Originaire de La Salvetat-Peyralès, Yannick Thomas porte le cirque à bout de bras

Publié le , mis à jour
Rui DOS SANTOS

Animé par une très vive flamme, ce trentenaire de 193 centimètres est un spécialiste (re)connu du main-à-main. Avec trois amis, il a fondé le Cirque Le Roux, troupe basée dans les Landes et qui montera sur la scène de La Baleine à Onet-le-Château, mercredi 22 mars à 20h30.

Complet ! Comme cela a été, par exemple, le cas pour le concert (très) original des trois frères Colle, baptisé "Drum brothers" au début du mois de février. Comme ce sera encore encore d’actualité pour "Car/Men" (danse) et "Les Franglaises" (musique), respectivement, les 4 et 18 avril, les quelque 500 fauteuils de La Baleine à Onet-le-Château ont très vite trouvé preneurs pour le spectacle "La nuit du cerf", programmé mercredi 22 mars, à 20h30.

A l’affiche de cette comédie excessive, burlesque et décalée, six personnages étonnants, hauts en couleurs, charismatiques et drôles du Cirque Le Roux, une troupe basée à Labenne, dans les Landes : Lolita Costet, Valérie Benoît, Grégory Arsenal, Philip Rosenberg, Andrei Anissimov et Yannick Thomas. Celui sera le régional de l’étape (de l’épate ?) puisqu’il est originaire de… La Salvetat-Peyralès !

Car, s’il est né, en 1988, à Houilles-Carrières-sur-Seine, dans les Yvelines, ce trentenaire n’a pas oublié que ses racines paternelles ont puisé leurs forces à Blauzac, un hameau situé à trois kilomètres de La Salvetat et perché au-dessus de la vallée du Viaur, sur la route qui plonge, en lacets, vers le Port de la Besse. C’est là qu’il a passé les vacances de son enfance et de son adolescence, ainsi que pas mal de repas de Noël.

Il a donc vu le jour en banlieue parisienne, héritage de la montée à la capitale de ses grands-parents dans les années 50, mais, à l’âge de 8 ans, il a suivi ses parents dans les Landes. Il aurait pu s’inscrire au rugby, une des religions du pays, mais il a choisi le cirque. Il n’a pas oublié : "Le virus ne circulait pas dans la famille mais j’avais fait de la gymnastique un peu plus jeune. Et puis, quand j’étais enfant, avec ma grand-mère, qui s’est beaucoup occupé de moi, on regardait le cirque à la télé".

Yannick Thomas s’est très vite passionné pour cette discipline, tant et si bien que, après avoir fait ses classes à Capbreton, il a intégré, à l’âge de 14 ans, le lycée de Châtellerault pour un sport-études cirque. Il a ensuite traversé l’Atlantique pour poursuivre son apprentissage, durant trois ans, à Montréal. Après avoir, selon son expression, "touché un peu à tout dans l’univers circassien". A ses débuts, il a eu "un coup de foudre" pour le main-à-main, une discipline pratiquée donc en duo et enchaînant les portées acrobatiques.

Une "pensée émue" pour sa grand-mère Odette

"Plus grand et plus costaud que les autres", cet échassier landais de 193 centimètres pour 90 kilos est devenu porteur, "les pieds sur terre". "Mon truc, c’est de jeter les partenaires en l’air et de les rattraper, s’amuse-t-il. Principalement. Mais, j’ai d’autres qualités !". Les 500 privilégiés qui prendront place à La Baleine le 22 mars pourront le vérifier…

Pour les premiers pas de sa carrière professionnelle, "pour faire ses armes", confirme-t-il, il a multiplié les expériences : deux années de cabaret en Allemagne, une année au sein des Sept doigts de la main, une compagnie québécoise, ou encore quelques mois à New York pour du music-hall à Broadway. "Je voulais que ma palette soit la plus large et la plus complète possible", insiste-t-il.

L’heure avait alors sonné de voler de ses propres ailes et Yannick Thomas a donné naissance, en 2014, au Cirque Le Roux avec trois associés : Grégory Arsenal, son pote de vingt ans avec lequel il avait grandi dans les Landes, l’Américain de San Fransisco Philip Rosenberg, qu’il a connu à Montréal, et Lolita Costet, qui a fréquenté en même temps que lui le lycée de Châtellerault. Ces mousquetaires circassiens ont créé un premier spectacle, "Theelephant in the room", joué plus de quatre cents fois dans une dizaine de pays à travers la planète.

Deux autres acrobates, Valérie Benoit et Andrei Anissimov, rencontrés quelques années plus tôt à Montréal, les ont rejoint en 2019 pour mettre sur orbite une deuxième création, baptisée "La nuit du cerf", "un spectacle époustouflant qui se regarde avec légèreté, absurdité et effroi" (c’est ainsi que Yannick Thomas en parle) qui sera donc présenté dans la salle castonétoise dans quelques jours, dans le cadre d’une tournée qui a mené la compagnie tout récemment au Chili et, à partir du 19 avril, au Canada.

Entre temps, elle va se produire à Montélimar, à Vierzon, à Fontenay-le-Comte... Alors qu’il est déjà monté sur scène à Albi, Yannick Thomas avoue qu’il va vivre un baptême professionnel en Aveyron. "C’est évident que cette soirée à Onet-le-Château aura une saveur particulière, reconnaît-il. Elle me tient à cœur car il y aura ma famille et puis, même si je n’ai pas beaucoup de temps d’y retourner, ce département compte énormément pour moi".

Vivant à Soustons, il aura "une pensée tout particulière" pour Odette, sa grand-mère paternelle, qui avait soufflé ses cent bougies en décembre et qui est décédée voilà quelques jours. "Je prendrai le temps de passer sur sa tombe", glisse-t-il, très ému.

Un hommage aux œuvres cinématographiques

Des émotions fortes, il en ressent également quand il pratique cette discipline qui est devenue sa profession et qui nourrit son quotidien. Et s’il ne cache pas que "le main-à-main demande de la force, de l’endurance", l’enfant de La Salvetat-Peyralès met l’accent également sur "la relation avec le partenaire" : "Bien sûr qu’il y a la performance physique mais, pour cela, il suffit de s’entraîner régulièrement. En revanche, il ne faut pas négliger le fait que l’efficacité du duo repose sur la confiance".

Il insiste aussi sur "le travail au niveau de la chorégraphie" : "Nos spectacles s’inspirent du 7e art, ils sont un hommage aux œuvres cinématographiques. Le spectateur vient voir un film, une pièce de théâtre. Chaque prouesse technique a du sens".  Il est intarissable sur le sujet : "Notre objectif est de faire voyager le public. Il doit y avoir du rire, de la sensibilité, des larmes".

Yannick Thomas fête cette année ses 35 printemps et il semble décidé à poursuivre sa croissance. "Quand je serai grand, je ferai du cirque !, lance-t-il dans un immense éclat de rire. C’est un métier que je trouve fabuleux. Je fais plus que porter car il y a également la maîtrise de la mise en scène, la danse, le jeu d’acteurs...".

Et quand il n’est pas sur scène, il va "voir jouer les amis car c’est une petite famille". Notamment le cirque traditionnel "qui m’a mis des étoiles dans les yeux quand j’étais petit". Avec ses acolytes du Cirque Le Roux, il planche aussi sur une nouvelle création qui va sortir en septembre au Bon marché rive gauche, à Paris. Elle sera à l’affiche durant quatre mois, du jeudi au samedi. Mais, il n’en dira pas plus !
 

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?