Rieupeyroux. Théâtre : "Désaxé", spectacle incroyable

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  • Hakim Djaziri, à la fois auteuret comédien, fait de la prévention,via le théâtre.
    Hakim Djaziri, à la fois auteuret comédien, fait de la prévention,via le théâtre.
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CORRESPONDANT

Soixante-quinze personnes assistaient à la représentation de "Désaxé" ce vendredi au centre culturel de Rieupeyroux. Un spectacle bouleversant, un auteur et acteur engagé, sur un thème dur, mais nécessaire ; une soirée pour réfléchir, se poser des questions, se sentir tous concernés par un

Problème de société que nous ne pouvons nier : la radicalisation. Un spectacle que tout le monde devrait voir.

Pour faire avancer, pour changer les regards, faire prendre conscience du pourquoi et du comment on en arrive à des dérives. L’art comme moyen de sortir du marasme, comme moyen de s’en sortir tout court, l’art comme vecteur pour aider les autres… Quel dommage que le public nombreux habituel du centre culturel n’ait pas été au rendez-vous. Hakim Djaziri, avec un texte en grande partie autobiographique, et des larmes plein les yeux, dénonce un processus de déstructuration qui aboutit à la rupture identitaire.

La radicalisation est le résultat de la frustration et de la colère accumulées : une perte de repères aux origines sociales et non pas religieuses. Lui-même, enfant aimé dont les parents ont toujours montré l’exemple, n’a pas pu supporter les injustices de l’exil, les brutalités subies au collège, au lycée, la dégradation de l’image de soi, et a répondu à ces violences morales par la violence physique. Fragilisé par ce qu’il subissait, vulnérable, ayant perdu foi en l’avenir, sans perspective, incapable d’attraper la main tendue à cause d’un sentiment de culpabilité exacerbé, il s’est laissé influencer et embrigader par les extrémistes.

Il cite son père qui lui rappelle qu’on a toujours le choix : "Arrête ! Comporte-toi en homme ! Tu as fait une connerie, tu assumes ! Tu as choisi !". "Il faut aimer : partout, tout le temps. Apprends à aimer tes failles et tes faiblesses."

L’auteur prône les vertus du théâtre, qui l’a sauvé et lui a permis de retrouver l’amour de la vie, la force de retrouver les siens, de choisir l’amour. Il se bat depuis 18 ans pour faire du théâtre un moyen de prévention ; pour travailler auprès de jeunes pour leur apprendre ouverture d’esprit, tolérance, esprit critique, citoyenneté, civisme ; pour convaincre les pouvoirs publics qu’il faut développer des structures, mener des actions, créer un maillage local pour éviter que certains jeunes ne basculent, pour leur permettre d’intégrer un parcours citoyen, artistique, susceptible de leur faire connaître la reconnaissance et la réussite dont ils ont besoin pour retrouver l’estime de soi et regarder devant.

Dans le cadre du dispositif "Arts vivants au collège" porté par le département, les élèves de 4e et 3e des collèges Lucie-Aubrac et Dominique-Savio ont bénéficié d’un atelier théâtre de trois heures animé par la comédienne Leïla Guérémy, avant d’assister à une représentation scolaire du spectacle, à laquelle ont pu assister également des jeunes suivis par la protection judiciaire de la jeunesse, dont certains vivent au centre éducatif fermé de Limayrac.

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