçon. Il répète, un peu bêtement, ce qu'on lui a dit de dire. Il n'est qu'un pion, une mule comme on en voit trop souvent ici", a plaidé son conseil. Car cette version paraît peu crédible.

"L'amende est surréaliste et c'est le contribuable qui va la payer !"

Entendu, son patron a nié toutes commandes françaises pour des arbres. Il dit lui avoir prêté le camion pour un déménagement. "Aller chercher des arbres avec un camion frigorifique, c'est bizarre", pointe du doigt la présidente, Geneviève Boussaguet. Pour le procureur, Nicolas Rigot-Muller, l'histoire des "trois Marocains" ne tient pas plus. "La quantité massive de drogue laisse à penser à un réseau bien organisé et qui ne prendrait jamais le risque de laisser la marchandise à un inconnu rencontré sur une aire d'autoroute...", souligne-t-il avant de requérir cinq ans de prison pour le chauffeur, en pleurs et décrit comme une personnalité "fragile". Le tribunal a ramené la peine à trois années. Et ramené l'amende douanière de 3,3 millions d'euros à... 1 million ! "C'est surréaliste. À chaque audience, les douanes demandent plus. Le problème, c'est que ce n'est pas lui qui va payer. C'est nous, contribuables français", a réagi son avocate, M^e Gosset.