Votre été en Aveyron : au fil de l'eau et des pierres du Pays decazevillois

Abonnés
  • La vallée du Lot à vélo avec la V86 et ses 24 kilomètres aménagés le long de la rivière.
    La vallée du Lot à vélo avec la V86 et ses 24 kilomètres aménagés le long de la rivière. - JOEL DAMASE
Publié le
Centre Presse Aveyron

"Regards croisés" avec les professionnels du tourisme qui ont accepté de passer une journée au sein d’un autre territoire. Aujourd’hui, Brigitte, conseillère en séjour et guide conférencière au sein de l’office de tourisme du Grand Figeac, vallées du Lot et du Célé, évoque le Pays decazevillois en se promenant à Capdenac, à Decazeville, mais également à Flagnac, à Almont-les-Junies, à Aubin, à Cransac, à Saint-Parthem… Avant le dernier « regard croisé » à paraître ce jeudi où Magali, de l’office de tourisme de Decazeville communauté, met en avant les atouts du Grand Figeac.

J’ai choisi de vous parler du territoire de l’office de tourisme du Pays decazevillois, vallée du Lot, pour trois raisons.

La première est tout simplement géographique, car, à l’ouest, ce territoire jouxte Capdenac-Gare, celui du Grand Figeac, vallées du Lot et du Célé. La deuxième est historique, car, Capdenac-Gare, la cité cheminote, n’aurait pas existé sans le bassin minier de Decazeville. Leur passé est commun à l’essor de l’industrialisation. Enfin, la troisième est l’intérêt pour un parcours atypique avec un patrimoine à caractère singulier de ce territoire.

La naissance de Decazeville

Au départ de Capdenac-Gare, nous entrons à Bouillac dans le Pays decazevillois par la vallée du Lot et, par la même occasion, dans le département de l’Aveyron qui occupe alors les deux rives du Lot. Le territoire s’étend de la rivière au cœur de l’ancien Bassin houiller. La roche schisteuse et le relief rappelant les anciens terrils contrastent avec la géographie de ses régions voisines. Le XIXe siècle a profondément marqué le territoire. Le duc Decazes, alors ambassadeur de France en Angleterre, revient riche d’un savoir-faire en matière de métallurgie et de sidérurgie. En 1828, il entreprend en Aveyron la première coulée de fonte et donne son nom à la cité minière. Decazeville est née.

Les témoins de ce passé industriel sont nombreux, parfois évidents, parfois insoupçonnés tant la nature et les aménagements ont resculpté le paysage. Ils offrent le nouveau visage de beaux sentiers de randonnées à partir de la Découverte, ancienne mine de charbon à ciel ouvert, dominée par un chevalement et un environnement qui témoignent de cette aventure humaine.

Le « street art » s’est invité à Decazeville, mais également à Aubin et à Cransac-les-Thermes. Des pointures internationales sont conviées, chaque année, pour exprimer cet art urbain dans l’ancien Bassin houiller. Ces expressions artistiques dans ces friches industrielles procurent une ambiance et une émotion très particulières.

Le "street-art" à Decazeville, à Aubin et à Cransac.
Le "street-art" à Decazeville, à Aubin et à Cransac.

La fraîcheur du plan d’eau du Gua

En me promenant récemment du côté d’Aubin, j’ai découvert le plan d’eau du Gua. Je le connaissais pour l’avoir vu de la route en passant de temps à autre en voiture, mais cette fois, je me suis arrêtée. Il m’a fallu environ vingt minutes pour en faire le tour, paisible, agréable et un vrai petit paradis pour les pêcheurs. J’ai été impressionnée par d’élégantes cheminées monumentales formées de deux belles colonnes de briques couronnées d’une souche en pierre ornée. J’ai emprunté un grand escalier qui permet de les voir de près. Elles datent du milieu du XIXe siècle et sont inscrites au « Monument historique ». Elles témoignent des anciennes forges et fonderies d’Aubin.
Un « Mémorial des fusillés » a été érigé à proximité en mémoire des événements du Gua de 1869, immortalisés par Victor Hugo. L’armée avait tiré sur des ouvriers de la Compagnie de Paris-Orléans en grève, faisant 14 morts et 22 blessés !

Le plan d'eau du Gua.
Le plan d'eau du Gua.

De cet endroit stratégique, nous embrassons le site du Gua qui est dominé par un élégant bâtiment doté d’un clocheton. C’est l’école Jules-Ferry, inscrite, elle également au « Monument historique », véritable palais scolaire construit dans les années 1880.

En poursuivant ma route, une halte à Aubin s’est imposée. Aubin est bien connu pour son musée de la mine, riche d’une collection qui nous immerge dans la vie de ces mineurs jusqu’à la simulation du coup de grisou. Une expérience à vivre ! Il l’est peut-être un peu moins pour son village dont les origines remontent au Xe siècle. J’ai flâné dans le bourg médiéval et apprécié de belles maisons à pans de bois et à encorbellements, une demeure à la remarquable porte style Renaissance ayant appartenu à la famille De Buisson, des notables de la région, et une exceptionnelle halle qui a conservé ses mesures à grains.

