Occitanie : la première prison nouvelle génération de France inaugurée à Montpellier par le ministre Dupond-Moretti

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  • Le Garde des Sceaux a inauguré la première prison "Sas" de France sortie de terre. Elle est située à Euromédecine, un quartier nord de Montpellier.
    Le Garde des Sceaux a inauguré la première prison "Sas" de France sortie de terre. Elle est située à Euromédecine, un quartier nord de Montpellier. MIDI LIBRE - JEAN-MICHEL MART
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Ludovic Trabuchet

D’ici avril, 150 détenus intégreront cette structure d’accompagnement vers la sortie. Cet établissement pénitentiaire “Sas” doit faciliter la réinsertion des détenus.

De l’extérieur, le bâtiment ressemble à beaucoup d’autres de ce quartier Euromédecine qui ne cesse de grandir dans le secteur nord de Montpellier. Cela pourrait être une entreprise ou une nouvelle résidence à l’architecture moderne. C’est en fait une prison, ainsi que le révèle la discrète plaque dévoilée par le ministre de la Justice ce mardi 6 décembre. Il n’y a pourtant ni mirador, ni filets de sécurité, pas de mur d’enceinte.

"Sans ostentation, ni stigmatisation"

"L’effort visuel fait sur les façades, l’entrée et la clôture concourt à assumer sa présence sans ostentation, ni stigmatisation", constate avec satisfaction Éric Dupond-Moretti avant de s’engager dans une visite de cette Structure d’accompagnement vers la sortie. Un “Sas”, selon l’acronyme bien choisi, puisque son objectif premier est de faciliter la réinsertion des détenus. Celui de Montpellier est le premier à sortir de terre, au terme d’un chantier à 23 M€.

23 M€

Avant de détailler le dispositif, le Garde des Sceaux passe un portique de sécurité puis une première porte blindée. "Cela reste un lieu de privation de liberté, mais les détenus pourront y circuler librement, en fonction des horaires et à l’aide d’un badge", lui montre le directeur de l’Agence publique pour l’immobilier de la justice (Apij), organisme qui a assuré la maîtrise d’ouvrage. En suivant les couloirs, le ministre parvient aux cellules. Des chambres plutôt. Simples ou doubles, plutôt spacieuses, un peu plus de 10 m² chacune, avec douche. Et vue sur un terrain de football ou la cour équipée d’appareils de musculation.

Ne serait-ce les judas sur les portes ou les lourds tourniquets, le lieu ne ressemble pas à une prison classique. Les panneaux sur les murs indiquent que les pensionnaires pourront disposer d’une salle de sport, d’une bibliothèque, d’une salle d’informatique, d’un lieu de culte… Et, surtout, de nombreuses salles de travail.

C’est là que le ministre s’arrête pour dévoiler ce que seront ces Sas, "des établissements pénitentiaires relevant d’un nouveau concept qui se situe entre la vie carcérale et la vie civile et qui se concentrent sur l’accueil des détenus en fin de peine ou exécutant des peines inférieures à deux ans". À Montpellier, en avril prochain, 150 personnes viendront achever ici leur parcours pénitentiaire.

Responsabiliser le détenu

Éric Dupont-Moretti poursuit : "L’accent sera mis sur la responsabilisation du détenu, afin de l’accompagner sur la voie d’une libération prochaine et de faciliter la construction de son projet de sortie, notamment son projet professionnel. On a expertisé depuis des temps immémoriaux que la sortie sèche, sans accompagnement, est génératrice de récidive. Cet établissement moderne dispose d’une plateforme regroupant l’intervention des différents services compétents : assurance maladie, Caf, Pôle emploi, services sociaux, missions locales…"

Au total, 54 personnels veilleront au quotidien sur ces 150 détenus, l’intendance étant assurée depuis le centre pénitentiaire voisin de Villeneuve-lès-Maguelone, dont la suroccupation (900 prisonniers pour 630 places actuellement) devrait de fait baisser. Le Garde des Sceaux a d’ailleurs replacé cette nouvelle structure dans le vaste plan “15 000” porté par le président de la République. "Ce programme vise à créer 15 000 places de prison supplémentaire d’ici la fin du quinquennat. La moitié des établissements seront opérationnels en 2024, sur la cinquantaine de chantiers en cours. Dix seront livrés dès 2023, dont sept Sas".

Le programme “15 000”

L’objectif de ce plan 15 000 est à la fois "de lutter contre la surpopulation, de garantir des conditions dignes de détention et d’améliorer considérablement le travail des personnels". Mais aussi de diversifier la typologie des établissements afin d’adapter les régimes de détention. Outre 14 Sas, qui à terme proposeront 2 000 places un peu partout sur le territoire, des structures InSERRE (pour Innover par des structures expérimentales de responsabilisation et de réinsertion par l’emploi) vont aussi voir le jour dans l’Est et le Nord, en plus des prisons plus classiques comme celles prévues à Nîmes ou Perpignan.

"C’est ainsi 441 M€ qui ont été budgétés en 2023 pour la concrétisation de ce plan 15 000 lancé par l’ancienne Garde des Sceaux Nicole Belloubet. Son successeur, une fois revenu sur le parvis, a rappelé que le budget de son ministère avait augmenté de 44 %. « Et cette inauguration, aujourd’hui, présage d’une justice qui a du sens pour le détenu, mais aussi pour toute la société et l’ensemble de nos concitoyens", a conclu Éric Dupond-Moretti, avant de filer rencontrer des étudiants.

Les magistrats montpelliérains, eux, n’auront pas croisé leur ministre de tutelle. Ils avaient pourtant un message à lui faire passer. "Au parquet de Montpellier, deux postes de procureur adjoint - bientôt 2,5 - sont vacants. Les cinq juges de l’application de peines ne seront plus que quatre en mai 2023. La création du poste de juge de l’application de peines et d’un poste de substitut promise par le ministre pour janvier 2023 est restée une belle promesse", alerte l’Union syndicale des magistrats, qui craint ne pouvoir faire face au surcroît d’activité induit par cette nouvelle structure.

"Chacun sera au rendez-vous", a toutefois promis à Montpellier le Garde des Sceaux, rappelant sa promesse récente de pourvoir 1 500 postes d’ici… 2027. La justice est une balance parfois difficile à équilibrer.

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Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 1 année Le 07/12/2022 à 08:40

Du 5 étoiles pour la racaille et de la misère pour nos ainés ; l'Etat a ses priorités !
A moins qu'il ne prépare les logements pour tous les ministres empêtrés dans les affaires ?