Le roquefort contre le Nutri-Score : "Pour les fromages AOP, la notation reste toujours aussi injuste", déplore la filière

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  • Le Roquefort obtient un Nutri-Score E.
    Le Roquefort obtient un Nutri-Score E. Illustration - Pexels
Publié le , mis à jour
Laure Lude

Depuis sa création, la filière du roquefort se dresse contre le Nutri-Score. Avec une note de E, les producteurs estiment que le dispositif met en péril la pérennité des fromages AOP.

La Confédération générale de Roquefort (CGR) poursuit sa lutte contre le Nutri-Score. En effet, depuis plusieurs années déjà, la filière aveyronnaise dénonce le dispositif qu'il juge injuste et inadapté, notamment pour les fromages d'appellation d'origine protégée (AOP).

Selon Sébastien Vignette, secrétaire générale de la CGR, Santé Publique France, à l'origine de la mise en place de la notation, "se trompe de cible" en attribuant au roquefort, jugé trop gras et trop salé, la note de E.

"Nous appliquons une recette ancestrale"

"Nous demandons toujours l'exemption du Nutri-Score pour les fromages AOP, comme le roquefort, qui permet de consommer local et bon, de préserver la diversité des goûts et de transmettre un patrimoine agricole, gastronomique et culturel", explique Sébastien Vignette.

Selon lui, le problème réside dans l'incapacité des producteurs à modifier leur recette, à l'image de grands industriels qui, mal notés, ont pu revoir la composition de leurs produits alimentaires.

"En tant que roquefort AOP, nous appliquons une recette ancestrale qu’on ne peut pas modifier. Nous avons des cahiers des charges strictes. Je ne peux pas utiliser du lait écrémé et pasteurisé, des texturants pour remplacer le gras et des conservateurs chimiques pour remplacer le sel. S'il s'agit de contraindre les industriels à modifier leurs recettes, à supposer qu’ils le fassent dans le bon sens - sans avoir recours à l’ultra-transformation et aux additifs et aux procédés de transformation complexe - c’est à eux que doit être réservé le Nutri-Score" déplore-t-il. 

La crainte d'une perte de vitesse économique

Autre ombre au tableau pour Sébastien Vignette : le manque de précision du logo. "Il ne tient pas compte des micronutriments d'intérêts - vitamines, phosphore, oligo-éléments - et les protéines et le calcium sont faiblement considérés. En plus, le Nutri-Score n'informe pas des additifs ni du procédé de transformation", précise le secrétaire général. La CGR s'étonne notamment que son fromage de brebis soit comparé à des produits ultra-transformés "surtout quand l'algorithme ne dit rien des procédés au consommateur alors qu'on connaît ses effets néfastes sur la santé !". 

En parallèle, la filière du Roquefort craint également pour son économie qui pourrait, selon elle, basculer à cause de sa mauvaise note qui entraînerait une baisse significative des ventes. "Nous faisons vivre près de 2800 éleveurs et 2000 salariés directs sur des produits non délocalisables et qui s’inscrivent sur un territoire ou parfois aucun autre type d’agriculture est possible, notamment dans les zones de montagne", explique Sébastien Vignette.

"Il y a encore beaucoup de choses à changer"

"Les promoteurs du Nutri-Score appellent à diminuer la consommation des produits les moins bien notés et à augmenter la consommation des produits les mieux notés. C’est énervant car on laisse penser, par des notes, que les aliments les mieux notés sont bons pour la santé et que les autres sont mauvais alors que c’est plus complexe que cela", déplore-t-il. 

Concrètement, la confédération générale de Roquefort demande désormais "un système qui rend la juste place du fromage dans un régime alimentaire équilibré. Les fromages ont des atouts de santé reconnus. Bien sûr tout dépend de la quantité mais il y a encore beaucoup de choses à changer dans la notation", recommande la CGR. 

Concernant les dernières modifications de l'algorithme de calcul, ce n'est pas suffisant pour la filière Roquefort. "On ne s'attaque pas à tous les défauts du logo. Pour les fromages AOP, le Nutri-Score reste aussi injuste", estime Sébastien Vignette. 

SOURCE : La Dépêche du Midi

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Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 11 mois Le 22/05/2023 à 09:56

Il est évident qu'il y a des failles dans le nutri-score car personne consomme 100g de fromage à la fin du repas !
Il est surprenant que ses créateurs ne le réalisent pas et laissent ainsi pénaliser injustement un produit de très grande qualité !