Rébellion de Wagner en Russie : retour au calme, mais le coup d’éclat de Prigojine garde tout son mystère

  • Evgueni Prigojine n’a pas été revu depuis samedi soir, et le départ de ses soldats, acclamés par certains habitants, de la ville de Rostov.  Evgueni Prigojine n’a pas été revu depuis samedi soir, et le départ de ses soldats, acclamés par certains habitants, de la ville de Rostov. 
    Evgueni Prigojine n’a pas été revu depuis samedi soir, et le départ de ses soldats, acclamés par certains habitants, de la ville de Rostov.  MaxPPP
  • Evgueni Prigojine n’a pas été revu depuis samedi soir, et le départ de ses soldats, acclamés par certains habitants, de la ville de Rostov. 
    Evgueni Prigojine n’a pas été revu depuis samedi soir, et le départ de ses soldats, acclamés par certains habitants, de la ville de Rostov.  MaxPPP
  • Mesures de sécurité à Moscou, où la place Rouge reste interdite. Mesures de sécurité à Moscou, où la place Rouge reste interdite.
    Mesures de sécurité à Moscou, où la place Rouge reste interdite. MaxPPP
  • Un missile russe a atteint Kiev samedi, faisant cinq morts.
    Un missile russe a atteint Kiev samedi, faisant cinq morts. MaxPPP
Publié le
Centre Presse Aveyron

Au lendemain du défi lancé par Evgueni Prijogine à Vladimir Poutine, suivi d’une brusque volte-face, le chef de la milice privée, censé s’exiler en Biélorussie, n’a pas réapparu publiquement.

Au lendemain d’une journée folle, où le Kremlin a semblé vaciller, le calme est revenu dimanche en Russie, tandis que les soldats du groupe privé Wagner qui avaient pris samedi le contrôle de Rostov et mené une colonne blindée jusqu’à 200 kilomètres de Moscou ont regagné leurs casernements.

Le statut d'opération antiterroriste maintenu

Une partie des restrictions de circulation ont été levées à Rostov, dans la région de Voronej et de Lipetsk, tandis que le statut d’opération antiterroriste, qui donne des pouvoirs accrus aux forces de sécurité, était maintenu à Moscou, tout comme la journée fériée de ce lundi, décrétée samedi par le maire, pour inciter les habitants à rester chez eux.

Derrière ce calme apparent, chacun s’interroge sur les ressorts de ce spectaculaire coup de force organisé par Evgueni Prigojine, le patron du groupe Wagner, pour "libérer le peuple russe." Il a été vu pour la dernière fois samedi soir quittant Rostov en SUV, acclamé par certains habitants, et devait rejoindre la Biélorussie, selon l’accord annoncé par Alexandre Loukachenko, promettant l’arrêt des poursuites annoncées par Vladimir Poutine en échange de cet exil.

"Il dit bonjour à tout le monde, et répondra aux questions lorsqu’il aura une meilleure connexion téléphonique", s’est borné à indiquer dimanche son service de presse au média russe RTVI. L’un des canaux de communication préféré de l’ancien cuisinier du Kremlin, son compte sur le réseau Vkontakte, l’équivalent russe de Facebook, a été supprimé à la demande du procureur général, qui avait lancé la veille une enquête pour trahison.

Les services secrets américains savaient depuis une dizaine de jours

Selon le New York Times et le Washington Post, les services secrets américains savaient depuis une dizaine de jours qu’Evgueni Prigojine préparait "une action militaire contre de hauts responsables de la défense russe", et Vladimir Poutine l’aurait également appris cette semaine.

En conflit depuis plusieurs mois avec le ministre de la Défense russe Sergueï Choïgou, Evgueni Prigojine aurait pu vouloir ainsi échapper à la perspective d’une reprise en main de ses hommes, face à un projet d’enrôlement dans l’armée russe porté par le ministère.

La prise de Rostov et l’envoi de colonnes armées vers Moscou auraient pu être un énorme coup de bluff, dans une partie de poker menteur qui l’oppose à ses partenaires dans la guerre en Ukraine, sur fond d’importants intérêts financiers, le groupe Wagner étant une entreprise internationale particulièrement rentable.

Connu pour son impulsivité et son ego, Evgueni Prigojine n’a en tout cas pas franchi la ligne rouge qu’aurait été un affrontement militaire sanglant avec l’armée russe, sur le sol de sa patrie. Mais cet affront lancé à la face de Vladimir Poutine, dont on connaît le côté rancunier et la capacité à mener des vengeances personnelles à long terme, risque de laisser des traces.

Emmanuel Macron : "Cela montre les divisions"

"Cela montre les divisions qui existent au sein du camp russe, la fragilité à la fois de ses armées et de ses forces auxiliaires comme le groupe Wagner", a estimé dimanche soir Emmanuel Macron, dans une interview à La Provence.

"Cela a défié directement l’autorité de Poutine. Donc, cela soulève de vraies questions et révèle des fissures réelles" au plus haut niveau de l’État russe, a pour sa part affirmé le secrétaire d’État américain Antony Blinken, sur la chaîne CBS.

"Prigojine ne voulait pas devenir Président, il n’en a pas besoin. Mais il a fait les choses beaucoup trop vite, il est devenu incontrôlable", a estimé hier soir sur BFMTV Marat Gabidullin, un ancien criminel qui a servi pendant quatre ans dans le groupe Wagner, avant d’en dénoncer les agissements dans un livre.
 

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?