Un défilé solidaire pour changer le regard de la mode sur le handicap

  • Le collectif Yakoborina organisera le 18 novembre un défilé de mode solidaire avec des mannequins en situation de handicap à La Caserne.
    Le collectif Yakoborina organisera le 18 novembre un défilé de mode solidaire avec des mannequins en situation de handicap à La Caserne. Mia Alouf
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - La mode se dit plus inclusive, mais est-ce réellement le cas ? Si l'industrie tente de faire voler en éclats certains clichés et stéréotypes, d'autres semblent résister au temps et au changement. Qu'à cela ne tienne, collectifs et associations s'élèvent désormais pour changer le regard sur les minorités, ces invisibles de la mode. C'est le cas de Yakoborina qui organisera, le 18 novembre, un défilé de mode solidaire avec des mannequins en situation de handicap, dans l'enceinte de La Caserne. Une première.

A l'exception de quelques marques spécialisées, comme Constant & Zoé, Selfia, ou encore Camille Boillet Couture, et d'une poignée d'initiatives parmi les acteurs les plus renommés, à l'instar de Zalando et de Tommy Hilfiger, le handicap peine toujours à se faire une place dans le secteur de la mode. Un tabou surprenant si l'on considère que plus d'un milliard de personnes vivent avec une forme de handicap dans le monde, d'après l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

La plus grande minorité au monde est encore moins présente sur les podiums, toujours à quelques exceptions près, mais cela pourrait prochainement changer. Le collectif Yakoborina organisera, le 18 novembre, son premier défilé avec des mannequins en situation de handicap. Une façon de faire bouger les lignes, et de collecter des dons en faveur de plusieurs associations de défense et de représentation des personnes en situation de handicap, et de lutte contre l'exclusion. Le tout sera organisé à La Caserne (Paris 10e) pendant la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées (14-22 novembre).

Une mode plus inclusive

Initié par Jacqueline Uwera, réfugiée du génocide des Tutsis au Rwanda, et elle-même en situation de handicap, ce projet a fait l'objet d'une campagne de financement participatif pendant plusieurs mois pour l'achat des tissus et du matériel de couture, entre autres, permettant ainsi aux bénévoles de parfaire les tenues pour le jour J. Mais ces derniers ont également bénéficié du soutien de designers et grands couturiers, à l'image de Franck Sorbier, Julien Fournié, ou encore Mossi Traoré, qui ont fait parler leur talent pour concevoir des tenues adaptées, tandis que la maison Carel a partagé son savoir-faire pour chausser les mannequins. Des étudiants des Ateliers d’Alix et de l’IFM Paris ont également apporté leur pierre à l'édifice en créant plusieurs looks pour l'évènement. Un soutien de taille qui témoigne du rapprochement naissant entre les mondes de la mode et du handicap.

"Nombreux sont les invisibles dans l'univers sélectif de la mode, une minorité dont font partie les personnes en situation de handicap. Ce projet a pour ambition de rendre visibles ces personnes par le symbole ultime de l'exposition des corps, sur le podium d'un défilé, de montrer que les individus en situation de handicap sont comme les autres, de favoriser l'inclusivité dans le monde de la mode", peut-on lire en guise d'introduction de la campagne de financement lancée il y a plusieurs mois par le collectif. Non content de tenter de changer le regard de la mode - et du reste du monde - sur les personnes en situation de handicap, le défilé permettra également de récolter des dons qui seront reversés à l'association APF France handicap, qui œuvre pour l'inclusion des personnes handicapées.

Coup de projecteur sur les "invisibles"

Le collectif Yakoborina n'est pas le seul à avoir planché sur un défilé pour mettre en lumière les "invisibles" de la mode. Le 27 octobre dernier, c'est l'association Les Petits Frères des Pauvres qui organisait un défilé pour changer cette fois le regard sur les seniors, lutter contre l'âgisme, et mettre fin aux injonctions liées à la vieillesse. "La mode est un outil d’expression pour lutter contre toute forme de discrimination. [Elle] peut être un moyen de lutter contre les représentations collectives chez soi, par rapport aux aînés, mais aussi par rapport aux femmes qui peuvent avoir le sentiment d'être différentes. C’est un changement de regard collectif", expliquait alors Fanny Berriau, coordinatrice nationale des événements de l'association.

Ces initiatives ponctuelles permettent non seulement de faire du bruit et de mettre l'accent sur certains sujets encore tabous dans l'industrie de la mode, mais aussi d'en enclencher d'autres, et d'encourager les acteurs du secteur à s'engager pour une mode (vraiment) plus inclusive.

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