Agriculture en Aveyron : le pôle de Bernussou, un acteur majeur de la formation des futurs agriculteurs

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  • La pratique mariée à la théorie pour former la relève.
    La pratique mariée à la théorie pour former la relève. Photos - DR
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Paulo Dos Santos

Situé à Villefranche-de-Rouergue, le pôle de Bernussou, qui dépend de la Chambre d’agriculture et qui entretient des collaborations avec l’atelier technologique de Beauregard et l’école d’ingénieurs de Purpan, à Toulouse, s’appuie sur sa propre exploitation support de vaches laitières et allaitantes, de porcs, et d’un atelier de mécanique et de travail du fer pour proposer différentes formations autour de l’élevage et du machinisme. Tout cela sur une centaine d’hectares autour d’un château.

C’est un petit peu "la vie de château" au beau milieu d’une ferme d’apprentissage. À dix minutes du cœur de la bastide de Villefranche-de-Rouergue, le pôle de formation de Bernussou est plus qu’un cadre.

Pôle de Bernussou, un acteur majeur de la formation
Pôle de Bernussou, un acteur majeur de la formation Photos - DR

Une centaine d'hectares pour se former

Une centaine d’hectares, six formateurs permanents, deux secrétaires, un directeur (depuis juin 2022, Jean-Michel Orlhac est aux manettes), des salariés, un élevage de 50 vaches laitières et de 25 vaches allaitantes, un élevage de porcin naisseur-engraisseur de 100 truies, un atelier de mécanique agricole et de travail de fer, le "château" de Bernussou est "reconnu" bien au-delà des frontières du département.

Nous pouvons nous appuyer sur des professionnels en lien avec les filières concernées

"Depuis quelques années, l’agriculture est en constante évolution", explique le responsable. "Ici, nous avons la chance d’avoir tout sur place, ce qui nous permet de réaliser les travaux pratiques, à la fois sur le terrain et dans les ateliers. Comme nous sommes un service de la Chambre d’agriculture, nous pouvons nous appuyer sur des professionnels en lien avec les filières concernées."

Bernussou est ainsi tourné vers un certificat de spécialisation suivant quatre catégories : conduite d’un élevage bovins lait et viande, utilisation et maintenance de tracteurs et de machines agricoles, et production, transformation et commercialisation des produits fermiers. "Pour l’élevage, cela concerne des élèves post-BTS", souligne Jean-Michel Orlhac. "C’est beaucoup de pratique car, jusque-là, les étudiants ont emmagasiné pas mal de théorie. Là, ils apprennent réellement le métier grâce, notamment, à l’intervention des techniciens de la Chambre d’agriculture, de la Fodsa et des vétérinaires de l’école de Toulouse, tout cela au bout de 14 semaines au centre, en alternance avec 38 semaines en entreprise."

Les métiers du conseil en élevage se féminisent de plus en plus

Sans forcément avoir de longues études derrière soi, il est donc possible de se diriger vers le machinisme où un niveau CAP-BEP est requis pour intégrer la formation d’un an. "Il faut surtout de la motivation, complète le directeur. C’est vraiment là-dessus que nous choisissons les candidats. Les futurs agriculteurs doivent avoir des connaissances sur l’entretien et la maintenance des agroéquipements. Cela peut également déboucher sur mécanicien-réparateur. Et, de la même façon que l’élevage, c’est réalisé en alternance."

Le dernier certificat de spécialisation n’en est qu’à sa deuxième année à Bernussou. C’est d’ailleurs la seule formation de ce type dispensée dans le grand Sud-Ouest. "Nous touchons là une profession qui se développe de plus en plus puisque cela concerne les circuits courts".

Les métiers du conseil en élevage se féminisent.
Les métiers du conseil en élevage se féminisent. Photos - DR

Circuits courts

"En collaboration avec l’atelier technologique de Beauregard, dont l’établissement n’est pas très loin, nous permettons à des étudiants de niveau Bac, toujours sur une année, à gérer un atelier de transformation. Chez nous, il s’agit de bovins, pour la partie laitière, et de porcs en ce qui concerne la viande. Les débouchés existent puisque cela va du producteur fermier au responsable (ou salarié) d’un magasin de produits de terroirs en passant par l’auto-entrepreneur agricole."

Enfin, le pôle de Bernussou dispense une formation aux métiers du conseil en élevage, pour trois parcours distincts, en bovins viande et lait, ainsi qu’en porcins. Avec un Bac +2 au minimum, les étudiants sortiront, au bout d’un an, avec un agro-bachelor.

"Depuis cette année, nous avons un partenariat avec l’école d’ingénieurs de Purpan, à Toulouse, qui permet, par exemple, de bénéficier de moyens pédagogiques innovants, met en avant le directeur. Les objectifs sont variés : poser un diagnostic et apporter un conseil technico-économique, accompagner et animer des projets…"

"Il existe notamment des mises en situation de conseils concrètes afin de mieux appréhender les filières. Dans ce domaine, nous recrutons sur le plan national. Le savoir-faire des propres conseillers techniques de la Chambre d’agriculture n’y est pas étranger. D’ailleurs, à terme, nous devrions arriver à 90 apprentis pour ces trois filières car, notamment, cela se féminise de plus en plus."

Des projets à venir

Il n’est là que depuis moins d’un an, mais le directeur Jean-Michel Orlhac ne veut pas rester inactif, à l’affût également de nouveaux dispositifs pour "coller" au mieux à l’évolution du monde agricole. Ainsi, il a pour projet de créer une formation très ciblée pour des salariés spécialisés.

"Par exemple, je suis un agriculteur et j’ai besoin de labourer un champ mais j’ai également d’autres travaux à réaliser dans le même temps. Je peux faire appel un tractoriste qui viendra me suppléer. Et, des spécialités dans cette profession, il n’en manque pas ! À nous de bien cibler les demandes dans cette nouvelle façon d’aborder les formations".

En ce qui concerne la collaboration avec l’atelier technologique de Beauregard, elle va connaître une avancée notable puisque d’ici 2024, un nouveau bâtiment beaucoup plus grand et à la pointe de la technologie est en cours de construction au sein de l’établissement.

"C’est un plus pour notre formation car, actuellement, nous sommes un peu à l’étroit. Lorsque le déménagement aura eu lieu, nous pourrons développer un peu plus le dispositif pédagogique".

Enfin, et comme le met en exergue Jean-Michel Orlhac quand il parle de "métier passion", "l’idée est d’attirer des gens qui ne sont pas tournés vers l’agriculture car il ne faudra pas toujours compter sur la relève familiale. Des jeunes ou des plus âgés en reconversion peuvent très bien s’épanouir dans un monde où il existe un panel important de métiers".

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