Rébellion de Wagner : mutinerie ou tentative de coup d’État ? La Russie en pleine crise

  • Vladimir Poutine est intervenu samedi matin à la télévision, tandis que des points de contrôles étaient mis en place dans tout Moscou. MAXPPP Vladimir Poutine est intervenu samedi matin à la télévision, tandis que des points de contrôles étaient mis en place dans tout Moscou. MAXPPP
    Vladimir Poutine est intervenu samedi matin à la télévision, tandis que des points de contrôles étaient mis en place dans tout Moscou. MAXPPP - MaxPPP
Publié le
Centre Presse Aveyron

La rébellion du chef du groupe militaire Wagner, qui a envoyé une colonne blindée vers Moscou avant de faire volte-face, a marqué une folle journée qui a déstabilisé le pouvoir du Kremlin.

Tension et confusion ont plongé samedi la Russie dans la crise, lorsque Evgueni Prigojine, le chef de la puissante société militaire privée Wagner, a pris le contrôle de la ville de Rostov, avant de lancer une colonne blindée et plusieurs milliers d’hommes en direction de Moscou.

Poutine remercie Loukachenko

Peu après 19 h, le chef des mercenaires russes a fait volte-face, en demandant à ses hommes de regagner leurs quartiers. "En 24 h, nous sommes arrivés à 200 km de Moscou. Maintenant est arrivé le moment où le sang peut être versé. Conscient de la responsabilité de l’un des camps dans l’effusion de sang russe, nous faisons demi-tour". Au même moment, Alexandre Loukachenko, président de la Biélorussie, annonçait avoir convaincu le leader de Wagner d’accepter "des mesures pour une désescalade des tensions". Peu après, Vladimir Poutine a remercié la présidence biélorusse "pour le travail accompli", selon un communiqué de Minsk.

Au matin, Vladimir Poutine avait pris la parole à la télévision pour dénoncer "la trahison" du groupe Wagner et promettre "une réponse implacable", en dénonçant "un coup de poignard dans le dos". Sur un ton dramatique, le chef du Kremlin a affirmé : "Nous nous battons pour la vie et la sécurité de notre peuple, pour notre souveraineté et notre indépendance", évoquant également le risque de "guerre civile".

Des blindés déployés près de la place Rouge

Très rapidement, des mesures de sécurité ont été prises à Moscou. Des blindés ont été déployés près de la place Rouge, des check-points mis en place dans les rues de la capitale, des barrages sur les autoroutes la reliant au sud du pays, et le régime d’opération antiterroriste décrété sur la région, qui permet un contrôle accru sur la population.

Dans l’après-midi, près de Voronej, à 500 km au sud de la capitale, des hélicoptères de l’armée russe ont ouvert le feu sur un convoi de Wagner remontant en direction de Moscou par l’autoroute M4, et un dépôt de carburant a été le théâtre d’un énorme incendie, peut-être à la suite d’une opération militaire russe. Un autre convoi de Wagner a été signalé dans la région de Lipetsk, à environ 300 km de Moscou où les autorités régionales ont demandé aux habitants de rester chez eux pour raison de sécurité.

Répondant à Vladimir Poutine, Evgueni Prigojine a présenté ses mercenaires comme des "patriotes", lancés dans une initiative pour libérer la Russie "de la corruption, des mensonges et de la bureaucratie" et a assuré qu’aucun de ses mercenaires n’accepterait de déposer les armes, comme le leur a demandé Vladimir Poutine.

Se disant fort de 25 000 combattants, le chef de Wagner s’était dit déterminé à "aller jusqu’au bout" pour que le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, et le chef d’état-major de l’armée, Valéry Guerassimov, rendent des comptes au peuple russe pour leur incurie. Virulent, Evgueni Prigojine a accusé les deux hommes d’avoir conduit des dizaines de milliers de soldats russes au massacre en Ukraine, de chercher à cacher des pertes pouvant s’élever jusqu’à mille morts par jour, et même d’avoir ordonné un bombardement de ses propres combattants du groupe Wagner.

Prigojine devra s'installer en Biélorussie 

En début de soirée, les forces de Wagner ont commencé à se retirer de Rostov, tandis que le porte-parole du Kremlin détaillait l’accord négocié par Loukachenko : les combattants de Wagner qui n’ont pas participé à la rébellion devront signer un contrat avec le ministère de la Défense, les autres ne seront pas poursuivis "en reconnaissance des services rendus". Les poursuites pénales contre Evgueni Prigojine sont abandonnées, mais ce dernier devra s’installer en Biélorussie.

 

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?