Décès de François Léotard : la droite des années 1980-1990 perd une figure et son trublion

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  • François Léotard en 2010, alors qu'il était déjà retiré de la vie politique.
    François Léotard en 2010, alors qu'il était déjà retiré de la vie politique. MAXPPP - DELPHINE GOLDSZTEJN
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Vincent Coste

François Léotard, ex-maire de Fréjus et ancien député du Var, fut ministre de la Culture et de la Défense, dans des gouvernements de cohabitation. Il est décédé ce mardi 25 avril à l'âge de 81 ans.

À l’heure où un Aurélien Pradié est régulièrement évoqué en trublion de la droite, déboulonneur de statues et de totems de son propre camp, ambitieux s’imaginant un destin, apprendre le décès de François Léotard, ce mardi 25 avril, à l’âge de 81 ans, suscite un petit écho. On n’ira pas jusqu’à écrire que l’actualité récente de l’un fait à coup sûr songer à ce qu’incarna l’autre, mais convenons que le côté enfant terrible de sa propre famille les rapproche.

"Il aurait pu être président"

La droite française de gouvernement en a compté d’autres, certes. Mais à la figure politique de François Léotard reste attachée cette image de rebelle bravache, qui visa Matignon et songea à l’Élysée. "Il aurait pu être Président. Jeunes nous y avons cru" se souvenait ce mardi, Jean-Pierre Raffarin à l’annonce de son décès.

Maire de Fréjus, six fois élu député du Var

L’ex-Premier ministre revivait là leurs années communes à l’UDF (Union pour la démocratie française), la formation politique conçue par et pour Valéry Giscard d’Estaing, qui regroupait des partis centristes ou de la droite non gaulliste. Et dont ils furent des personnages emblématiques.

Dans les pas de son père

Mais avant cela, François Léotard, né à Cannes, avait entamé sa carrière politique en mettant ses pas dans ceux de son père. Devenant, comme lui, maire de Fréjus, en 1977. Il le restera pendant vingt ans, faisant du Var sa terre d’élection, où il sera notamment élu député à six reprises (et où il combattra durement le Front national).

A la tête de l'UDF

En parallèle, durant les décennies 1980 et 1990, il présida le Parti Républicain, une composante de l’UDF, puis l’UDF elle-même, tout en ferraillant avec les gaullistes et les chiraquiens du RPR, à la tête de sa "bande à Léo". Qui comptait Gérard Longuet ou Alain Madelin comme autres bretteurs.

De Jacques Chirac, il sera finalement le ministre de la Culture (de 1986 à 1988, avec François Mitterrand à l’Élysée), alors qu’il visait la Défense. Poste qu’il décrochera et occupera de 1993 à 1995, lors d’une autre période de cohabitation, avec Edouard Balladur à Matignon.

Des affaires

Son parcours sera aussi entaché de diverses affaires. Impliqué dans l’affaire Karachi, un dossier de rétrocommissions illégales sur des contrats vendus au Pakistan et des frégates destinées à l’Arabie saoudite, François Léotard a été condamné en 2021 par la Cour de justice de la République à deux ans de prison avec sursis et 100 000 € d’amende pour complicité d’abus de biens sociaux.

Il avait fait l’objet de deux autres condamnations, dont l’une, en 2004, de dix mois avec sursis pour blanchiment et financement illicite d’un parti. Ces ennuis judiciaires, et des soucis de santé, l’avaient conduit à arrêter la politique en 2001, année de la disparition de son frère, l’acteur Philippe Léotard.

"Un esprit libre"

"Avec sa disparition, nous perdons un esprit libre, un homme de livres et d’engagement" a salué ce mardi Emmanuel Macron. Alors que depuis la Lozère, un autre ex-cadre de l’UDF se souvenait de François Léotard : "Je suis très peiné, c’était un bon ami, très sensible, d’une grande finesse d’analyse et d’une culture authentique, à qui j’avais eu le privilège de passer la main. C’est lui qui m’avait succédé à la tête du Parti républicain" se rappelait Jacques Blanc, ex-président de la région Languedoc-Roussillon.

Qui n’oubliait pas de confier ces moments d’intimité vécus avec le Varois, "dans un magasin à Paris pour trouver un jouet à son fils, un repas partagé dans une cellule de moines à Villeneuve-lès-Avignon, ou ce semi-marathon Marvejols-Mende qu’il était venu courir en Lozère… C’était un homme très attachant, vraiment…"

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