Patrimoine religieux

Après une ascension jusqu’au fort par un aménagement à même le roc, une vue à 360° permet d’apprécier un paysage composite où l’ère industrielle s’insinue dans le bâti médiéval dans un foisonnant cadre de verdure. On aperçoit d’ailleurs au loin, l’une des représentations monumentales d’art urbain réalisée à Aubin, œuvre d’Anna Conda.

Lorsque l’on s’intéresse au patrimoine religieux, je trouve que les églises d’Aubin ont toutes un caractère exceptionnel. Notre-Dame du Gua à la charpente en fonte révèle la révolution industrielle. Notre-Dame d’Aubin, dont les origines remontent au XIIe siècle, est en partie romane et présente des vitraux contemporains de Daniel Coulet et du maître-verrier Dominique Fleury. Ils illustrent la vie de Sainte-Emilie-de-Rodat. Notre-Dame des mines est dotée de peintures murales de Gabriel Genies, rendant hommage au dur labeur des mineurs. J’ajouterai à ce panel, l’église Notre-Dame de Decazeville. Elle abrite l’unique chemin de croix symboliste au monde ! Il est signé Gustave Moreau.

Ce territoire se distingue encore avec Cransac-les-Thermes dont la métamorphose est étonnante. D’abord nommée Cransac-les-Eaux en raison de ses sources qui procuraient une eau curative exportée dans toute l’Europe, puis Cransac-les-Mines, quand, au XIXe siècle, on s’est intéressé à son sous-sol. Aujourd’hui, le développement de l’exploitation d’un phénomène géologique unique en Europe a donné naissance à Cransac-les-Thermes.

Les thermes de Cransac.
Les thermes de Cransac.

Histoire de la rivière Lot

Les bienfaits des gaz naturels chauds captés aux flancs de la montagne ont participé à la notoriété des cures de Cransac-les-Thermes. L’établissement thermal est niché au cœur d’une plantureuse forêt de robiniers (faux acacias) : la forêt de la Vaysse. Cette cité, dotée d’un casino, fait partie aujourd’hui de la chaîne thermale du Soleil spécialisée dans le traitement des rhumatismes. Quel incroyable parcours ! Le musée Les mémoires de Cransac retrace cette épopée.

Ce territoire est également celui de la rivière Lot. La partie de Bouillac à Flagnac offre une tout autre image, celle des gens de la rivière. Leur histoire nous est contée à l’espace scénographique Terra Olt, à Saint-Parthem, installé dans un ancien couvent du XVIIe siècle.

Une salle d'une école d'autrefois à Terra d'Olt, à Saint-Parthem.
Une salle d'une école d'autrefois à Terra d'Olt, à Saint-Parthem.

En rejoignant la rivière, à Flagnac, on se laisse aisément tenter par une croisière à bord du bateau L’Olt qui offre même la possibilité de jouer les pirates ou d’y déguster quelques spécialités rouergates. Parmi les spécialités, il en est une plutôt inattendue : l’estofinado, recette à base de cabillaud appelé stockfisch proposée dans certains restaurants ou à Almont-les-Junies, la « capitale » ! Au XIXe siècle, c’était un plat traditionnel des mineurs, préparé à partir du stockfisch, poisson séché venu de Norvège, rapporté par les gabares qui naviguaient autrefois sur le Lot pour transporter le charbon et les denrées de la région jusqu’à Bordeaux.

Le spectacle "Hier un village" à Flagnac.
Le spectacle "Hier un village" à Flagnac.

La vallée du Lot à vélo

À Flagnac, nous pouvons également profiter d’un exceptionnel spectacle estival, « Hier un village », qui a atteint une notoriété régionale, voire nationale dont l’existence remonte à plus de 40 ans. Ce spectacle, véritable fresque humaine, fait participer tous les habitants du village et nous transporte au début du siècle dernier. Il attire plus de 20 000 spectateurs par an.

À proximité, en prenant de la hauteur en direction du château de Gironde, un beau panorama sur le Lot s’offre à nous. Un guide vocal révèle les secrets de ce site millénaire qui a appartenu à la famille Panassié de la fin du XIXe siècle. Jusqu’en 1952, Hugues Panassié, passionné de jazz a collecté des milliers de documents jusqu’à réaliser l’une des plus importantes collections patrimoniale jazz de France - une grande partie est visible à la médiathèque de Villefranche-de-Rouergue. Surprenant ! Un festival « Mine de jazz » est d’ailleurs organisé chaque année, en mai, à Decazeville.

Le château de Gironde.
Le château de Gironde.

De Saint-Parthem à Bouillac, on peut laisser la voiture et privilégier le vélo en empruntant la V86, la « vallée du Lot à vélo ». Cette portion aménagée de 24 km permet de profiter de la rivière en toute quiétude. Mais, si on préfère le contact de l’eau, une petite baignade à Boisse-Penchot ou une halte à la base nautique de Bouillac où la pratique de l’aviron, du canoë ou du pédalo sont possibles pour nous permettre de passer un agréable moment sur notre belle rivière Lot…

Bienvenue en Pays decazevillois !

Office de tourisme et du thermalisme de Decazeville communauté au 05 65 43 18 36. Site : www.tourisme-paysdecazevillois.fr/
Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?