Vote du budget : la menace du 49.3 pèse à l'Assemblée générale sur fond de fatigue des députés

  • Les élus ont entamé les débats ce lundi au Palais Bourbon.
    Les élus ont entamé les débats ce lundi au Palais Bourbon. MAXPPP - Vincent Isore
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Christelle Bertrand

Depuis ce lundi 10 octobre 2022, la bataille a commencé à l’Assemblée nationale. Alors que plus de 3 000 amendements ont été déposés, le gouvernement prépare l’opinion à l’adoption du texte sans vote.

« Il ne faut pas que ça recommence comme en juillet. À l’époque, on ne pouvait s’absenter pour aller aux toilettes sans recevoir des textos nous demandant de revenir vite dans l’hémicycle », soupire un député… Ça n’est pas sans inquiétude que, ce lundi, les élus de la majorité ont entamé les débats budgétaires au palais Bourbon. Un marathon qui pourrait les mener jusqu’en décembre à grands coups de séances de nuit ou de travail le week-end. La complexité du texte n’est pas seule responsable, le nombre d’amendements déposés par les oppositions (pas moins de 3 500) va aussi allonger considérablement les délais.

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Or, l’Élysée comme Matignon ont une exigence : ne jamais être mis en minorité. Pour cela, une présence constante des députés de la majorité dans l’hémicycle est nécessaire. « On entre dans un cycle de deux ou trois mois durant lequel on va devoir être tout le temps présents », expliquait, la semaine dernière, une élue d’Île-de-France. Les élus de province sont donc invités à ne pas quitter Paris, ce qui a créé un léger mouvement d’humeur.

« On a besoin de voir nos électeurs et aussi nos familles et donc d’avoir des week-ends libres, mais pour ça, il faut accepter de siéger la nuit », ajoute une élue.

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La pression de l’Élysée

Mais une autre partie des députés est vent debout. Lors d’une réunion de groupe la semaine dernière, un élu est même monté au créneau pour réclamer la fin des séances de nuit. « Les séances de nuit, ça n’est pas respectueux du débat démocratique on n’est pas bon à 4 h du matin », confirme un pilier de la Nupes. Et un élu d’ajouter : « La semaine dernière, un député RN a craqué et s’est mis à hurler de façon inappropriée sur Bruno Le Maire. ça n’a rien d’étonnant, il était 5 h du matin. »

Pour certains élus de la majorité, la pression mise par l’Élysée et Matignon est trop forte. « Il faut choisir ses batailles et accepter de perdre certains amendements », assure une élue Renaissance. « Dans majorité relative, il y a relative, on ne peut pas gagner sur tout. D’autant qu’à faire passer la séance dans l’hémicycle en priorité, il arrive que l’on manque de troupes en commission où, du coup, nous sommes mis en minorité », complète l’un de ses collègues.

L’impossibilité physique d’être présent sur tous les fronts pourrait être l’une des raisons de dégainer très vite le 49.3. Certains parlent de jeudi. Le gouvernement pourrait faire le choix du Blitzkrieg pour masquer l’incapacité d’une armée à tenir sur le long terme.