Aveyron : à Millau aussi, le refuge de la SPA sature comme jamais

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  • Pauline Dreno déplore l’irresponsabilité des maîtres.
    Pauline Dreno déplore l’irresponsabilité des maîtres. Repro Centre Presse - A. D. - Midi Libre
Publié le
Aurélien Delbouis

Si les abandons augmentent en été, ils n’expliquent plus la situation des refuges.

Pire que les années passées. » Au refuge SPA de Millau, les files d’attente pour chiens et chats, candidats à l’accueil, s’allongent sans discontinuer. L’été et son lot habituel d’abandons n’expliquent pourtant plus - ou en partie - la situation difficile que traversent les lieux d’accueil pour les compagnons à quatre pattes. « Comme partout en France, la situation empire en été, mais nous n’avons maintenant plus de périodes creuses, confirme Pauline Dreno, responsable du refuge millavois qui héberge actuellement 42 chiens. Nous sommes à saturation toute l’année. Dès qu’une place se libère, on appelle le suivant sur la liste d’attente. »

Plus les moyens, pas informés...

Une recrudescence des abandons qui coïncide avec les difficultés pour certains - inflation aidant - d’assurer les fins de mois. « Beaucoup n’ont plus les moyens d’entretenir leur chien. Ne peuvent simplement plus le nourrir ou ne peuvent plus le soigner dans le cas de grosses pathologies : une patte cassée, une maladie chronique qui va coûter cher. »

Autre explication, tout aussi préoccupante, la grande facilité avec laquelle les maîtres se séparent de leur bête à poils pour des questions liées de plus en plus souvent au « comportement » de l’animal.
« Les gens ont choisi des races à la mode comme les malinois, les bergers australiens, les huskys pour qui 30 minutes de sortie quotidienne ne suffisent pas. Ou alors, des petits chiens mignons sans se documenter au préalable sur le caractère de ces races-là… Tout ce que ça implique d’en avoir un, déplore la responsable. Ils viennent ensuite vers nous quand les chiens ont un an, un an et demi, sans même faire l’effort de voir un éducateur canin qui pourrait régler le problème en quelques séances. »

Plutôt que de payer un éducateur, beaucoup aujourd’hui jettent l’éponge et optent pour la facilité en appelant la SPA. Quitte à reprendre un autre chien par la suite, désespère Pauline Dreno. « Ils se disent, je n’ai pas réussi avec celui-là, je vais essayer avec un autre… »

"Des produits de consommation comme les autres"

Depuis quelques années, la SPA alerte. « Les animaux, les chiens et chat sont malheureusement devenus des produits de consommation comme les autres. Je prends, je jette. Celui-là ne fonctionne pas, j’en essaie un autre », poursuit la responsable qui en arrive à souhaiter des « mesures de bon sens » pour lutter contre l’immaturité et l’irresponsabilité de certains maîtres.

Elle développe : « Certains pays contrôlent, pour le dire ainsi, l’accès au chien. Imposent une journée de sensibilisation avant de se décider ou non à prendre un animal. Qu’est-ce que ça va me coûter par mois, qu’est-ce que ça implique, suis-je apte à maîtriser un chien ? » Autant de questions qui pourraient permettre de réfréner la tentation de l’achat coup de cœur. Une mesure pour elle « formidable », si elle venait un jour à être envisagée en France.

En attendant, la SPA de Millau, comme celle de Rodez, peine à accueillir les nouveaux arrivants. « Nous avons trois mois d’attente entre le projet d’abandon et le jour où nous pourrons les accueillir », explique-t-on à Millau où le refuge œuvre à « flux tendu. »
Jusqu’à quand ? La question reste entière. Heureusement, pour le refuge sud-aveyronnais, les dons ne faiblissent pas et permettent à la structure de prendre en charge les nouveaux arrivants dans un contexte, pour elle aussi, inflationniste.
 

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Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 8 mois Le 21/08/2023 à 09:14

Gandhi disait: "On mesure le degré de civilisation d'une société à sa façon de traiter les animaux" !
Force est de constater que dans ce domaine comme dans quasiment tous les domaines la France n'a de cesse de régresser !