Nord-Aveyron : le Carladez à nouveau ravitaillé en eau par camions-citernes
Le niveau crise a été enclenché, conduisant la communauté de communes du Nord-Aveyron à relancer ce vendredi 18 août les rotations de camions-citernes pour approvisionner quelque 3 500 habitants sur le Carladez et Saint-Hippolyte.
Les étés se suivent et se succèdent sur le Nord-Aveyron où les camions-citernes ont repris la route hier pour approvisionner depuis Laguiole, l’usine de production d’eau potable de Thérondels et continuer de distribuer de l’eau aux quelque 3 500 habitants du Carladez et de Saint-Hippolyte. En réunion de crise, les services de l’État, les élus de la communauté de communes, et les partenaires tels que l’Agence de l’eau, Véolia, et l’agence régionale de santé (ARS) ont pris la décision de ménager la ressource en eau ce vendredi 18 août. "L’arrêté d’exploitation nous engage au regard des enjeux environnementaux. On anticipe légèrement le passage à 45 litres par seconde, seuil de la rivière du Siniq, qui devrait être atteint ce week-end", explique Jean Valadier, président de la communauté de communes Aubrac Carladez Viadène.
Jean Valadier : « On n’est pas serein »
Survenant un peu plus tard que l’été dernier (lire notre édition du 5 août 2022, NDLR), les camions-citernes ont donc repris leur ballet, l’eau d’Aubrac revenant au chevet du Carladez. Et cela n’est pas près de s’arrêter. De quoi surprendre au regard d’une végétation encore verte sur le Nord-Aveyron. "Les récoltes ont été excellentes, il y a encore de l’eau", en convient Jean Valadier mais "le niveau d’eau est extrêmement bas. On n’est pas serein sur la ressource. Aujourd’hui l’Aubrac alimente 100 000 Aveyronnais, je ne sais pas si on y arrivera à l’avenir dans une projection à 30 ans", avance l’édile.
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Schéma directeur opérationnel fin 2024
Un schéma directeur a bien été mis en place avec un bureau d’études et une opération de détection de fuites a été menée en début d’année mais la réflexion demande du temps long. "Ce schéma sera présenté fin 2024 pour poser les ambitions du territoire et rechercher des ressources complémentaires", précise Jean Valadier, glissant au passage que des communes du Sud-Aveyron sont aussi ravitaillées par camions. Il est vrai que la situation dans le Sud est plus préoccupante. En attendant, à plus de 1 000 € le camion-citerne au quotidien, la facture s’annonce encore salée pour les habitants.
"Une aberration" pour le syndicat FDSEA
Le lac de Sarrans est bien plein, contourné depuis hier par le ballet de camions-citernes et entouré d’une nature bien verte. De quoi irriter Benoît Fagegaltier, président du syndicat FDSEA du Nord-Aveyron, qui ne mâche pas ses mots. "Le fond du problème se pose sur l’étiage du Siniq qui correspond aux écrevisses et non aux usagers. L’utilisation des camions-citernes est une aberration. On a la chance d’avoir un paysage vallonné qui permet le ruissellement sans capter dans la nappe phréatique. Il faudrait faire des petites retenues d’eau à échelle humaine mais c’est un véritable parcours du combattant alors on agite le chiffon rouge. Prévenir vaut mieux que guérir." Et d’enfoncer le clou : "Il est tombé 20 ml par semaine en moyenne. Il faut raison garder." L’éleveur fait allusion aux lacs à l’image de celui des Galens ou de Saint-Gervais dans le Nord-Aveyron qui permettent de développer des activités touristiques. Loin évidemment des mégabassines qui font polémique à l’instar de celle de Sainte-Soline où hier justement, hasard du calendrier, le collectif Bassines non merci, la Confédération paysanne et Les Soulèvements de la Terre sont partis en convoi pour dénoncer l’accaparement de l’eau dans plusieurs départements.
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