Les jeunes perdent de plus en plus le goût de l’écriture

  • Les filles ont tendance à plus prendre la plume sur leur temps libre que les garçons, quel que soit leur âge.
    Les filles ont tendance à plus prendre la plume sur leur temps libre que les garçons, quel que soit leur âge. Anna Gorbacheva / Getty Images
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Mails, SMS, réseaux sociaux… Les nouvelles technologies ont profondément modifié notre rapport à la communication écrite. Si partager ses écrits est plus que jamais à la portée de tous, un nouveau rapport britannique s’alarme du fait que les jeunes semblent avoir perdu le goût des lettres.


Cette enquête a été réalisée par l’association National Literacy Trust auprès de 71.351 enfants et adolescents britanniques, âgés de 5 à 18 ans. On y apprend que seul un tiers des jeunes interrogés (34,6%) aime écrire sur son temps libre. C’est le niveau le plus bas jamais atteint depuis que le National Literacy Trust a commencé en 2010 à collecter des données sur le goût de l’écriture chez les enfants et les adolescents vivant au Royaume-Uni, et une baisse de 26% sur treize ans. Dans les faits, les jeunes perdent leur attrait pour l’expression écrite à mesure qu’ils prennent de l’âge. Ainsi, 72% des enfants entre 5 et 8 ans disent s’adonner à cette activité sur leur temps libre, contre seulement 28,5% des jeunes âgés entre 16 et 18 ans.

On observe également des disparités entre les jeunes vis-à-vis de l’écriture "loisirs" en fonction de leur genre et de la catégorie socioprofessionnelle de leurs parents. Ainsi, les filles ont tendance à plus prendre la plume sur leur temps libre que les garçons, quel que soit leur âge. Ce clivage n’est pas sans rappeler celui qui oppose les deux sexes vis-à-vis de la lecture, cette autre activité liée à l’écrit que les garçons délaissent plus facilement à l’adolescence.

Étonnamment, les enfants et les adolescents les plus défavorisés (c’est-à-dire ceux qui reçoivent des repas gratuits à l’école) sont plus nombreux à écrire pour leurs loisirs que leurs camarades qui ne bénéficient pas de cette gratuité. Et ce, quel que soit leur genre. Une tendance qui perdure depuis les années 2010, comme le souligne le rapport du National Literacy Trust. L'école donne envie d'écrire

Si les jeunes se plongent de moins en moins dans les joies de l’écriture de leur propre initiative, ils ne se détournent pas totalement de ce moyen d’expression. Plus de deux enfants et adolescents sur cinq s’adonnent avec plaisir à l’écriture à l’école (43,9%), contre 34,6% dans le cadre de leurs loisirs. Plusieurs témoignages recueillis dans l’étude expliquent ce phénomène par le travail d’accompagnement à l'écriture que mènent les enseignants auprès des élèves, et particulièrement les plus jeunes. "Je n'aime écrire qu'à l'école, parce que je peux me faire aider. À l'école, je peux laisser libre cours à mon imagination et laisser mes idées se matérialiser sur une feuille de papier", a déclaré une adolescente en classe de troisième (l’équivalent français du year 10 britannique). Les SMS et autres messages instantanés sont les formes d’écriture les plus populaires auprès des enfants et des adolescents britanniques, suivi par les messages échangés par le biais de jeux vidéo. Seuls 26,8% des jeunes interrogés écrivent des œuvres de fiction ou des nouvelles à la main, et 20,1% sur un ordinateur ou un téléphone portable. Ils sont plus nombreux à tenir un journal intime ou à rédiger des lettres (respectivement 29,9% et 27%).

Le National Literacy Trust incite les pouvoirs publics à encourager le désir d’écrire chez les jeunes dès le plus jeune âge, afin de développer leurs aptitudes au-delà de l’expression. "Le plaisir d'écrire doit être encouragé, protégé et nourri en priorité. La réduction de la place accordée à l'écriture créative dans les programmes scolaires peut affecter la motivation et le plaisir des enfants pour l'écriture, ce qui peut, à son tour, affecter leur confiance en eux et leurs compétences en lecture et en écriture. Nous devons donner la priorité à l'écriture loisir et reconnaître son importance pour aider les enfants à exprimer leurs pensées et leurs sentiments lorsqu'ils donnent un sens au monde qui les entoure", a déclaré Jonathan Douglas, directeur général du National Literacy Trust, dans un communiqué.

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