"Je suis éco-anxieuse quand je pense avoir pris l'avion uniquement pour des week-ends prolongés" (Laure, musicienne professionnelle)

  • Laure  a décidé de ne plus prendre place à bord d'un avion. Laure  a décidé de ne plus prendre place à bord d'un avion.
    Laure a décidé de ne plus prendre place à bord d'un avion. Courtesy of Laure Meurice
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - A l'heure du réchauffement climatique, les enjeux pour l'industrie aéronautique sont gigantesques. Alors que les constructeurs se concentrent sur la réduction des émissions de dioxyde de carbone des appareils, le défi consiste aussi à limiter les effets des traînées de condensation : seuls 12% de vols pourraient générer 80% du réchauffement dû à ces traces de fumée blanche que l'on aperçoit dans le ciel, révélait cet été une chercheuse du Centre aérospatial allemand. A ce jour, décider de ne plus monter dans un avion apparaît comme une solution pour ceux qui ne souhaitent pas participer à ce désastre écologique. Un projet qui ne concerne pas seulement les activistes célèbres, à l'image de la Suédoise Greta Thunberg. A l'occasion de la COP27, nous avons décidé de vous présenter le témoignage de Laure, musicienne professionnelle, qui elle aussi a décidé de ne plus prendre place à bord d'un avion.

A quand remonte votre dernier trajet en avion et à quelle occasion avez-vous dû l'emprunter ?

C'était en 2019. Je souhaitais réaliser une randonnée à Madère. A cette époque, j'avais déjà quasiment arrêté de prendre l'avion, mais la destination n'est logiquement atteignable que de cette façon.

Avant de décider de ne plus monter dans un avion, étiez-vous une passagère régulière ?

J'ai dû le prendre une dizaine de fois, mais je ne considère pas avoir été une passagère régulière. Cependant, lorsque j'étais petite, je rejoignais Lyon depuis Lille car Air France proposait un accompagnement pour les enfants. Ensuite, j'ai réalisé un voyage long-courrier afin de me rendre trois semaines en Australie. Et puis, je suis montée aussi dans l'avion pour réaliser des courts séjours, surtout le week-end afin de visiter Dublin, Rome ou encore Madrid.

Avez-vous déjà éprouvé de l'éco-anxiété, sinon une forme de honte lorsque vous repensez à vos trajets passés en avion ?

Oui j'en éprouve en pensant à mes trajets qui n'ont duré que pour trois jours par exemple. Cela n'avait pas de sens. Je me sens aussi coupable de mes autres comportements qui ne sont pas conformes à mes aspirations écologiques. Cela concerne les aliments suremballés dans du plastique, mais aussi lorsque je n'ai pas d'autres choix que de prendre la voiture pour de très courts trajets.

Quels ont été les éléments déclencheurs pour décider de ne plus prendre l'avion ?

Une prise de conscience progressive de ce qu'on inflige à notre monde. On en parle de plus en plus, mais je ne suis pas sûre que tout le monde réalise comme la Terre souffre. J'ai eu une réflexion globale à propos de ma manière d'occuper la planète. Ainsi, j'ai souhaité évoluer dans mes modes de consommation : je n'achète que des vêtements d'occasion, je suis devenue végétarienne et je souhaite davantage partager avec les autres en participant à des actions citoyennes.

En évitant l'avion, les itinéraires deviennent plus longs et l'on découvre des coins que l'on n'aurait peut-être jamais vus. En avez-vous fait l'expérience ?

De toute façon, on ne découvrira jamais toute la Terre et il y aura toujours des endroits qui nous feront rêver ! Souvent, on ne connaît pas les merveilles qui se trouvent à côté de chez soi ! En voyageant moins loin, on gagne et on prend le temps d'observer les paysages depuis le train. L'année dernière, j'ai réalisé un magnifique voyage en traversant les gorges de l'Allier où les paysages étaient à couper le souffle. Mon séjour a engagé mon conjoint à y retourner seul pour une escapade en canoë. Récemment, je suis partie quelques jours en Suisse et traverser le pays en train était juste incroyable !

A l'inverse, reconnaissez-vous une frustration à l'idée de ne jamais visiter certains pays afin de respecter votre décision de ne plus monter dans l'avion ?

Pour tous les endroits que j'ai envie de visiter, j'ai trouvé la solution : employer le train ou le voilier. Je rêve depuis toujours du Mexique. Et j'aimerais beaucoup aussi me rendre en Suède, un séjour réalisable en train mais les temps de trajets sont plus longs ce qui n'est pas compatible avec mon emploi du temps.

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