Tentative de meurtre à Saint-Affrique : jusqu'à 6 ans de prison contre les auteurs de l'expédition punitive

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Aurélien Delbouis

Après sept jours de procès, la cour d’assises a rendu son verdict avec des peines comprises entre 3 et 6 ans d’emprisonnement, les plus légères assorties du sursis.

Plus d’un an d’enquête, un dossier d’instruction long comme le bras, sept jours de procès, des dizaines de rapports d’expertise, autant d’enquêtes de personnalités, trente-cinq témoignages, une douzaine de témoins, neuf jurés, deux victimes, cinq accusés… À l’heure de faire les comptes, le dossier qui a occupé la cour d’assises de l’Aveyron ces sept derniers jours, en impose.

Accusés de tentative de meurtre sur les personnes d’Anthony S. et Anthony A. pour des faits qui remontent au 5 mars 2020, cinq hommes, la trentaine, étaient entendus depuis le 11 avril pour avoir cette nuit-là, pénétré au domicile des deux occupants dans le but de leur « faire peur », de les « intimider ». S’en était suivie une scène d’une « incroyable violence », « une avalanche de coups ». Coups de poing, de pieds, de crosse de revolver factice, de couteau, ciseaux, poings américains…

Résultat d’une « expédition punitive » orchestrée entre Saint-Affrique et Marseille où vivent quatre des accusés. Le cinquième, Wolfgang B. Saint-Affricain d’adoption, est décrit comme celui par qui le drame arrive. « L’instigateur qui n’assume pas, reprend l’avocat général évoquant à son adresse, l’image des trois singes de la sagesse. Rien vu, rien entendu, rien dit. »

Oisiveté et alcool

« Wolfgang B est le premier responsable de ce qui s’est passé, c’est lui qui est à l’origine dans cette nuit du 3 mars 2020, c’est lui qui deux mois auparavant a une embrouille de poivrots, une altercation avec les deux victimes, développe son conseil. C’est lui qui deux mois auparavant, parce que le ton monte, parce que l’alcool fait son effet, est sur le point de se battre », rappelle son conseil durant la plaidoirie.

Il est bousculé, tombe, se blesse, saigne, puis va rejoindre sa compagne pour lui dire avoir été agressé. Dans les rues de la petite cité du Sud-Aveyron, la rumeur va se répandre. « L’embrouille entre poivrots » se mue en une attaque au couteau dont il aurait été la victime. Il ne dément pas. Ces connaissances marseillaises entreront bientôt dans cette danse malsaine où la « rumeur », « l’orgueil mal placé », l’oisiveté et l’alcool font office de carburant. La suite est à l’avenant.

« Une bande d’imbéciles », « de pieds nickelés dangereux » venus de Marseille à Saint-Affrique pour laver l’affront au volant du break familial de l’un d’entre eux, facilement identifiable. S’ils ne contestent pas les faits, les accusés auront cette semaine durant tenté de minimiser leur implication devant les jurés. Entre l’enquête et les témoignages à la barre, pas moins de 50 versions de cette même soirée qui pour la plupart se contredisent. « De ce brouillard » rien ou pas grand-chose n’aura finalement émergé. Si ce n’est, pour « les trois Marseillais », la sensation d’avoir été manipulés.

« En général, on demande aux jurés d’avoir une impression générale du dossier. Jamais une photographie. Plutôt un tableau ensemble, avise l’avocat général. Quand les faits sont simples, c’est un clair-obscur à la façon d’un Rembrandt. Parfois c’est un mauvais puzzle avec d’énormes trous. Là pour moi, nous avons affaire à du street-art avec beaucoup de ratures. »

Acquittés du chef de tentative de meurtre, conformément au réquisitoire de l’avocat général, estimant n’avoir pas suffisamment d’éléments pour valider cette qualification, les cinq accusés seront finalement reconnus coupables de violences aggravées par trois circonstances. Déjà incarcéré, Davy M. « chien fou », écope de la peine la plus lourde avec six ans de prison. Wolfgang B. « l’instigateur qui n’assume pas » est condamné à cinq ans d’emprisonnement dont un an avec sursis. Le jury décernant un mandat de dépôt à l’audience.

S’agissant du cas des « trois Marseillais », les jurés condamnent Davy M., Ahmed C., et Soilihi. H à une peine de trois d’emprisonnement assortie du sursis dans sa totalité. « Il y a deux situations dans ce procès. D’un côté, ceux qui ont voulu, qui ont agi. De l’autre, ceux qui ont suivi », avait plaidé l’avocat de Bryan M. Sur ce point, les jurés semblent l’avoir suivi.

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