Coup d'Etat au Niger : 22 jours après la bascule, quels sont les scénarios envisageables ?

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  • Quelles solutions envisager au Niger, après le coup d'Etat ?
    Quelles solutions envisager au Niger, après le coup d'Etat ? EPA - STR
Publié le , mis à jour
Kelman Marti

Vingt-deux jours après le coup d’État au Niger, le 26 juillet dernier, de nouvelles réunions de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), sont prévues ces jeudi et vendredi.

L’objectif est de trouver une solution pour rétablir le président Bazoum ou décider d’une intervention militaire. "Le recours à la force me paraît le scénario le plus probable", tandis que "le retour du président Mohamed Bazoum semble le plus improbable", déclare avec franchise Amadou Sadjo Barry, chercheur en éthique des relations internationales.

L'issue sera "catastrophique"

Selon ce professeur de philosophie, "la situation au Niger est une aporie" où l’issue sera "catastrophique quel que soit le scénario". L’intervention militaire, qui a déjà obtenu le feu vert de plusieurs États de la Cedeao, pourrait être actée si aucune négociation n’aboutit avec les putschistes au pouvoir. "Cela serait la pire des options", estime Ahmadou Atafa, journaliste pour l’hebdomadaire nigérien Aïr info Agadez. Car "la vie du président Bazoum serait menacée" et "la population pourrait elle-même descendre dans la rue avec les armes pour s’opposer à cette intervention".

Pour deux connaisseurs du sujet, il est "presque certain" que Mohamed Bazoum ne fera pas son retour au palais présidentiel. "Je ne vois pas quelle offre de la Cedeao pourrait convaincre les militaires de remettre Bazoum au pouvoir", s’interroge Amadou Sadjo Barry. La seule option possible serait que "le général Tiani (l’un des militaires à l’origine du coup d’État, NDLR) accepte son retour, mais à condition de garder le gouvernement mis en place par la junte", poursuit-il.

Quelle marge de négociation ?

Mais ce scénario semble improbable. "Bon nombre de Nigériens sont contents du coup d’État, simplement parce qu’il n’y a plus Mohamed Bazoum à la présidence", rapporte le journaliste nigérien. L’hypothèse d’une transition politique est aussi très probable. Pour le professeur en philosophie, elle pourrait durer "entre six et vingt-quatre mois".

"La junte pourrait exploiter les faiblesses et l’impopularité de la Cedeao pour tenter d’obtenir deux ans de transition", analyse-t-il. "Selon moi, la junte va s’installer durablement, avec l’objectif de mener une transition. Le peuple a encore espoir qu’il y ait un jour de nouvelles élections", ajoute Ahmadou Atafa. Pourtant, "il est tout à fait envisageable que les militaires renoncent à organiser des élections après la phase de reconstruction" afin de rester au pouvoir, répond Amadou Sadjo Barry.

Élection ? Nouveau gouvernement ?

S’il venait à y avoir un accord avec la Cedeao, la junte pourrait donc garder son gouvernement en place jusqu’à la prochaine élection, si elle devait y avoir lieu, que Mohamed Bazoum ne revienne ou pas. Ou, elle pourrait confier la transition à un nouveau gouvernement constitué d’aucun militaire. "Il est également possible que des manifestants antijunte et aussi pro-Bazoum fassent un nouveau coup d’État", souligne le chercheur en relations internationales. "Tout dépendra de la manière dont le général Tiani arrive à verrouiller la barrière sécuritaire et à rassembler l’ensemble du corps militaire".

Le journaliste de Niamey révèle, lui, que selon "des indiscrétions que j’ai eues, certains ministres qui sont au pouvoir ne s’entendent pas". De quoi laisser la porte ouverte au scénario d’un putsch en interne. Le seul scénario de sûr, c’est que "si la Cedeao n’intervient pas, la junte va continuer de mener son gouvernement au Niger" et que "la porte sera ainsi ouverte aux militaires d’autres pays pour faire ce qu’ils veulent", conclut Amadou Sadjo Barry.

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