Les Aveyronnais et les Jeux olympiques : Stéphane Diagana, spécialiste du 400 m haies, à 31 centièmes d'entrer dans l'histoire à Barcelone

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  • Stéphane Diagana,une des figuresde l’olympisme français.
    Stéphane Diagana,une des figuresde l’olympisme français. Photo - MAXPPP
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Philippe Routhe

Si les JO ne lui ont jamais vraiment souri sur la piste d’athlétisme, le Saint-Affricain n’en est pas moins l’un des plus brillants ambassadeurs.

Barcelone 1992. La métropole catalane entre dans l’histoire avec l’organisation des JO. Entre autres événements, ils sacrent pour la première fois une athlète noire africaine avec l’Éthiopienne Derartu Tulu sur 10 000 mètres, invitent pour la première fois les basketteurs professionnels à s’illustrer avec les mythiques Jordan, Johnson, Bird…

La sentation Pérec

Puis, aux portes de la France, lors de ces JO, il y a la sensation Marie-José Pérec. Dans la discipline reine des Jeux, l’athlétisme, la "gazelle" remporte la médaille d’or du 400 mètres la portant au firmament de l’athlétisme mondial.

Grand spécialiste du 400 m haies

Dans le même temps, un Aveyronnais fut à 31 centièmes d’entrer lui aussi dans l’histoire. Il s’agit du Saint-Affricain Stéphane Diagana. Sur l’épreuve du 400 mètres haies dont il est devenu un des plus grands spécialistes, il échoue au pied du podium.

Record de France

Mais, néanmoins, établit le record de France à 48’’13. Cette 4e place, dans cette épreuve remportée par l’Américain Kévin Young en 46’’78 (établissant au passage le nouveau record du monde), on ne le sait pas encore, va propulser le jeune Diagana vers les sommets.

Barcelone, sa rampe de lancement

Barcelone a été sa rampe de lancement. Le rendez-vous au cours duquel il a, avec son entraîneur Fernand Urtebise, couru plus pour le plaisir que pour la gagne. Ses adversaires sont "ses amis", ceux qui le poussent à aller chercher plus loin la performance. Sous le regard de ses parents Lassana et Yvette, qui ne cessent de le voir courir depuis qu’il est tout petit, il va désormais planer sur les haies.

L’or et la consécration en Grèce, les forfaits aux JO

À Stuttgart, lors des mondiaux d’athlétisme un an plus tard, il échoue une nouvelle fois au pied du podium, mais pulvérise aussi son propre record à 47’’62. Alors que les JO d’Atlanta se profilent, qu’une médaille lui est promise au regard de ses performances ascensionnelles, "Diag’" doit déclarer forfait. Fracture de fatigue. La médaille olympique fuit l’athlète saint-affricain.

Mais l’heure de la consécration approche sur ces bandes de tartan. L’année suivante, en 1997, à Athènes, le 4 août très exactement, Stéphane Diagana décroche l’or en 47’’70. Champion du monde du 400 mètres haies. Le commentateur Patrick Montel "en tremble encore", comme il l’a redit récemment dans un post sur Facebook. "Ce fut l’un des plus beaux jours de ma vie ; notamment parce que ce jour-là, c’est aussi la victoire d’un mec bien".

Ce jour-là, le Saint-Affricain devance le Sud-Africain Llewellyn Herbert (47’’86) et l’Américain Bryan Bronson (47’’ 88). Avec cette performance, Stéphane Diagana devient le premier athlète masculin français à décrocher une médaille d’or en athlétisme. Son temps reste celui du record d’Europe jusqu’en 2019 et il reste à ce jour le record français. Malgré ses forfaits aux JO de Sydney en 2000 et d’Athènes en 2004, Diagana incarne cependant plus que jamais l’esprit olympique.

Une voix qui porte

Car au fil des ans, devenu notamment consultant de France Télévision pour les événements liés à l’athlétisme, il est aussi une voix des Jeux Olympiques, avec ses analyses toujours impeccables. Mais aussi par ses prises de position sur la lutte antidopage. Il fait d’ailleurs partie des sportifs de l’agence mondiale. Il œuvre aussi en faveur de la paix dans le monde à travers le sport.

La flamme olympique

Ces jours-ci, pendant les mondiaux de Budapest, il n’a pas mâché ses mots quant au niveau de l’athlétisme en France. Clair, transparent, sans ambiguïté, il a lancé après une nouvelle soirée décevante pour l’athlétisme français : "Si on ne modifie pas profondément beaucoup de choses, trois médailles ce sera le top. On ne va pas aller plutôt vers six, on ira plutôt vers deux ou une, parce que quand on voit les nations ici, il y a des nations qui investissent plus… Des choses sont faites au niveau de l’Agence nationale du sport, au niveau de la Fédération… Mais c’est tout un système… C’est la place du sport à l’école. Ça part de là !"

À l’approche des JO de Paris 2024, celui qui en 2007 fut le premier porteur de la flamme en France lors des JO de Pékin, fait partie de la commission des athlètes qui préparent cet événement planétaire. Il sait que la France de l’athlétisme devra optimiser ses chances pour ne pas avoir à compter que sur le décathlonien Kévin Meyer pour décrocher une médaille. À moins que la voix de l’Aveyronnais n’ait résonné plus que ce que l’on croit…

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