Hollywood en grève: les cascadeurs de Babelsberg reconvertis dans les ateliers pour enfants

  • Les enfants font la queue pour apprendre les rudiments des fausses bagarres et de certaines cascades.
    Les enfants font la queue pour apprendre les rudiments des fausses bagarres et de certaines cascades. Odd ANDERSEN / AFP
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ETX Daily Up

(AFP) - Nathaniel, 10 ans, ferme les yeux, redresse le dos et retient son souffle avant de plonger en arrière depuis le toit en acier renforcé d'une voiture de cascadeurs.

Il fait partie des soixante-quinze enfants âgés de 6 à 16 ans qui participent aux ateliers tenus dans un faux cratère de volcan, dans le "parc du film", attenant aux mythiques studios de Babelsberg situés aux portes de Berlin, qui ont marqué depuis plus d'un siècle l'histoire du cinéma.

Pour les cascadeurs en Allemagne, ces ateliers sont une aubaine. Car leur activité tourne au ralenti depuis la grève des acteurs et scénaristes à Hollywood qui gèlent la production de films, dans le monde entier.

Nathaniel, qui rêve de faire partie un jour d'un film de James Bond, s'est inscrit, avec sa petite soeur Amelia, âgée de 6 ans, dans ces stages où l'adrénaline est garantie.

"Quand tu tombes, il faut rentrer ton menton, raidir ton dos comme une planche, croiser les bras devant ta poitrine, puis te laisser aller", explique Nathaniel, résumant la leçon qu'il vient d'apprendre.

Juste avant, des matelas bleus empilés les uns sur les autres ont réceptionné le jeune écolier. Sa première tentative de jouer les héros lui a valu les félicitations de deux hommes costauds.

- "Bouton pause" -

Toutes les sessions des ateliers, affirme le responsable de l'équipe de cascadeurs de Babelsberg, Martin Lederer, 40 ans, affichent complet cet été.

Cela tombe à pic car son équipe, qui a participé à la réalisation de blockbusters comme Matrix, John Wick et Hunger Games ces dernières années, est désoeuvrée depuis la paralysie d'Hollywood qui n'avait plus connu un tel mouvement social depuis 1960.

"C'est comme si quelqu'un avait appuyé sur le bouton pause", résume à l'AFP Lederer.

"C'est bien plus calme alors que juste après la pandémie, où les gens rattrapaient le temps perdu et on observait un boom" de l'activité, ajoute-t-il.

Les enfants qui se rendent au parc d'attractions situé à proximité des studios Babelsberg font la queue pour apprendre les rudiments des fausses bagarres et des chutes pour de faux. Les ateliers pour enfants sont inclus dans le prix d'entrée.

Pour Katja Pickbrenner, 44 ans et cascadeuse depuis deux décennies, former les jeunes pendant les vacances d'été constitue un changement agréable par rapport à son travail habituel.

Alors qu'elle est restée active grâce aux spectacles et ateliers de cascadeurs pour enfants, certains de ses collègues ont sombré dans la déprime en voyant leur activité pour le cinéma se tarir.

"C'est vraiment couler ou nager", commente-t-elle.

- Développer son courage -

L'équipe de cascadeurs de Babelsberg travaille pour de nombreuses compagnies allemandes et internationales de production, ainsi que pour les studios Babelsberg, qui se décrit comme le plus ancien studio de cinéma du monde, créé en 1912.

Malgré les productions à gros budget de Steven Spielberg et Quentin Tarantino ces dernières années, le Studio Babelsberg connaît des temps difficiles, exacerbés par les grèves à Hollywood.

Le manque d'activité a conduit le studio à annoncer des programmes de chômage partiel, pour 40% de ses effectifs à partir du 1er septembre, afin d'éviter des licenciements massifs.

Pour Kathleen Richter, âgée de 41 ans et mère de famille de 4 enfants, les ateliers de Babelsberg sont en tous les cas le loisir idéal pendant les vacances scolaires d'été.

"Mes enfants sont assez sportifs et ils avaient vraiment hâte d'y participer", dit-elle. "C'est super pour eux d'apprendre à se battre et tomber sans se faire mal et sans blesser d'autres personnes", ajoute-t-elle.

Vivian, 10 ans, toujours ravie après son troisième essai de chute du toit d'une voiture, confie qu'elle aimerait devenir actrice quand elle sera grande.

Et selon elle, jouer les casse-cou est un bon début pour développer le courage nécessaire pour ce travail.

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