Une mode dans les bourgades de l'Aveyron ? Le village de Moyrazès se met aussi au street art

  • L’œuvre dans toute l’ampleur de sa réalisation.
    L’œuvre dans toute l’ampleur de sa réalisation.
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Centre Presse Aveyron

Depuis que le street art a envahi avec bonheur les rues de Decazeville, en Aveyron, une envie de colorer les murs s'installe petit à petit. Comme à Moyrazès.
 

Depuis quelques semaines, une agitation particulière parcourt la commune de Moyrazès et ses quelque 1 076 habitants. Au cœur du village, les bombes de peintures s’épuisent à vitesse grand V et les passants intrigués s’arrêtent le temps de quelques minutes pour observer l’objet de toute cette animation : la nouvelle fresque de Zabou.

Street artiste aux quelque 250 œuvres à travers le monde, de Bali à New York en passant par Dubaï et Amsterdam, Zabou a posé ses pinceaux, ou plutôt devrait-on dire ses bombes sur la façade de l’espace Culturel Jean Mazenq, le temps de quelques jours. Au programme, une énorme fresque représentant le poète franco-roumain Ilarie Voronca et ses deux protecteurs Élise et Jean Mazenq.

Poète et écrivain français d’origine roumaine, figure clé de l’avant-garde artistique roumaine, Ilarie Voronca débarque en juin 1943 en Aveyron, du côté de Moyrazès en tant que réfugié juif. Il séjournera d’abord à l’hôtel Trébosc puis au sein de l’école de Moyrazès, où il fera la rencontre d’Élise et de Jean Mazenq qui lui assureront leur protection jusqu’en septembre 1944. Près de 79 ans plus tard, cette amitié est retranscrite sur le mur du lieu même de cette rencontre. Sous la houlette donc de Zabou, qui après avoir parcouru le monde, a dû faire face ici même à un tout autre défi.

"Redécouvrir les oeuvres" d'Ilarie Voronca

"Le challenge c’était de travailler avec des images d’archives. C’est la première fois que je le fais avec des images de cette époque-là. Qui sait, c’est peut-être le début d’un nouveau chapitre" lâche-t-elle un sourire au visage. Pour le maire de la commune, Michel Artus, c’est en tout cas "la conclusion d’un projet global commencé en 2001". Un travail qui va permettre de "redécouvrir les œuvres de cet artiste" ainsi que "d’éclairer cette terrible période de l’histoire mondiale à travers le prisme local".

Après une exposition consacrée à l’écrivain et visible depuis le printemps dernier au sein de l’espace Jean Mazenq, c’est une nouvelle étape de franchie, avant "on l’espère, la reconnaissance d’Élise et de Jean en juste parmi les justes de la Nation".

Au pied du monte-charge, Suzette Belmonte, la fille d’Élise et Jean Mazenq n’en revient pas du "réalisme de l’œuvre". Sans doute imagine-t-elle dans un coin de sa tête, la fierté de son père, disparu en 1977 mais vivant de façon éternelle sur ce mur. "Hier après-midi c’était touchant de voir les enfants de l’école découvrir la fresque et nous parler du couple Mazenq mieux que quiconque. On a le sentiment d’avoir accompli ce devoir de transmission." assure Michel Artus.

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